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- Turquie-Croatie (0-1)
Modrić fait taire les Turcs
Emmenés par un Modrić de gala dans un Parc des Princes chauffé à blanc, les Croates réussissent leur entrée dans l'Euro en battant la Turquie (1-0). Moins bons dans le jeu mais meilleurs en tribunes, les Turcs n'ont jamais vraiment inquiété Danijel Subašić.
Turquie 0-1 Croatie
But : Modrić (41e) pour la Croatie
Prince est mort, vive le Parc des Princes. Ici, ça gueule, ça boit, ça fume de la weed et ça siffle. Ici, c’est Paris. Mais aussi Zagreb et Istanbul. Bien aidée par les supporters turcs et croates présents en masse aux abords de la porte de Saint-Cloud, l’enceinte du Paris Saint-Germain est redevenue, le temps d’un match, ce qu’elle a longtemps été : un magnifique stade de football, de haut de ses tribunes aussi rouges que pleines à sa somptueuse pelouse qui ne l’est restée que 41 minutes. Le temps pour les deux genoux cagneux d’un joueur aussi maigrichon que talentueux de venir abîmer le billard parisien d’une glissade de bonheur. Auteur d’une volée splendide suite à un corner mal renvoyé par la défense turque, Luka Modrić vient de donner l’avantage aux siens. En même temps, qui d’autre que lui, qui a passé son premier acte à scintiller, pour débloquer un événement lors duquel tous les acteurs avaient visiblement envie de rendre hommage au football ?
Une calvitie naissante, des artistes et un jean délavé
Le speaker croate a beau essayer, il n’y arrive pas. Trop nombreux, trop bruyants, les supporters turcs l’empêchent de bosser. Le Parc des Princes n’entendra pas la composition d’Ante Čačić, mais il n’a pas besoin de ses oreilles pour se rendre compte que les Croates savent ce qu’ils font lorsqu’il s’agit de jouer au football. Toujours là, Srna multiplie les centres, Rakitić pète les lignes adverses, Modrić fait le tri sélectif au milieu, tandis que Mandžukić, Perišić et surtout Brozović gâchent les premières actions de la rencontre. Une partie où sévissent les joueurs de ballon, qui essayent tant bien que mal d’éviter les tacles virils qui rythment la première période et qui poussent Jonas Eriksson à se faire respecter malgré une calvitie assez vilaine. Au petit jeu des remontrances, c’est Ozan Tufan qui prouve que l’on peut être un très bon footballeur en aimant saucer ses plats, qui se fait engueuler le premier pour un tacle sur Modrić. Pas de quoi le sortir de son match, puisque quelques minutes plus tard, le joueur du Fenerbahçe passe juste à côté de l’ouverture du score en envoyant une belle tête cadrée sur un magnifique centre venu de la droite. Irréprochable jusqu’ici, le portier turc Volkan Babacan pense couler des minutes paisibles jusqu’à la pause, mais sur un énième corner croate, Luka Modrić vient s’en mêler. Trop heureux pour rester en tribunes, un Croate vient salir son jean délavé sur la pelouse pour fêter ça avec ses héros. Costaud.
Srna toujours là, la Turquie un peu moins
Si la pause n’a pas refroidi les supporters turcs, le onze de Fatih Terim, lui, tire la langue dès le retour des vestiaires. Mis en difficulté par le milieu de terrain d’Ante Čačić, les coéquipiers de Selçuk İnan concèdent rapidement de grosses occasions. Poussé par ses compatriotes qui donnent de plus en plus de voix en tribunes, Rakitić dégaine un beau rush qui débouche sur un coup franc dangereux que l’indéboulonnable Srna envoie sur la barre de Babacan. Dans la foulée, un bon centre de Perišić sème la pagaille et termine sur le pied gauche du même Srna, qui ne parvient pas à trouver le cadre. Définitivement « Jean-Michel Apeuprès » de ce dimanche, Brozović offre un bel enchaînement amorti de la poitrine – volée du pied gauche au Parc, mais le ballon passe juste au-dessus des bois turcs. En quête d’un nouveau souffle, Fatih Terim lance Yılmaz – à la place d’un Turan dépassé – et sa pépite Emre Mor dans le grand bain. Ce dernier ne perd pas de temps et entre dans le match en envoyant Modrić au tapis. Revigorés, les Turcs poussent, et le public donne du sifflet à chaque fois qu’un Croate gît au sol. Une ferveur qui n’aide pas Çalhanoğlu à tromper Subašić sur coup franc et qui ne pousse pas les Turcs à être plus dangereux en fin de match. C’est même Perišić qui s’offre un nouveau face-à-face à dix minutes de la fin du match, mais Babacan a décidé que 1-0 serait le score final. Une décision moins embêtante que celle de l’arbitre qui décide de mettre fin à ce match, alors qu’on aurait bien repris un peu de rab.
Par Swann Borsellino, au Parc des Princes