- C1
- J6
- Lyon-RB Leipzig (2-2)
Miraculé, Lyon arrache sa qualification contre Leipzig
Malgré la trouille et la bouillie de football proposées, les Lyonnais - menés de deux buts à la mi-temps - se sont sortis d'affaire grâce à un bijou d'Aouar et un pion de Depay face à un Leipzig coriace, au bout d'un scénario étrange. Que ça a été dur, mais l'OL disputera bien les huitièmes de finale, alors qu'il n'a jamais été aussi agaçant.
Olympique lyonnais 2-2 RB Leipzig
Buts : Aouar (50e) et Depay (82e) pour l’OL // Forsberg (9e, sp) et Werner (33e, sp) pour Leipzig
Rudi Garcia avait prévenu : « L’enjeu, on le connaît. On a une formidable opportunité de finir premiers de la poule, donc ce sont des matchs comme ça où il faut tout donner, sortir la tête haute. Il faut aller la chercher, cette victoire, il faut forcer la décision, et on n’envisage que ça. » Ce soir, le coach rhodanien a tout faux. Car ses Lyonnais se sont fait bouffer par ledit enjeu, n’ont jamais été en mesure de renverser un Leipzig costaud malgré son ticket déjà en poche, et personne ne sortira ce soir du Groupama Stadium la tête complètement haute. Pourtant… et pourtant… Lyon sera bien en huitièmes de finale de la Ligue des champions. Incompréhensible, peut-être immérité, mais vrai. Puisque si Houssem Aouar a eu le mérite de maintenir les siens au contact, que Depay a égalisé au bout de l’obscurité, les Lyonnais n’ont cessé de trembler. Et si ce nul est aujourd’hui suffisant, c’est aussi parce que le Benfica lui a fait une fleur en battant le Zénith. Bref, une tournure des événements extrêmement favorable qui récompense une équipe qui ne la mérite pas forcément.
Rien dans le froc
Quand on est en quête de confiance, tous les moyens sont bons pour se rassurer. Encore convalescent de son début de saison raté, Lyon comptait avant ce match sur sa force de réaction, se permettait même de rêver à la première place en cas de victoire, tout en se demandant si sa meilleure chance n’était pas d’affronter le leader allemand déjà qualifié (mais en attente de connaître sa place finale). Mais cette tentative d’auto-persuasion est enrayée en une poignée de minutes, puisque les Lyonnais commencent la boule au ventre, les Lipsiens couteau entre les dents. Sept minutes au chrono : Anthony Lopes fauche Yussuf Poulsen dans la surface, et la clémence initiale de M. Taylor est contredite par la VAR. Emil Forsberg ne se fait pas prier et punit les Gones d’un contre-pied parfait (0-1, 9e).
Un scénario qui n’est pas pour libérer les locaux et embarquer un public qui ne demandait qu’à y croire. Ni le timide coup de tête de Lucas Tousart, ni les quelques manœuvres de Houssem Aouar et encore moins les rushs manqués de Jason Denayer ou les largesses de la défense ne permettent d’espérer une révolte rhodanienne. Pire, quand Tousart tamponne Christopher Nkunku dans la surface, c’est un second penalty, transformé par Timo Werner, qui semble enterrer les illusions lyonnaises (0-2, 33e). Pour l’orgueil, il faudra se contenter d’un coup franc de Memphis Depay subtilement dévié par Aouar capté par Gulácsi ou un tir à l’arrache sur la barre de Moussa Dembélé, toujours à la recherche d’un premier pion en Ligue des champions cette saison.
Merci Lisbonne
Au retour des vestiaires, Benfica ouvrant le score contre le Zénith, c’est clair : Lyon a le choix entre un exploit pour arracher la première place ou l’élimination de toutes compétitions européennes. Un vrai dilemme auquel tente de répondre Houssem Aouar, au moment où les mines se décomposent. Et plutôt de manière splendide : sa frappe enroulée mystifie tout le monde et remet une pièce dans la machine (1-2, 50e). D’autant plus que, dans la foulée, le break de Benfica signifie que Lyon est à un petit but de passer. Une ouverture inespérée.
Mais l’heure n’est pourtant pas aux calculs, surtout que Forsberg fait courir un frisson dans les travées du Parc OL (60e) et que la folie lyonnaise peine à prendre. Dembélé est lui à un hors-jeu et une pointure de chaussure de pousser au fond un centre de Terrier, alors que Rafael sauve l’institution devant Demmer (64e). La pression lyonnaise s’intensifie enfin, alors que Péter Gulácsi frustre Memphis sur un coup franc excentré tiré directement, alors que Poulsen et Forsberg maintiennent le doute. Le mirage de la délivrance sera finalement rendu réel par le capitaine Depay. Quelques secondes après un face-à-face manqué, le Néerlandais se bagarre à la réception de déviation de Dembélé et s’arrache (2-2e). Affaire pliée ? Pas du tout. Les Allemands, déjà assurés de la qualif’, continuent de s’accrocher à leur adversaire français comme si on leur avait promis de récupérer l’Alsace et la Moselle, alors que Lyon recule inexplicablement. Et sans un sauvetage fou et heureux de Denayer et Marçal devant Cunha, tous ces efforts auraient été vains. Ce sentiment partagé entre réjouissance, soulagement et confusion se traduira d’ailleurs après le coup de sifflet final, Depay va se friter avec des supporters. Tout est bien qui finit bien !
Lyon (4-2-3-1) : Lopes – Tete, Andersen, Denayer, Rafael (Marçal, 73e) – Thiago Mendes, Tousart (Reine-Adélaïde, 64e) – Terrier (87e), Depay, Aouar – Dembélé. Entraîneur : Rudi Garcia.
Leipzig (4-4-2) : Gulácsi – Mukiele, Upamecano (Ampadu, 55e), Klostermann, Saracchi – Nkunku (Laimer, 76e), Haïdara, Demme, Forsberg – Poulsen, Werner (Matheus Cunha, 55e). Entraîneur : Julian Nagelsmann.
Par Mathieu Rollinger