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Milner de fond

Par Dave Appadoo
Milner de fond

Un jeu sans grand relief, une personnalité effacée : a priori l'international anglais est juste un honnête soutier. Pourtant, à Manchester City comme en sélection, malgré des noms bien plus ronflants que le sien, James Milner est une pièce maîtresse de chaque entraîneur.

Vous connaissez « Boring James Milner » ? Non ? C’est con, ce compte twitter vaut le coup d’œil. Un compte parodique du joueur de Manchester City. Le pitch ? Des propos d’une banalité confondante, tellement bêtas qu’ils en deviennent drôles. Un exemple ? Y a qu’à se servir. Comme en juin dernier : « Pour le petit-dej, je voulais des Choco pop. Mais ils n’en n’avaient pas au Brésil, ils avaient seulement des Frosties. J’ai donc mangé des Frosties à la place. » Ou plus récemment : « J’ai demandé à Yaya : « On joue Liverpool ou Southampton ce week-end ? » Il m’a répondu : « Bonne vanne, James. » Oui, c’était très drôle parce que Liverpool a acheté trois joueurs de Southampton. » Magique ! Et finalement, au-delà du simple fait de se marrer à peu de frais, ce détournement raconte quelque chose de James Milner : le « non profile guy » par excellence.

Car quand on songe à Manchester City, une batterie de noms vient spontanément à l’esprit, de Touré à Agüero, en passant par Silva, Nasri et Džeko, mais jamais le sien. Idem quand on analyse l’équipe d’Angleterre, on envoie du Rooney, du Wilshere, du Sturridge, ou même du Ross Barkley, quasiment jamais du James Milner. Pourtant, le bougre facture une cinquantaine de sélections et ça ne peut pas être totalement anodin. Mais au fond, faut-il vraiment s’étonner de ce décalage entre la solide carrière de l’international anglais et cette absence quasi totale de reconnaissance ? Pas vraiment, car Milner souffre sans doute de plusieurs handicaps.

Éclipsé par Rooney

À commencer par cette image d’éternel espoir qui lui colle aux basques. On se pince, mais on ne rêve pas : le natif de Worthley, près de Leeds, vient bel et bien de souffler sa vingt-neuvième bougie. Déjà ! On a pourtant l’impression que c’était hier que Milner devenait, à 16 ans et 309 jours, le plus jeune buteur de l’histoire de la Premier League (pas du championnat d’Angleterre puisqu’il s’agit de Ronnie Dix, scorer à 15 ans et des poussières en 1928) en plantant face à Sunderland. C’était en 2002. Le jeune homme débutait alors à peine sous les couleurs de Leeds United, et ce premier fait d’arme aurait dû le propulser au rang de star. Sauf que le destin de Milner n’est décidément pas de faire le buzz. Car à peine trois semaines plus tôt, un certain Wayne Rooney, alors à Everton, avait raflé toute la lumière en devenant le plus jeune réalisateur de la Premier League avec un bijou pleine lulu face à Arsenal.

Le bambin joufflu de la Mersey avait illico été tagué « plus grand talent vu en Angleterre » par Arsène Wenger himself. Rooney, l’avenir d’Albion. Fatalement, l’exploit de Milner quelques jours plus tard, dans un match bien plus obscur, souffrit sévèrement de la comparaison avec des réactions un peu tièdes. Genre : « Ok James, but what else ? » Car, alors que « Roo » est propulsé sur le devant de la scène, entre l’Euro 2004, où il devient le plus jeune buteur de l’histoire de la compétition (record battu quelques jours plus tard par le Suisse Volonthen, là encore dans l’indifférence générale) et un transfert choc à Manchester United, Milner ramasse les restes au même moment. Soit un départ plus ordinaire à Newcastle et un squat, il n’y a pas d’autre terme, en équipe d’Angleterre… Espoirs : 46 sélections, record national. Pas forcément très glorieux et sans doute déterminant dans cette image persistante d’éternel prospect.

L’homme-clé de Capello et Pellegrini

L’autre frein à la notoriété de Milner est paradoxalement sa polyvalence. Une sorte de bulletin scolaire qui donnerait ceci : bon partout, excellent nulle part. Sévère ? Reconnaissons-le, Milner n’offre rien de superlatif. Mais des solutions partout. C’est que le bougre propose un physique de 4×4. Rapide (deux fois champion du 100 mètres en scolaire), endurant (triple champion de cross en jeunes), solide, le genre de morphotype utile dans toutes les zones. Ajoutez à cela une technique très au point, les deux pieds sans distinction, une activité très propre (aucun rouge, une perf pour un joueur qui va autant à la filoche) et on obtient une manière de prototype du joueur d’équipe parfait. Sauf que dans une équipe de stars, le joueur d’équipe en question est vite perçu comme un joueur de complément. Une perception pas forcément juste d’ailleurs, car les coachs goûtent bien ce côté « couteau suisse » . À la tête des Three Lions, Fabio Capello, toujours friand de soldats prêts à l’emploi, avait même décrété en 2009 : « Milner est l’avenir, il est mon avenir » . Rooney, Walcott et Cie, avaient dû apprécier…

N’empêche, un coup d’œil aux stats montre bien que même Manuel Pellegrini s’appuie plus qu’à son tour sur son Anglais, malgré un effectif pléthorique en nombre et en qualité. Lors des matchs cruciaux face au Bayern (3-2) et la Roma (2-0), c’est bien Milner qui émarge dans le onze de départ. Et les deux fois à des postes différents : relayeur axial face à Munich, homme de couloir gauche à Rome, après avoir été longtemps catalogué comme milieu offensif droit. Et quand on sait qu’à Aston Villa, Martin O’Neill l’avait aussi fait jouer latéral droit et songeait même l’installer en défense centrale, cela donne une idée du champ des possibles avec J.M. Mais visiblement, Pellegrini voit encore d’autres options à son homme à tout faire, puisqu’en l’absence d’Agüero, Džeko et Jovetić, c’est lui qui a été proposé au rôle d’avant-centre. Résultat : un petit doublé essentiel en FA Cup face à Sheffield Wednesday (qui menait 1-0). Autant de performances qui en font le nouveau trip de Brendan Rodgers, sa priorité pour l’été prochain où Milner sera… libre. Signe que City, un peu comme nous, avait peut-être fini par oublier son Anglais si discret. Et aujourd’hui, El Ingeniero Pellegrini s’inquiète pour la suite : « Il n’y a pas de nouvelles. J’espère que nous allons trouver un arrangement. Il est très utile. Il joue toujours à 100% au niveau de l’engagement et de l’intensité. »

Tuteur pour kéké

Si James Milner est si souvent négligé, il n’y a évidemment pas que son jeu qui est en cause. La personnalité du bonhomme n’invite pas non plus à un suivi assidu de ses pérégrinations. Le Citizen est du genre très sobre, et on ne parle pas ici uniquement de sa totale absence de consommation d’alcool, quasiment une forme d’hérésie pour un footballeur anglais quand on y songe. Pas de scandale, pas de propos tapageur, Milner est un enfer pour les tabloïds en mal de trash. Le bougre est même sorti de l’école avec des diplômes, une tête bien faite qui détonne un peu. Comme sa fondation pour les enfants et sa participation active à différentes associations, de lutte contre la leucémie, on en passe et des plus nobles.

Milner vient même de révéler son rôle de tuteur auprès de son équipier John Guidetti, actuellement en prêt au Celtic. La raison ? L’international anglais a repéré que le jeune Suédois faisait un peu trop le kéké à Glasgow où il est en train de devenir l’idole du moment. « Je l’ai ramené sur terre. Je l’ai régulièrement au téléphone. Je lui ai dit de célébrer ses buts de manière plus calme. Mais il a une super personnalité, ça ne fait pas de doute. » Alors bien sûr, à ce point-là de l’histoire, il est tentant de conclure que Milner est juste un très bon camarade, utile quand on fait appel à lui, mais dépourvu de toute ambition. Sauf que ces derniers jours, l’ancien Peacock a lâché : « On est revenus sur Chelsea, plus question de les laisser s’envoler. Et en Ligue des champions, je suis sûr que l’on peut réussir un gros coup. » Et ça, ce n’est pas une vanne de Boring James Milner.

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