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Moi, Hamouma, ça va !

Par Ugo Bocchi et Theo Denmat
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Moi, Hamouma, ça va !

« Discret, souriant, poli… » Non, ce n'est pas d'un caissier de Leclerc dont il s'agit, mais bien d'un mec qui va jouer un barrage de C3 contre Milsami ce jeudi soir. Romain Hamouma est le gendre idéal. Toujours propre sur lui, guitariste et golfeur, le joueur le plus frisson de l'ASSE est un homme simple… Portrait d'un mec qui a dû prendre sur lui pour se frayer un chemin dans le monde du foot.

De source sûre, Romain Hamouma aime le groupe Tryo. Il possède un petit tatouage sur l’intérieur de son avant-bras droit, mais pas de compte Twitter. Rien sur Facebook non plus. Si son mètre soixante-dix-sept dépasse de deux unités la moyenne française, rare signe particulier d’un physique que l’on peut qualifier d’anonyme, le bonhomme est plutôt du genre à nouer son pull gris autour du cou qu’à tomber la chemise. Pas flambeur pour un sou, le Romain. Côté plastique, sa coupe de cheveux est imprécise, quelconque. Aucune photo torse nu n’est disponible sur Google Images. Rien. Une tête de bébé, pas vraiment de barbe en vue, alors qu’il approche de la trentaine. Non décidément, Romain Hamouma n’a, en surface, pas le physique du métier. Question mental, ce n’est, ou plutôt ce n’était, pas ça non plus : très attaché à son frère et sa sœur avec qui il sort souvent à Saint-Étienne, « Amidou » a longtemps été trop gentil pour se faire sa place au cœur d’un royaume où le talent seul ne suffit pas. Sa carrière s’est d’ailleurs construite sur un échec : son recalage au centre de formation de Sochaux, à 17 ans. Un tournant dramatique qui aurait pu, et qui aurait dû, lui briser les ailes. Au contraire : plein de rage, ça lui a servi de tremplin.

La persévérance par la guitare

Catherine, sa mère, confirme et détaille ce trait de caractère : « Il n’est pas fragile, Romain. C’est juste une apparence. Il est même assez costaud moralement. » Premièrement réticente à l’idée de parler de son fils – comme d’ailleurs la plupart des membres de sa famille -, elle finit par livrer une anecdote qui veut dire beaucoup : « Il n’a pas l’habitude de baisser les bras. Par exemple, il a appris la guitare tout seul. Il s’y est mis assez tard en regardant des vidéos sur Internet, il n’était pas très bon, mais il a continué, continué et aujourd’hui il joue bien. Quand il s’agit de ses passions, il va jusqu’au bout. Il a toujours été comme ça. » Et pour comprendre les origines de cette niaque qui anime cet homme au quotidien tranquille, il convient de remonter une dizaine d’années en arrière. En 2003, au centre de formation du FC Sochaux-Montbéliard. Là-bas, il fait la connaissance de Éric Hély, futur entraîneur de l’équipe première du club et coach des U19 à l’époque : « Je l’ai entraîné de 2003 à 2005. Quand je suis arrivé, il était déjà là depuis deux ou trois ans, il était vraiment dans son élément. » Sorti grandi d’une rupture des croisés à 15 ans, le petit Hamouma pense que son chemin est déjà tracé. Destiné à un contrat de jeune professionnel qu’on lui fait miroiter à l’aube de sa majorité, le voilà finalement rembarré sur la ligne d’arrivée. Éric Hély parle d’une grosse déception : « Il pensait que tout allait bien et que ça allait continuer, il ne s’attendait pas à une éviction aussi rapide. » Au Progrès en 2012, Romain se confie : « On m’a dit que j’étais trop irrégulier, trop instinctif. Je n’ai pas compris. Ça m’a vraiment marqué parce que tous les joueurs disent qu’il y a une part d’instinct dans le football. Je n’ai pas accepté ce reproche, mais bon, je veux bien prendre 40% de l’échec pour moi. »

In bed(room) with Jérémy Ménez

À la notion d’échec, Éric Hély préfère le terme d’erreur : « Ce n’était pas une question de niveau, son vrai problème, c’est qu’il avait du mal à être fiable dans ses performances. Soit il était très bon. Soit il passait au travers. Donc quand il est parti, il en avait gros sur le cœur. Pas seulement au niveau football, mais aussi moralement. Ça l’a affecté. Après, je pense qu’il était aussi peut-être étouffé parce que c’était une grosse génération… » 1987. Un millésime doré qui le voit partager sa chambre avec Jérémy Ménez, un bon ami, mais aussi Marvin Martin, Mevlüt Erding ou Julien Quercia. Il est cannibalisé. Il faut dire aussi qu’un certain Turc prend de la place…

« Aujourd’hui, on peut le dire, on s’est trompé » , conclut Hély. Élevé à Sanary en Haute-Saône par une mère au foyer et un père kabyle ouvrier dans l’usine Peugeot de la ville, Hamouma a en effet plus l’habitude de « jouer » en famille dans son jardin que de se battre pour gagner sa place de titulaire. Sa mère : « On a vécu dans une maison à la campagne. Son père lui avait construit deux petits buts en bois avec des filets de pompier. Sa sœur faisait du hand, alors son frère et lui la mettaient dans les cages. » Un départ à Belfort en 1998 avant le grand saut-chalien trois ans plus tard, où sa carrière décède. Avant de ressusciter. En amateur, au RC Besançon. C’est là, en CFA, que Romain Hamouma se voit confier un rôle de cadre. Pour un type qui marche à la confiance, se sentir important est un élément déterminant. Il fait ses gammes, affûte des qualités qui marqueront assez vite Philippe Hinschberger, alors entraîneur de Laval, mais pas tout de suite. Le premier truc qui lui vient à l’esprit, c’est son physique : « On a encore l’impression que c’est un U17 quand on voit sa tête de poupon, c’est vraiment un super garçon avec beaucoup d’éducation. » Et ensuite le football et les raisons pour lesquelles il vient le débusquer de son statut de « prisonnier » en 2009 : « Dès qu’il est arrivé, avec un statut de doublure, il était déjà bien au-dessus du niveau Ligue 2. Il faisait ce que personne ne veut faire : des courses sans ballon. À Saint-Étienne, encore aujourd’hui, ses fameuses courses de l’extérieur vers l’intérieur, les ballons par-dessus… Vous voyez ? Maintenant, les joueurs veulent les ballons dans les pieds, tandis que lui prend énormément d’espace. D’ailleurs, les milieux de terrain du Stade lavallois l’avaient bien compris, il était capable de recevoir un ballon d’un défenseur central ! » Livio Nabab, coéquipier et voisin d’Hamouma entre 2010 et 2012 au Stade Malherbe de Caen, confirme avec son point de vue d’attaquant : « On travaillait souvent ensemble devant le but à l’entraînement, j’étais dans l’axe et lui sur un côté. Je peux te dire que Romain va très, très vite. Et il a aussi une très grosse qualité de centres. Sur cinq centres, il va peut-être en rater un seul ! Ils sont tendus, il les place exactement où il veut. Quand il te fait un centre et que tu ne marques pas, tu peux être sûr que ce n’est pas de sa faute. »

Sirocco, golf et costume deux pièces

En bon fan de golf – « ça lui vide l’esprit » – et de poker, se décrivant d’ailleurs lui-même comme un joueur patient et bon bluffeur, le petit gamin de la JS Lure a su « jouer des coudes pour s’imposer. À la base, il n’était pas comme ça, mais depuis, il a dû ouvrir les yeux et se transformer » , décrypte Hély. Sûr de ses capacité selon Catherine Hamouma – « Ce n’était pas un très bon élève, il n’est pas allé jusqu’au bac parce qu’il était convaincu qu’il allait devenir footballeur » -, l’homme s’est toujours montré fidèle à ses clubs, retardant ses transferts pour leur faire bénéficier d’une grosse indemnité de transfert. C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’est jamais sorti de France. En 2012, il devait rejoindre l’Udinese, mais a refusé un contrat en or. C’est aussi pour ça qu’il n’a pas signé à Bordeaux ce mercato-là. Romain a des valeurs et ne compte pas les renier. Sans savoir s’il portera un jour le maillot bleu, il refuse à plusieurs reprises l’Algérie d’Halilhodžić qui lui fait les yeux doux : « Je suis né en France et j’ai grandi ici. » Livio Nabab confirme : « Ce n’est pas un flambeur, il est arrivé à Caen avec une petite Sirocco, tranquillement… Pas du genre à se la péter avec des gros gadgets. Il est toujours souriant, timide, réservé et très casanier : il préfère rester avec sa femme chez lui plutôt que de sortir. » En parlant de fidélité, tiens : Marié depuis 2011 à Noémie, qu’il fréquente depuis l’âge de 15 ans, il avait pris soin pour l’occasion d’organiser une cérémonie en toute discrétion, dans un village près de chez madame, à Saulx en Haute-Saône. Le maire, qui décroche directement le téléphone communal, la voix tremblante, ne s’en souviendrait même pas aujourd’hui si des collègues ne lui avaient pas précisé que Romain était joueur de foot : « Oui… Je m’en souviens… Oui, c’était très discret, juste le premier cercle familial, si je m’en souviens bien. Elle est du pays, et lui, il habite à moins de dix kilomètres. Je ne le connaissais pas trop, mais il était fort sympathique, très abordable. Il semblait être à des millions de kilomètres du monde du football. » Les rares (comme toujours avec Romain) photos le confirment : c’était un mariage classique. Robe blanche et costume deux pièces. Rien de très extravagant. Du classique. En revanche, l’histoire ne dit pas si les mariés ont ouvert le bal sur un morceau de Tryo.

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