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Mohamed Salah, un peu plus haut
Au début de la saison, il n'était qu'un pari pour Liverpool. Mais sous la direction de Jürgen Klopp, Mohamed Salah est devenu un joueur de classe mondiale digne des comparaisons avec Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Son doublé et ses deux passes décisives face à la Roma obligent à poser une question : au fait, c'est quand la prochaine élection du Ballon d'or ?
« S’il met encore quelques buts, je vais me faire musulman aussi/(…)Assis dans une mosquée, c’est là que je veux être. » ( « If he scores another few, then I’ll be muslim too/(…)Sitting in a mosque, that’s where I wanna be » ). Ce mardi, le correspondant londonien du Monde faisait état de l’impact positif de Mohamed Salah sur l’image des musulmans à Liverpool. Avec pour preuve de sa démonstration la chanson des supporters Reds à l’intention du génial Égyptien. Une heure et quart de match contre l’AS Roma a suffi pour illustrer à la perfection la hypeSalah : deux buts sublimes, deux passes décisives cliniques, et l’impression qu’en face de lui, il n’y avait que des plots. Sauf qu’en demi-finale de Ligue des champions, il s’agit forcément d’une illusion d’optique due à la maîtrise technique de celui qui brille. D’ailleurs, c’est après sa sortie du terrain que la Roma est revenue dans le match avec deux buts synonymes d’espoir. Les détracteurs de Salah ne peuvent même pas arguer de la minute de gloire ou de la chance du débutant. D’ailleurs, Mohamed Salah a-t-il vraiment encore des détracteurs ?
Ballon d’or en puissance, trop tôt ?
Au tour précédent, l’Égyptien avait déjà fait la misère à Manchester City, sur une jambe au retour, et claqué son but à l’aller. Comme en huitièmes de finale contre le FC Porto. Depuis le début de la campagne européenne des Reds, Mohamed Salah facture 10 buts et 4 passes décisives. Auxquels s’ajoutent 31 buts et 9 passes décisives en Premier League, que le Pharaon découvre pour de bon cette saison après un bref passage à Chelsea il y a trois ans. Des statistiques qui placent de facto le Liverpuldien dans la catégorie des Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. D’ailleurs, si le Ballon d’or devait être décerné demain, ce serait le cadet du trio qui aurait le plus de chances de l’emporter. Manque de bol pour Salah, c’est la Coupe du monde en Russie qui devrait déterminer le prochain lauréat. Et à moins de porter la sélection égyptienne à bout de bras, il ne devrait donc pas pouvoir capitaliser sur ses exploits en Ligue des champions.
Salah face à son destin
Mais à 25 ans seulement, nul doute que Salah – à condition de confirmer cette saison magique – va profiter du déclin des deux extraterrestres argentin et portugais. Comme eux, l’Égyptien s’est mis à flamber après avoir été replacé dans l’axe de l’attaque, et comme eux, il a la chance d’être coaché par un entraîneur hors du commun. Mais si Salah a déjà réussi un premier exploit en devenant un porte-étendard positif pour la communauté musulmane, le plus dur est à venir sur le plan sportif : briller dans une éventuelle finale de C1, puiser dans ses réserves – il est physiquement entamé depuis plusieurs matchs – pour mener la sélection égyptienne à l’exploit, puis faire le bon choix l’été prochain. Car peu importe le chemin qui lui reste à parcourir avec Liverpool et la valeur qu’il est en train de prendre, Salah va forcément affoler un peu plus les plus grosses écuries européennes. Il aura le choix entre rester avec Jürgen Klopp, l’entraîneur qui l’a sublimé, ou répondre aux sirènes d’un transfert ultime. À lui de faire le bon choix.
Par Nicolas Jucha