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Mistral gagnant
Du sérieux, de l’ambition et surtout de la clarté. À peine dix jours après sa prise de fonctions, la nouvelle direction de l’OM s’est déjà bien installée du côté de la Commanderie. Si le plus dur commence, un vent nouveau souffle déjà sur la cité phocéenne : celui de l’ordre et de la méthode.
Rudi Garcia le sait mieux que quiconque : Rome ne s’est pas faite en un jour. Ce qu’il a appris, en revanche, c’est qu’à Marseille et en dépit des clichés, on est capable de faire un bon paquet de choses en dix jours. Courant de pensée unique durant le règne du monarque absolu Labrune, l’immobilité dirigeante a plié devant les assauts répétés de l’alliance franco-américaine. Spectateurs d’une trop longue tragi-comédie ces dernières années, les supporters de l’OM, oppressés politiquement et sportivement, seraient en passe d’être libérés. Ils ont en tout cas assisté à l’une des semaines les plus folles de l’histoire du club qu’ils chérissent tant. Une institution qui semble avoir quitté l’autoroute du bordel pour emprunter la sortie du droit chemin. L’esquisse de la révolution idéologique d’une entité essentielle du football français, avant une révolution sportive désormais attendue au tournant.
Réorganisation humaine du travail
Pour ceux qui se posaient la question, la réponse est désormais limpide : ce sera un changement à l’américaine. Rapide, organisé et en force. Sur fond de fordisme et de taylorisme, Frank McCourt a décidé d’entamer la réorganisation du travail de l’OM en commençant par le haut. Boss du bureau d’études, Jacques-Henri Eyraud fait le boulot aussi bien qu’il fait le tour des médias. Ambitieux mais toujours réaliste, ouvert à la discussion mais maître de sa communication, le nouveau président de l’OM devait se trouver une équipe pour assurer le relais avec les ouvriers. C’est désormais réglé : le bureau des méthodes sera occupé par Rudi Garcia et par le dernier arrivé, Andoni Zubizarreta, qui auront donc la tâche d’améliorer la productivité des ouvriers et de participer au rayonnement de l’entreprise. Présenté ce jeudi, l’ancien du FC Barcelone est arrivé à la Commanderie avec le sourire et a entamé son opération séduction dans un français plus qu’honorable. Maîtrisée, la communication de l’ancien gardien de l’Espagne est à l’image de celle du club depuis qu’il a été racheté : enthousiaste, sérieuse et réussie. De sa conférence de presse, on retient notamment sa volonté de se fondre dans le moule OM, d’apprendre ce qu’est Marseille, sa ville, son club, et l’idée importante souvent évoquée par Jacques-Henri Eyraud : ne pas vouloir être plus grand que l’institution OM. L’autre virage pris par l’OM est humain. En effet, la direction McCourt semble vouloir insister sur le fait qu’à tous les étages, les membres de l’OM doivent aller dans la même direction, avoir des atomes crochus et des volontés communes. Adieu les accrochages internes et les querelles. Bonjour le travail collectif.
Le présent pour le futur
Un travail qui a un objectif que personne ne se cache du côté de la Commanderie : la saison 2017-2018. Impossible pour autant de tirer un trait sur l’exercice en cours. Garcia, Zubizarreta et Eyraud le savent mieux que quiconque : le meilleur moyen de travailler sereinement sur le futur, c’est aussi de faire au mieux au quotidien. En cela, la victoire, même difficile ce mercredi sur la pelouse de Clermont (1-2), est une réussite, au même titre que le match nul arraché au Parc des Princes (0-0). Juste parce que grâce à cela, depuis dix jours, l’OM n’a connu aucun accroc et semble avancer dans la sérénité. Une mission que beaucoup auraient qualifiée d’impossible il y a encore quelques semaines. Désormais au complet en ce qui concerne l’équipe dirigeante, Marseille peut se concentrer sur le sportif, domaine où Rudi Garcia a commencé à travailler, à responsabiliser Maxime Lopez et à inculquer à nouveau une culture tactique à ses joueurs. En coulisses, l’organigramme n’a jamais semblé sur une dynamique aussi sérieuse, travailleuse et professionnelle. Une attitude qui poussera certainement les supporters phocéens à se présenter en nombre ce dimanche au stade Vélodrome pour la réception de Bordeaux. Un mistral déjà gagnant dans une ville où le vent peut tourner plus vite qu’ailleurs.
Par Swann Borsellino