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Modesto : « La Grèce, ce n’est pas seulement la crise »
Né et formé à Bastia, François-Joseph Modesto, passé par Cagliari et Monaco, évolue depuis deux saisons à l’Olympiakos Le Pirée. Dans un pays empêtré dans un marasme économique sans précédent, il semble néanmoins pleinement épanoui. Rencontré dans une élégante brasserie des Champs-Élysées en compagnie de son épouse, le défenseur corse parle de la Grèce, de la crise et de cœur.
Vendredi, en ouverture de l’Euro, la Grèce affronte la Pologne, un pronostic ?
C’est toujours difficile de jouer le pays organisateur, surtout pour le premier match, avec un stade qui pousse. Ensuite, les Grecs sont solides, bien en place, difficiles à manœuvrer, il faut se méfier d’eux. La défense est vraiment leur atout majeur. Je les vois bien gagnants, un but en contre. 1-0 !
Quels seraient, selon vous, les trois joueurs à suivre de cette sélection ?
Trois joueurs de l’Olympiakos, forcément. Tout d’abord Ioannis Maniatis et Avraám Papadópoulos. Des mecs solides, disciplinés. Ensuite, celui à qui il faut vraiment faire attention, c’est Giannis Fetfatzidis. Il a 20 ans, c’est un gaucher, il est tout petit et va vite, très vite. Il peut jouer dix ou sur les côtés. Il rentrera probablement en cours de match, tout le monde va le découvrir pendant l’Euro, ça peut être une des révélations du tournoi.
Après tout ce qu’on a reproché à la Grèce cette année, s’ils gagnent l’Euro, c’est la guerre, non ?
Non, il ne faut pas dire ça. Les médias donnent une image terrible de la Grèce, ils passent leur temps à taper sur eux, c’est de l’acharnement. Mais il y a aussi le Portugal et l’Espagne qui sont en cause. Ensuite, on le voit, les gens sont malheureux, mais ce n’est pas comme ce qu’on montre à la télé. La Grèce est un très beau pays, très « football » , c’est un très bon peuple, qui s’en sortira. Vraiment un endroit à découvrir, que ce soit pour la culture ou pour les gens.
À ce sujet, les internationaux grecs ressentent-ils la crise ?
Bien sûr. Il s’agit de leurs familles, de leurs proches, de leur culture, ça les travaille. Mais même nous, les étrangers, ça nous fait quelque chose. On a été adoptés, on s’est fait des amis. Ça nous gêne, c’est sûr. Ensuite, on espère que le football peut aider ces gens, qu’en gagnant des titres, on améliore leur quotidien.
Du coup, pensez-vous que la situation peut pousser les joueurs à se surpasser ?
Totalement. Ça leur fait une motivation en plus, je ne vois pas l’entraîneur ne pas en parler dans les vestiaires. Ils ressemblent beaucoup aux Corses, ils jouent avec le cœur. Nous autres, on représente une île. Eux, c’est un pays. Ils se battent pour leur identité. On l’a bien vu en 2004, c’est comme ça qu’ils ont gagné l’Euro. Ils vont vouloir se surpasser, ils ont envie de bien représenter leur pays, de tout faire pour montrer que la Grèce, ce n’est pas seulement la crise.
Finalement, vous les voyez aller jusqu’où ?
L’Euro, c’est difficile, plus que la Coupe du monde, mais tout le monde peut passer. Il faut arriver en forme, ce ne sera probablement pas le cas des grandes équipes. On a bien vu par le passé. La Grèce ou le Danemark ont déjà gagné la compétition, les Tchèques (sic) aussi… Ensuite, c’est un groupe difficile, ils passeront peut-être avec la Pologne. La Russie fait peut-être figure de favorite, mais qu’a-t-elle fait par le passé ? Je pense qu’ils passeront le premier tour, ensuite, tout peut arriver.
Et si ça se passe très mal, ça ne risque pas de dégénérer dans les rues d’Athènes ?
Non. Encore une fois, on exagère la situation. Les gens se concentreront sur le football un temps car, grâce à ça, ils peuvent donner une bonne image de la Grèce au monde. Ensuite, ils auront autre chose à penser. Mais les joueurs feront tout pour ça, ils ont le cœur pour, j’y crois. Vraiment.
Propos recueillis par Thomas Andrei