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Milik peut-il remettre l’OM d’attaque ?
Officiellement recruté par l'OM via un prêt avec option d'achat ce jeudi, Arkadiusz Milik est un attaquant de surface de première catégorie, quand son physique délicat consent à le laisser en paix. Si les Olympiens veulent tirer le maximum de leur nouvelle recrue, il faudra néanmoins s'assurer de correctement l'alimenter en munitions dans les seize mètres.
Arkadiusz Milik est grand (1,86m). Il est attaquant. Il paraît qu’à l’OM, cela faisait des années qu’on louchait sur des types comme lui. C’est du moins ce qu’on nous racontait à peu près à chaque mercato, depuis le début de la décennie 2010. C’est long. Beaucoup trop même. À cet égard, la venue du Polonais de 26 ans n’est pas tout a fait anodine. Prêté pour 18 mois aux Olympiens avec option d’achat, le désormais ex-joueur du Napoli (il n’a pas joué avec les Azzurri depuis le début de la saison, en raison de désaccords avec sa direction) ne devrait pas passer qu’en coup de vent sur la Canebière. Quoi qu’il arrive, voilà une bonne nouvelle pour Marseille : Arkadiusz Milik a un talent de buteur proportionnel à son grand corps, et on peut légitimement savourer l’arrivée en France d’un joueur de ce calibre.
Un neuf bien frais
Avant son arrivée, ça jacassait dans les couloirs. Le mistral soufflait des statistiques alléchantes aux oreilles des supporters phocéens. 93 matchs, 38 buts avec le Napoli en Serie A. 52 matchs, 32 buts en Eredivisie, sous les couleurs de l’Ajax, où Milik avait évolué avant de signer en Italie. Tout cela est beau et bien. Pas tout à fait mirifique non plus, pour un type dont marquer reste la spécialité. Néanmoins, il faut ponctuer l’ensemble d’éléments de contexte, pour comprendre ce qui a pu freiner l’éclosion complète du bonhomme au Napoli. D’abord, il a longtemps dû se frotter à la concurrence survitaminée de Dries Mertens, repositionné avec succès dans l’axe par Maurizio Sarri. Les deux joueurs avaient alors pu se livrer une compétition saine en pointe, leurs profils quasi opposés permettant aux Partenopei de diversifier leurs options de jeu. Ensuite, Milik a vu ses deux premiers exercices chez les Azzurri, en 2016-2017 et 2017-2018, largement tronqués par deux blessures graves, aux ligaments croisés. À chaque fois, il est revenu fort, en plantant 21 buts en 52 matchs, puis 15 pions en 33 rencontres les deux saisons suivantes, toutes compétitions confondues.
Ces chiffres traduisent les garanties que le Polonais trimbale avec lui, quand il promène sa grande carcasse sur les terrains. Doté d’une frappe de balle lourde et précise, très performant dans le jeu aérien, Milik est le genre de cow-boy qui peut fusiller l’adversaire, sans avoir eu un instant l’air d’avoir dégainé son colt de sa ceinture. Plus mobile que sa taille ne le laisse suggérer, il fait valoir une vraie science du placement et du déplacement, qui lui permet de combiner astucieusement en pivot avec ses partenaires. Adroit dos au but, son jeu de corps lui permet souvent de fixer dans l’axe un adversaire, pour ensuite aérer le jeu sur les côtés, en distribuant une passe longue pour ses ailiers. Jamais tape-à-l’œil, l’ex-Napolitain privilégie plus globalement une gestuelle sobre et épurée, en deux-trois touches de balle maximum. Il aime jouer en première intention pour accélérer le jeu et amorcer des décalages, mais il ne faudra pas s’attendre à le voir partir en dribbles balle au pied. En revanche, le bonhomme sait y faire sur coups de pied arrêtés et pourrait à l’occasion s’illustrer sur coup franc direct.
Quelques doutes, beaucoup d’espoirs
Dans la plus pure tradition des attaquants de surface, Milik n’est évidemment jamais aussi bien utilisé que quand il est pourvu en centres. L’OM devra ainsi impérativement veiller à ce que son animation sur les ailes se hisse à la hauteur de son nouveau joujou. À cet égard, Thauvin serait bien inspiré de travailler sa complémentarité et ses automatismes avec le Polonais, quitte à se restreindre à moins repiquer dans l’axe, pour arroser plus généreusement en ballons la surface de réparation. Les latéraux marseillais, pas à la fête ces dernières semaines, auront eux aussi pour mission de mettre l’Aigle blanc sur de bons rails. Milik devra aussi rassurer les fans olympiens sur sa forme physique, alors que sa dernière apparition sur un terrain remonte au 8 août 2020, en 8es de finale retour de C1 face au Barça. Signe, aussi, que la venue de l’avant-centre n’est pas forcément synonyme de réussite programmée. Ce dernier ne pourra notamment pas redémarrer à lui seul une animation offensive marseillaise en panne sèche depuis un petit bout d’éternité. Mais si le moteur repart, on peut au moins se figurer que l’OM n’aura plus à fantasmer sur l’arrivée d’un hypothétique grand attaquant. Avec Milik, les Phocéens tiennent enfin leur gâchette. Encore faudra-il lui donner de quoi appuyer sur la détente.
Par Adrien Candau