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Mister Zlatan et George Ibrahimovic
Du haut de ses 15 buts marqués sur la scène européenne avec le PSG, Zlatan Ibrahimović est à un but de George Weah le meilleur buteur de l’histoire du club en coupe d’Europe. Un record que le Suédois pourrait s’octroyer, seul, contre Malmö, son premier club. Entre le Z et Mister George, qui était le meilleur, au fond ? Difficile de trancher mais on va essayer quand même.
Le plus beau but
Entre Weah et Ibrahimović, deux époques du football s’affrontent. Celle de notre enfance et celle actuelle. George transpire les années 90, les maillots parfois immondes, les pompes noires, le vrai Ballon d’or et les bijoux autour du cou durant les matchs. Ibra, lui, est un homme des années 2000. Un joueur YouTube, HD, rapide et en flèche rouge permanente. Sur la scène européenne, les deux Parisiens ont connu des moments divins. Pour le Libérien, c’était à Munich un 23 novembre 1994. Il avait débuté le match sur le banc avant de calmer tout le monde à dix minutes de la fin. Parti côté droit, il enrhume le Bayern avec des crochets avant de nettoyer la lucarne d’Oliver Kahn. Le seul but du match. Des matchs où les joueurs n’avaient pas leur nom floqués au dos des maillots et où Roger Zabel présentait les soirées avec des cheveux et des sièges habillés aux couleurs des clubs français. En Ligue des champions, George Weah était stratosphérique avec le PSG. Pour Zlatan Ibrahimović, c’est plus récent. C’était à Bruxelles en 2013, une terre pourtant habituée aux tirs ennemis. Au Parc Astrid, le Z en plante quatre dont une Madjer sur un caviar de Van der Wiel. Mais le plus beau, c’est son missile du droit en dehors de la surface. Comme elle vient. Un quadruplé salué par les Belges. Un caramel qui ressemble décidément au Suédois. Puissant, insolent et lourd. Le genre de buts qui repasse en boucle sur les chaînes d’infos.
Le plus décisif
Pour bien se rendre compte de ce qu’était George Weah durant ses trois saisons au PSG, il faut se replonger dans les stats. Il débute son épopée en 1992 en C3. Sur ses trois premiers matchs, il trouve cinq fois les ficelles dont un doublé à Naples. En quart de finale, il marque contre le Real Madrid au Parc des Princes avant d’ouvrir la marque pour les siens à Turin contre la Juventus lors de la demi-finale aller. Sa campagne européenne est brillante, puisqu’il marque à tous les matchs importants. Rebelote la saison suivante avec l’unique but parisien en quart de finale aller sur la pelouse de Bernabéu contre le Real Madrid. Et puis arrive le chef d’œuvre, sa campagne de Ligue des champions 1994-1995. 6 buts en 6 matchs de poule dont deux contre le Bayern, un pion au Nou Camp en ¼ de finale aller pour garder les siens dans le match après l’ouverture du score espagnole. Bref, en 25 matchs européens avec le PSG, Weah aura trouvé les ficelles à 16 reprises. Et souvent contre les gros dans des matchs à élimination directe. De ce point de vue, le Libérien était bien meilleur que le Suédois, supportant parfaitement la pression des grands rendez-vous. Après tout, on a toujours reproché à Ibrahimović son incapacité à se surpasser quand la route s’élevait. Avec le PSG, c’est un peu vrai. Contre Chelsea lors du match retour ? Expulsé à la 30e. Contre le Barça en poule lors de la victoire 3-2 ? Blessé et donc absent. À Valence en 2013 ? Expulsé. Oui, il est impliqué sur les trois buts parisiens contre le Barça en 2013 (2-2, 1-1) et s’est amusé de Leverkusen à l’aller (doublé), mais, globalement, le meilleur buteur de l’histoire du PSG aura surtout brillé en poules, quand les matchs étaient moins importants, et n’aura jamais qualifié les siens contre un gros. De ce point de vue, Weah aura toujours une longueur d’avance, même si le ratio du nez le plus long de Paname est loin d’être immonde : 15 buts en 27 matchs.
Les regrets
Pour George Weah, les regrets portent les couleurs de l’AC Milan. Printemps 1995, l’ancien Monégasque est en discussion avec le club italien. Le transfert est proche. Hasard ou pas, le PSG se retrouve face aux Lombards en demi-finale de C1. Jusque-là, Weah est sur un nuage. Sauf que l’attaquant parisien va saloper sa double confrontation. Aucun impact, que des mauvais choix et l’impression d’être déjà « ailleurs » . On ne saura jamais vraiment si le futur transfert vers Milan a perturbé Weah, mais une chose est sûre, il a complètement raté ses deux derniers matchs européens avec le PSG, laissant un goût d’inachevé en bouche. Comme une cicatrice. Pour Ibrahimović, ce qui le sauve encore, c’est que l’histoire n’est pas encore terminée. Cette saison, le géant n’a pas encore trouvé le chemin du but en Ligue des champions, même si sa prestation à Bernabéu est encourageante. Au départ, l’arrivée de Zlatan devait placer le PSG dans la course des prétendants au titre final. Mais sans vraiment savoir pourquoi, Ibra fait un complexe d’infériorité avec les matchs qui se jouent en semaine. Se met-il trop de pression ? Sans doute. On se souvient de son match aller contre Malmö, où il voulait tellement briller qu’il en a oublié de jouer… Ce mardi soir, en Suède, il serait bien qu’il retrouve son instinct de tueur. Celui qui fait de lui le meilleur joueur du PSG en championnat. Là où Weah, a contrario, connaissait de sacrés trous d’air.
Par Mathieu Faure