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Miles Davis

Par Romain Duchâteau
6 minutes
Miles Davis

Sa présence n’est pas la plus remarquée, mais elle demeure indispensable. À Aston Villa, aux Rangers, à Southampton ou avec l’Irlande du Nord dont il est capitaine depuis ses vingt et un ans, Steven Davis est de ces hommes qui comptent. Pour l’amour du travail bien fait et d’une mère qui l’a quittée trop vite.

Sous une pluie d’étoiles, l’ivresse gagne les cœurs de Belfast. Plus de vingt mille spectateurs tassés dans l’écrin du Windsor Park chavirent, exultent, mugissent et chantent à l’unisson. Ce 8 octobre 2015, l’Irlande du Nord est en passe de se qualifier pour sa première phase finale d’une compétition majeure depuis le Mondial 1986 au Mexique. Une prouesse autant qu’une fierté qui est longtemps restée circonscrite dans le « domaine du rêve » selon Steven Davis. Alors qu’il vient d’inscrire le premier de ses deux buts contre la Grèce (3-1) et que l’euphorie règne, le capitaine de la Green & White Army choisit de célébrer en levant les doigts au ciel. Avec le regard lointain et une pensée particulière, intime même pour sa défunte mère Laura. Elle qui est partie trop tôt, en novembre 2008, après avoir perdu son combat contre le cancer. Tout juste un mois, aussi, après être devenue grand-mère.

« Elle était ma plus grande fan et venait toujours me voir à Windsor Park. Ces buts étaient pour elle, s’est-il épanché, ému, dans la foulée de la qualification historique. C’était un moment étrange. Après avoir marqué, je me suis juste laissé aller, elle s’est invitée dans ma tête et j’ai pensé à elle » . Tout comme le paternel David, lequel a revu les souvenirs affleurer : « Elle se joignait toujours aux chansons des fans lorsque l’Irlande du Nord jouait. Ce soir, quand le stade a commencé à chanter, elle a dû aussi le faire de là-haut. Nous avions l’habitude de nous asseoir dans la tribune Old South Stand de Windsor Park. Je me souviens d’un match particulier où Steven avait marqué, je pouvais voir un large sourire sur le visage de Laura. Voir ses deux buts m’a rappelé de beaux souvenirs. Si elle avait été présente, elle aurait été sur un petit nuage » .

Les Rangers, love story passionnée et contrariée

Depuis l’au-delà, Laura Davis a sans doute dû apprécier le parcours de son fils et de ses compatriotes à l’Euro 2016 avec une place grattée jusqu’en 8es de finale. Mais avant de quitter ce monde, elle et son mari ont accompagné les premiers pas de Steven. Son histoire prend sa source au St Andrews Boys Club, à trente kilomètres de Belfast, avant qu’elle ne démarre véritablement à Aston Villa. En 2004, l’enfant du village de Cullybackey effectue ses premières foulées en professionnel. Puis prend progressivement de l’assurance aux côtés de Solano, Barry, Baros ou encore Milner. Au point de rafler à l’issue de l’exercice 2005-2006 les récompenses de Young Player of the Year, The Fans Player of the Year et de Player of The Year. Les promesses entrevues ne laissent pas insensibles. Les louanges, aussi, pleuvent. Et le sélectionneur nord-irlandais de l’époque, Lawrie Sánchez, est peut-alors alors celui qui chante les plus belles : « Il peut devenir un autre Frank Lampard » . Pas à Fulham, où l’expérience tourne court (2007-2008). « C’était une période difficile » , dira plus tard Davis. Une saison malaisée où le changement de coach à Noël plombe les Cottagers qui éviteront in extremis la descente en Championship après avoir longtemps flirtés avec la relégation.

Le moment idoine pour partir ensuite, donc. Mais pas n’importe où. En ralliant les Rangers, le Britannique choisit la tunique qu’il affectionnait plus jeune en regardant les faits d’armes de Gazza et Brian Laudrup. En Écosse, les succès s’amoncellent à une vitesse folle. Huit trophées nationaux, une finale de coupe de l’UEFA disputée face au Zénith et le titre de joueur de l’année en Scottish Premiership (2010). « C’était le capitaine. Quelqu’un de très calme, un bosseur très sérieux, se remémore le milieu Salim Kerkar, son coéquipier chez les Gers deux années. Un joueur simple, mais très technique, capable d’organiser le jeu, à la fois passeur et buteur, avec une très bonne vision de jeu » . Mais la romance s’achève dans les heurts et les larmes. En 2012, exsangue financièrement, le mythique club écossais est placé en redressement judiciaire puis rétrogradé en quatrième division en raison de dettes importantes contractées. Ébranlé par cette situation, Steven assiste à la chute. Impuissant. « Il y avait des jours où on allait au club, rencontrait les dirigeants pour des réunions, mais on ne s’entraînait pas, expliquait-il en janvier dernier. Les Rangers sont un club familial et des gens travaillaient dans certains domaines depuis quarante, cinquante ans. On entendait qu’ils pouvaient perdre leurs jobs. En tant que joueur, on ressent une responsabilité. On a essayé d’aider en réduisant notre salaire pendant trois mois, mais ça n’a malheureusement pas suffi » .

Métronome silencieux et précieux

Alors le milieu de terrain s’en est allé : « C’était la décision la plus dure de ma vie de partir ailleurs. J’aimais le club et les fans, mais je devais penser à moi et à la suite de ma carrière » . À Southampton. Un club qui « demande toujours de s’améliorer » et où il y a « un niveau incroyable porté aux détails » d’après ses propres dires. Que ce soit sous l’égide de Mauricio Pochettino ou Ronald Koeman, il s’impose. Les systèmes de jeu varient, la concurrence est rude (Schneiderlin, Cork, Ward-Prowse, Wanyama, Reed, Clasie, Romeu), mais Davis parvient quoi qu’il arrive à devenir incontournable. Preuve de la confiance allouée par les Saints, il a été prolongé en 2014 puis une nouvelle fois en juin dernier jusqu’en 2019. Et la venue de Claude Puel cette saison n’a fait que raffermir son statut de cadre inamovible. Vice-capitaine derrière José Fonté, l’ex-Villan a appréhendé avec aisance le 4-3-3 et le jeu de possession voulus par son manager français. Joueur au physique plutôt frêle (1m72), il compense par une technique de base solide et une science du placement toujours impeccable.

« C’est un joueur très précieux dans l’équipe, loue Jérémy Pied, son coéquipier arrivé cet été à S’ton. Quand je l’ai observé sur le terrain, j’ai tout de suite remarqué qu’il était important pour le liant de l’équipe, notamment pour le passage de la défense à l’attaque. Il est sûr techniquement pour ressortir proprement le ballon, toujours très calme. Je n’ai jamais vu un excès de nervosité de sa part. Puis il a suffisamment d’intelligence de jeu pour donner les bons ballons qui vont aller au bout. Ce n’est peut-être pas la dernière passe, mais l’avant-dernière peut souvent venir de lui » . « C’est un leader avant tout par l’exemple, corrobore Pascal Plancque, adjoint de Claude Puel outre-Manche. C’est une pièce très importante au milieu de terrain. Il gagne à être connu. Techniquement, il ne fait pas des choses très compliquées, mais c’est toujours très bien réalisé, toujours juste. Il sait bien faire jouer les autres autour de lui et sent bien le jeu. C’est un joueur fiable » . Incroyablement mésestimé et rarement salué à sa juste valeur, aussi. Sauf peut-être par sa mère Laura qui, là-haut, continue sans doute d’apprécier la route tracée par son fils avec un large sourire aux lèvres. Le seul qui compte vraiment, au fond.

Dans cet article :
Le déplacement cauchemardesque des fans de l’Irlande du Nord en Bulgarie
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Par Romain Duchâteau

Tous propos recueillis par RD, ceux de Steven Davis extraits du Times et du Daily Record

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