- Les restes du monde
Millonarios et Huachipato champions
Vélez en Argentine et Fluminense au Brésil, ok. Mais quels sont les autres champions sud-américains ? Gros plan sur trois lauréats : les Millonarios Bogota, qui attendaient cela depuis 24 ans, le surprenant Huachipato (Chili), et le fulgurant Deportivo Anzoategui (Venezuela).
Au mois de septembre, le président des Millonarios Bogota, Felipe Gaitan, lance une bombe. Le dirigeant du club ambassadeur annonce qu’il envisage de priver son propre club des titres remportés au moment où les narcos pilotaient le club. Trois mois plus tard, aucune décision n’a encore été prise, et le géant de la capitale colombienne vient d’enrichir son écusson d’une nouvelle étoile. Le terme d’une traversée du désert de près d’un quart de siècle. Les derniers succès nationaux des Millonarios remontaient à 1987 et 1988, au cœur de leur époque coke en stock. Gonzalo Rodríguez Gacha, éminent capo du cartel de Medellin, dopait alors les finances du club. C’est au terme d’une finale à suspense, que l’ex-employeur d’Alfredo Di Stéfano est redevenu le club le plus titré du pays, devançant d’une unité l’America Cali. Au terme de la série de tirs au but, les Millonarios, au sein desquels œuvre l’ex-Strasbourgeois Wason Rentería, sont venus à bout de l’Independiente Medellin, entraîné par Hernan « El Bolillo » Gómez, ex-bras droit et successeur de Pacho Maturana, à la tête de la sélection cafetera (1995-1998). Le coach avait repris du service en 2010 à la tête de l’équipe nationale, mais avait été viré l’année suivante pour avoir frappé une femme dans un bar. Le dénouement de la finale du tournoi de Finalización fut explosif, comme l’ambiance au sein du stade des Millonarios, avec 40 000 personnes, présentes deux heures avant le coup d’envoi. Après le match nul et vierge de l’aller, les locaux ont pris les devants en première période, mais se sont fait rejoindre à la 52e minute. Le buteur d’Independiente a alors reçu un second carton jaune pour avoir provoqué le bouillant public. Plus rien ne sera marqué avant la séance de tirs au but, dont le verdict donnera un quatorzième titre au club ambassadeur. Le succès d’une équipe désintoxiquée.
Résumé finale retour du championnat colombien
Chili : La U détrônée par David
Huachipato. Ce n’est pas le nom d’un site archéologique vivant dans l’ombre du Machu Pichu, mais celui du surprenant champion chilien du tournoi Clausura. Alors que le pays longiligne s’attendait à un nouveau succès de l’écrasante U de Chile de Jorge Sampaoli, il a réappris à regarder vers le sud. Victime de son succès, le triple tenant du titre n’est pas parvenu à compenser la perte de quelques-uns de ses éléments les plus brillants, tels Ángelo Henríquez (MU), Junior Fernandes (Bayer) et Marcelo Diaz (FC Bâle). Deuxième de la saison régulière, derrière Colo-Colo, la U a cédé dès les quarts face à l’Union Española, futur finaliste (0-0, 1-4). Discret sixième de la saison régulière, Huachipato, représentant de Talcahuano, importante ville portuaire, a été l’invité surprise de la finale. En 1974, Huachipato avait été le premier club du pays situé au sud de Santiago à remporter le championnat chilien. 38 ans plus tard, il s’est succédé à lui-même. Comme en Colombie, il a fallu recourir à la séance de tirs au but pour départager les deux finalistes. Défait à l’aller (3-1), Huachipato a refait son retard dans son stade à la maigre capacité d’accueil (10 000 personnes), le 9 décembre. Auteur du tir au but vainqueur, le défenseur argentin Omar Merlo s’est gravement blessé au genou lors de la célébration de sa frappe décisive. Il ne disputera pas la Copa Libertadores, dont Huachipto sera l’une des curiosités.
La séance de tirs au but
Farías et Farías, toujours vainqueurs
Si ce n’est pas lui, c’est donc son frère. En quelques années, la fratrie Farías, dont l’aîné tient les rênes de la Vinotinto, a fait du Deportivo Anzoategui, institution créée en 2002, un club qui compte. En 2007, César Farías fait du promu, un vice-champion. Dans la foulée, il est recruté par la Fédération vénézuélienne pour diriger la sélection nationale. Cinq ans plus tard, son frère cadet, Daniel, fait du Deportivo Anzoategui un champion national, un mois après avoir remporté la Coupe. Dans la foulée, il annonce, le 13 décembre, sa signature chez le Deportivo Tachira, l’un des deux grands du foot local. Daniel Farías a gravi un à un les échelons du club de Puerto de la Cruz, ville de 500 000 habitants. Préparateur des gardiens dans un premier temps, il est devenu adjoint de son frère en 2007, avant d’être promu entraîneur principal, en 2009. Farías cadet avait alors 28 ans. L’âge idéal pour un footballeur, moins pour un entraîneur. C’est, en tout cas, l’idée reçue, battue en brèche par la fratrie surdouée des Farías.
Dans le reste de l’Amérique du sud, point de champion iconoclaste. Au Paraguay, Libertad, où l’international uruguayen Sebastián Eguren a trouvé refuge, s’est enfilé son seizième titre. Marque identique atteinte par les Péruviens du Sporting Cristal. En Bolivie, The Strongest s’est, lui, brodé une dixième étoile sur son écusson, tandis qu’en Équateur, le Barcelona de Guayaquil a dominé son championnat pour la quatorzième fois. Tous des petits bleus aux côtés du champion hors-catégorie, le Peñarol Montevideo de Marcelo Zalayeta, qui a fait main basse sur son quarante-huitième titre national.
Par Thomas Goubin