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Salah au PSG : la possibilité du Nil
À 32 ans, Mohamed Salah pourrait refermer un chapitre de plus de 327 matchs sous le maillot de Liverpool pour en écrire un nouveau avec le Paris Saint-Germain. Sur le papyrus, ça pourrait coller, mais si QSI aurait grandement besoin de l’Égyptien pour booster son projet, l’inverse est-il vrai ?
Faut-il voir un présage en la présence de Jeanne d’Arc sur la place des Pyramides, dans le premier arrondissement de Paris ? Situé entre la station de métro du même nom et celle, plus moderne, du Louvre, le lieu a été baptisé ainsi en référence à la bataille remportée par l’armée de Napoléon Bonaparte sur les mamelouks de Mourad Bey en 1798 lors de la campagne d’Égypte, avant d’être pimpée depuis 1874 d’une statue équestre dorée de la pucelle la plus célèbre de France. De l’eau a depuis coulé sous les ponts parisiens, et en ce mois de décembre 2024, c’est désormais Mohamed Salah, héros égyptien, qui est espéré pour sauver Paris.
La chasse au Pharaon est ouverte
Ce sont du moins ces voix divines que relaie depuis ce week-end le quotidien L’Équipe. Le Pharaon de Liverpool serait prêt à mettre son trône en jeu du côté d’Anfield à l’été prochain, la faute à une prolongation qui se fait attendre, et ouvrirait ainsi la voie à la concurrence. L’amour pour les Reds est toujours vif, alimenté par des années de succès et d’émotions, mais aujourd’hui la suite à lui donner ne serait plus entre ses mains. Ceci pris en compte, difficile d’imaginer le champion d’Angleterre 2020 rallier une autre écurie du royaume, qu’elle soit mancunienne ou londonienne.
C’est donc outre-Manche qu’il faut faire le tour des popottes. La Serie A pourrait bien se rappeler les bons souvenirs que Mo a laissés du côté de la Fiorentina et de la Roma entre 2015 et 2017, mais le garçon pèse bien trop lourd financièrement pour rendre cette possibilité crédible. En Espagne, si le Real est déjà complet, le Barça suit le dossier de loin d’après Sport. Mais a-t-il besoin de mettre un bâton dans la belle roue de Lamine Yamal ? Forcément, les Saoudiens sont toujours capables de poser un énorme billet sur la table pour lui permettre de se rapprocher de ses anciens compères Sadio Mané (Al-Nassr) et Bobby Firmino (Al-Ahli). Au milieu de toutes ces spéculations, c’est donc bien le Paris Saint-Germain qui pourrait avoir une petite longueur d’avance.
Parmi les arguments de la Ville lumière, si on se fie aux sources de L’Équipe : le gringue que lui fait le PSG depuis quelques années déjà ; une proximité directe avec Nasser al-Khelaïfi tissée lors de son expérience en tant que consultant sur la chaîne Bein Sports ; la faculté de pouvoir s’aligner sur un salaire estimé à plus de 20 millions d’euros par an ; une place sur l’aile droite qu’aura du mal à lui contester ad vitam Ousmane Dembélé ; un rôle de tête d’affiche prêt à porter depuis les départs successifs de Neymar, Messi et Mbappé. Ce n’est pas rien, surtout que ça a déjà marché auprès d’autres cibles auparavant.
Pourquoi s’infliger ça ?
Tout travail mérite Salah, c’est vrai, et Paris a évidemment tout intérêt à jouer sa chance à fond dans ce dossier. Le club – avec ou sans Luis Enrique sur son banc – est en quête de leaders, notamment offensifs, et ne pourrait que profiter de l’apport d’un garçon de 32 ans qui facture cette année encore 12 buts, 10 passes décisives en 18 matchs, toutes compétitions confondues. Niveau business aussi, la présence du natif de Nagrig apporterait un peu de lustre au projet QSIen. Mais la question est désormais : est-ce que Salah a besoin du Paris Saint-Germain ? Lui a déjà gagné la Ligue des champions, n’a plus besoin de prouver grand-chose, et – Messi peut en témoigner – a surtout à gagner des sifflets à la fin d’un match contre Clermont. Dans cette histoire, Paris semble surtout endosser malgré lui un rôle bien ingrat : celui du prétendant qui permet de faire comprendre à deux amants qu’ils sont en réalité toujours faits l’un pour l’autre. Et si Salah a donc toutes les chances de remettre le couvert avec Liverpool, il reste aussi une autre manière de voir le prince d’Égypte débarquer dans la capitale française : le Red Bull de son ancien boss Jürgen Klopp aura très prochainement besoin de jolis noms pour renforcer un certain Paris FC.
Par Mathieu Rollinger