- Ligue des champions – J4 – Groupe C – PSG/Anderlecht
Mitraillette Mitrovic
Pour espérer ne pas se manger une deuxième humiliation consécutive face au PSG, Anderlecht aimerait pouvoir compter sur les performances en attaque de sa recrue star de l’été, Aleksandar Mitrović. Acheté à prix fort, le Serbe au caractère tempétueux a déjà montré par intermittence l’étendue de son talent mais il lui manque encore une performance référence sous ses nouvelles couleurs. Forcément, le prince des Balkans se verrait bien rayonner ce soir au Parc.
« Le PSG est une grande équipe mais nous irons là-bas pour jouer et pour l’emporter. » Aleksandar Mitrović n’est pas le genre de garçon à faire profil bas. Son équipe d’Anderlecht a beau avoir été humiliée il y a deux semaines par cette même équipe parisienne devant le public bruxellois (lequel, fait rare, avait fini par saluer la performance de l’équipe visiteuse et particulièrement celle d’un Ibra des grands soirs), pas question pour le jeune attaquant serbe de se présenter au Parc en victime expiatoire. Avec son gabarit de buffle et l’audace de ses 19 ans, il compte bien contribuer à l’obtention d’un premier résultat dans cette poule C de la Ligue des champions, alors que le compteur des Belges est toujours bloqué à zéro. Ce côté sûr de soi, c’est à la fois la force et la faiblesse d’Aleksandar, jeune homme aussi attachant qu’agaçant, un surdoué à qui tout a réussi jusqu’à cet été et qui se trouve cet automne déjà à un premier tournant de sa jeune carrière.
Champion d’Europe U19
La carrière en question a débuté au Partizan Belgrade, qui l’a repéré dès l’âge de 11 ans. L’ado confirme vite les promesses entrevues et sa formation se déroule en accéléré, aidé en cela à la fois par une maturation physique précoce et un mental de gros winner. À 17 ans, direction le club satellite du FK Teleoptik pour des débuts pros en D2 serbe, avant un retour un an plus tard, à l’été 2012, au Partizan. Avec 10 buts (15 en comptant les coupes), il aide son équipe à remporter haut la main un nouveau titre de champion de Serbie. Dans la foulée, il remporte avec la sélection U19 le titre de champion d’Europe cet été en Lituanie, dominant la France en finale et étant élu meilleur joueur de la compétition. Puissant (1,89 m, 82 kg), Mitrović sait utiliser son physique avantageux pour jouer les pivots de l’attaque. Et comme il n’est pas maladroit non plus techniquement… Convoité notamment par Arsenal à l’intersaison, il finit par accepter l’offre d’Anderlecht et signe en août un contrat de 5 ans. Les 5 millions d’indemnité de transfert font du buteur serbe le joueur le plus cher de l’histoire du championnat belge. Un honneur autant qu’un fardeau : alors qu’il a fêté ses 19 ans seulement le 16 septembre dernier, Aleksandar Mitrović suscite l’attente que son tarif exige, d’autant que son entraîneur John van den Brom est actuellement confronté à la blessure de Matías Suárez et se trouve donc dans la quasi-obligation d’aligner d’entrée sa nouvelle pépite à la pointe de l’attaque, alors qu’il serait peut-être plus judicieux de moins l’exposer pour le moment.
L’affaire du crachat face à Bruges
Car si tout a été presque facile jusqu’ici pour ce talent précoce habitué à cartonner avec le Partizan dans le championnat serbe et à recevoir les éloges de la presse et du public, ses débuts en Belgique ne sont pas aussi idylliques. Il y a ce coût du transfert qui pèse, on l’a déjà dit. Il y a aussi le fait de devoir succéder à Dieumerci Mbokani, qui enfilait les buts la saison dernière, d’autant que l’équipe bruxelloise semble moins sereine cette saison que par le passé. Quand il s’agit de marquer contre des petites équipes, pas de problème, Mitrović répond présent. Il est habitué à ce genre de situation qu’il a déjà connue en Serbie, où le Partizan est au-dessus du lot. Mais lorsqu’il s’agit d’assurer lors d’une confrontation avec une équipe supposément du même niveau qu’Anderlecht ou d’un niveau supérieur, pour l’instant le garçon peine à élever son niveau de jeu et à porter sa nouvelle formation vers la victoire. Illustration en D1 belge, où Mitrović n’a pour l’instant marqué que face à des équipes qui ne jouent pas le titre (6 buts tout de même, en seulement 538 minutes de jeu, soit un but toutes les 90 minutes) : Malines, Mons, Ostende et Louvain, contre qui il a inscrit un doublé le week-end dernier. Face aux « gros » , c’est déjà plus compliqué, comme le 22 septembre contre Bruges, où il a même fini par se faire expulser pour avoir craché en direction des supporters adverses. Oui, le garçon a du caractère, et c’est une qualité, mais il peut aussi se montrer un peu trop impulsif et tempétueux… Il a écopé de trois matchs de suspension pour la peine. En Ligue des champions aussi, il galère pour l’instant et a provoqué la colère de son entraîneur face à l’Olympiakos (défaite 0-3), en manquant un pénalty. Sevré de bons ballons à l’aller face au PSG, il attend donc le retour ce soir au Parc pour espérer sortir enfin un premier match référence avec les Mauves.
Par Régis Delanoë