- Premier League
- J15
- Manchester United-Tottenham (1-0)
Mkhitaryan rallume la flamme d’United
En marquant l’unique but de la rencontre face aux Spurs, la gâchette arménienne offre une victoire de prestige aux siens et démontre son absolue nécessité.
Manchester United 1-0 Tottenham
But : Mkhitaryan (27e)
« On a vu souvent rejaillir le feu de l´ancien volcan qu’on croyait trop vieux. Il est paraît-il, des terres brûlées, donnant plus de blé qu’un meilleur avril. Et quand vient le soir, pour qu’un ciel flamboie, le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? » De retour – ou plutôt enfin arrivé – dans le onze de Manchester United, Henrikh Mkhitaryan a réveillé United. Mobile, disponible, inlassable, il a été le facilitateur d’une attaque bien trop souvent grippée par le passé. Son but n’en est qu’une juste récompense : peu avant la demi-heure de jeu, Herrera chipe le ballon dans les pieds de Kane au milieu et le lance directement dans le dos de la défense. Une course plus tard, la gâchette arménienne fixe Lloris et allume sous la barre. Ne les quitte pas.
Sur le papier, les similitudes entre Spurs et Red Devils sont nombreuses. Deux candidats potentiels au titre, plutôt largués, et auteurs de campagnes européennes décevantes. Deux équipes à la recherche de certitudes, qui semblent s’être trouvé un onze, là aussi très proches l’un de l’autre. 4-2-3-1, avec un gardien du gratin, des latéraux qui se projettent, un enforcer (Herrera/Wanyama), une pépite qu’on a montée de 8 à 10 pour lui permettre de s’exprimer pleinement, des ailiers qui n’en sont pas vraiment, et un grand buteur de nouveau efficace. Bien sûr, côté Spurs, cette formule n’est pas nouvelle, et avec le retour d’Alderweireld, Pochettino n’aligne rien de moins que son équipe type, loin, très loin de Monaco. Quant à lui, Mourinho a mis beaucoup de temps avant d’en arriver là.
Le déclic Mkhitaryan
Symbole s’il en est, Henrikh Mkhitaryan. Troisième larron du package Raiola estival, l’ancien meilleur joueur de Bundesliga a passé des semaines et des semaines loin du groupe. Pas prêt pour la Premier League et son intensité, dixit le Mou. La Premier League n’était surtout pas prête pour lui. Déjà décisif cette semaine en Ligue Europa, l’Arménien ne met que deux minutes à se mettre en évidence. Il fait la différence au milieu avant de lancer Ibrahimović sur la droite. Un centre à ras de terre plus tard, Pogba allume de l’entrée de la surface et force Lloris à la parade. Vingt minutes plus tard, servi en retrait par Martial, Miki voit sa frappe déviée en corner par Vertonghen. Partie remise donc, jusqu’à son envolée solitaire, pour un premier but en PL en forme de déclaration. Miki est de la race des Raumdeuter, capable de percevoir (et d’interpréter) le moindre espace, et les structures. Cette qualité, couplée à sa technique à haute vitesse, lui permet de créer du liant, recollant ainsi un United trop souvent coupé en deux par le passé. La preuve, Miki est impliqué sur quatre buts sur ses quatre derniers matchs. Bref, United mérite, mais Tottenham ne se laisse pas démoraliser, même si Rojo s’occupe bien de Kane. L’intensité est au rendez-vous, et les deux équipes retournent au vestiaire alors que tout est encore possible.
Pogba vs Lloris
Évidemment, les Spurs donnent tout pour revenir, les Mancuniens pour faire le break. La deuxième période est donc un festival d’occasions et de courses, d’un but à l’autre, sans cesse. « Ça peut craquer des deux côtés » , a rarement été aussi bien utilisé. Absolument seul sur un coup franc botté par Eriksen, Wanyama, surpris, ne cadre pas sa tête. Puis Pogba répond en fracassant le cadre d’un maître coup franc ; Lloris n’a même pas bougé. Paul Labile retente sa chance dans la foulée. Cette fois, son compatriote bouge et sauve les siens, comme souvent. Mais voilà, Sissoko a remplacé Son, pour faire vivre un cauchemar à Darmian dans son couloir. Au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, les jambes se font lourdes, les interventions en retard, les cartons se mettent à pleuvoir. À ce petit jeu, les Mancuniens parviennent à rester dans le camp adverse. Seul problème, Miki, sur un énième déboulé, se fait prendre la cheville par Rose. L’Arménien doit céder sa place ; standing ovation d’Old Trafford, qui a bien compris. « We love United, we do » , descendent des tribunes, alors que Tottenham tente désespérément de revenir. Si Rashford est à pleurer depuis son entrée à place de Martial, Kane vit lui un véritable jour sans. Au bout de six interminables minutes de temps additionnel, Old Trafford peut exploser, et remercier son nouveau héros.
Résultats et classement de Premier League Retrouvez toute l’actualité de la Premier LeaguePar Charles Alf Lafon