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« C’était tentant de nous faire passer pour des peintres, mais... »
Le FC Martigues va devoir cravacher dur s’il veut se redonner un peu d’espoir dans la lutte pour le maintien en L2. Et ça commence ce vendredi soir avec la réception d’Annecy. Côté Martigues, Milan Robin, 25 ans, fait partie de ces joueurs qui ne comptent pas lâcher l’affaire. Entretien.

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Avec tout ce qu’il s’est passé cette saison à Martigues, comment on aborde les derniers mois de compétition ? Il nous reste 11 matchs (dont celui contre Annecy ce vendredi, NDLR), et on sait qu’on finit très fort, puisqu’on joue Metz, le Paris FC et Lorient dans les dernières journées. Donc le gros tournant de notre saison, il est là, sur les 3-4 prochains matchs qui nous attendent pour prendre des points. Si c’est le cas, on pourra espérer jusqu’au bout, jusqu’à la dernière journée, pour essayer d’aller chercher ce maintien.
Il y a deux ans, tu galérais en bas de classement de National avec Cholet, mais ça ne t’avait pas empêché de t’illustrer. Il y a un mode d’emploi pour ce genre de situations ? Non, pas forcément. Mes bonnes saisons sont plus liées à mes préparations d’avant-saison où j’étais en pleine possession de mes moyens et où j’ai pu vraiment me préparer tout l’été pour attaquer la saison plein d’énergie. C’est un engrenage : ce travail te permet d’être performant dès le début, de gagner vite la confiance du coach dès les matchs de prépa. Quand tu reçois la confiance du coach, tu enchaînes les matchs et forcément tu es un peu plus visible. Après, que tu joues le haut du tableau ou le maintien, une fois que tu es sur le terrain, tu fais abstraction. Tu donnes d’abord tout ce que tu peux donner et seulement après tu regardes le résultat. Maintenant, il ne faut pas croire que je me plais dans ce genre de situations. Si tu me dis que je vais être moins bon, mais que l’équipe gagne tout jusqu’à la fin, je signe direct.
Dans ta carrière aussi tu as fait abstraction du contexte : Metz te proposait de passer pro, tu as signé à Cholet en National. J’ai pris des risques, mais ça m’a réussi. Je suis même resté un an à Metz pour toucher le chômage et jouer avec la réserve. Ensuite, on ne me fait pas trop confiance, donc je décide d’aller à Cholet pour découvrir un peu le National. D’un côté, la réserve était en N2, donc dans ma tête, je montais d’un niveau. J’ai toujours voulu y aller étape par étape, dans une optique de progression calculée. J’avais déjà en tête l’idée d’aller chercher un contrat pro, et c’était bien de passer par le National, où tu as la moitié des équipes qui le sont déjà.
À Metz, ce n’est pas facile, il faut tout aller chercher par soi-même. Ça fait partie de mon parcours, c’est comme ça que j’ai appris à ne rien lâcher.
Attends, tu joues à Metz en étant au chômage ? En fait, on était en R1 avec la réserve. Je me fais opérer d’une pubalgie en février alors que j’étais arrêté depuis novembre. Comme c’est l’année du Covid, on peut dire que j’ai quasiment fait une année blanche. Au club, ils étaient mitigés sur mon cas et c’était le moment de prendre une décision : soit t’es pro, soit rien du tout. Donc le moyen de trancher, c’était de ne pas me garder, mais m’autoriser à prendre une licence. Moi, sur le coup, je vois que je vais retrouver un cadre que je connais, un coach, Grégory Proment, qui me connaît super bien et qui me fait progresser, donc je vais essayer de gratter tout ce que je peux. À la fin de l’année, on passe de N3 à N2, Metz m’envoie faire un essai à Seraing, le club satellite en D2 belge. Ils me rappellent au bout de deux semaines seulement pour me proposer de rentrer en France avec un contrat pro pour encadrer la réserve. Mais du coup, c’est là que j’ai préféré signer à Cholet.
C’était galère comme ça pour tes potes à Metz comme Mikautadze (Lyon), Akpa (Auxerre) ou Sildillia (Fribourg) ? Georges, il a dû être prêté deux, trois fois avant de revenir et d’exploser. Sildillia, il a joué très vite avec la réserve, on savait qu’il avait des qualités, mais il est parti à l’étranger (à Fribourg, NDLR) pour signer pro. Metz, du fait de ce partenariat avec Génération Foot (club satellite au Sénégal, NDLR), tu sais que tu es en concurrence avec des mecs qui ne sont pas forcément présents, mais à qui on va quand même accorder une grande confiance. C’est Metz. Donc ce n’est pas facile, il faut tout aller chercher par soi-même. Ça fait partie de mon parcours, c’est comme ça que j’ai appris à ne rien lâcher.
À l’été 2023, Martigues, promu en National, rate la montée dans des conditions invraisemblables. C’est un des plus petits budgets de la division, on se dit tous qu’ils ont raté la chance de leur vie. Et c’est à ce moment-là que toi, tu y signes. Je sors d’une grosse saison avec Cholet, mais je me blesse sur la fin, je sens que je vais avoir une préparation tronquée. J’ai un essai dans un club de Serie C en Italie, mais une fois là-bas, j’ai Martigues qui m’appelle. J’avais suivi leur saison, je les avais affrontés deux fois et franchement, je trouvais qu’il y avait une bonne équipe. En voyant que l’effectif reste quasiment inchangé, je me dis que ça peut être un beau projet avec des joueurs de qualité, un coach, Greg Poirier, qui m’appelle, qui a envie de me faire confiance et qui fait jouer ses équipes. Je me dis : « Go découvrir le Sud », un autre environnement dans lequel on sait que c’est un peu plus chaud, qu’il y a un peu plus de caractère. Ça allait me faire sortir de ma zone de confort.
Sauf qu’à ton poste, il y a notamment une légende locale, Foued Kadir (international algérien passé par la Ligue 1 et la Liga alors âgé de 40 ans)… J’ai la chance d’être un joueur plutôt polyvalent. Depuis ma formation, j’ai fait quasiment tous les postes offensifs, tous les postes du milieu. Et j’arrive plein de confiance, je sors d’une bonne saison, je connais mes qualités. Je connais l’effectif, mais je me dis que je vais montrer ce que je sais faire, que c’est le meilleur qui jouera. Les premiers mois, il y a des mecs qui sont un peu installés. Je fais des entrées, je fais plutôt de bons matchs. Mais je sens que le coach, dans son discours, veut me faire une place dans l’équipe et me faire confiance sur la seconde partie de saison en étant un peu plus dans un rôle de titulaire. C’est exactement ce qu’il s’est passé. En janvier, je mets un doublé contre Dijon et je reste dans cette optique d’être chaque jour le meilleur possible à l’entraînement. C’est pareil partout : si tes performances te rendent indispensable à l’équipe… le coach n’est pas fou, il va mettre les meilleurs sur le terrain. Dans le groupe, je suis quelqu’un de discret, qui ne m’occupe pas trop des autres et de leurs états d’âme. Tous les joueurs ont envie de jouer, surtout quand l’équipe tourne. Mais il n’y a jamais eu de problème à ce niveau-là.
Même si cette saison est compliquée, cela va servir le club, le faire grandir plus vite. Et si, par bonheur, tu arrives à obtenir le maintien, tu peux créer quelque chose.
Et ça se termine bien puisque tu inscris le but de la montée pour Martigues lors de la dernière journée. En y repensant, c’est incroyable parce que c’est un moment que tu attends toute ta carrière. Tu sais que derrière ça, tu vas obtenir ce que tu es venu chercher, c’est-à-dire un contrat pro. Il y avait une atmosphère incroyable le jour du match, avec 7000 personnes qui exultent quand tu mets ton but. C’est un moment magnifique que je n’oublierai jamais. Et surtout, une semaine après le jour de la montée, j’ai la naissance de mon fils. Je savais qu’il devait arriver pour le mois de juin, donc je m’étais dit que si jamais je pouvais faire le doublé, cette année 2024, ça allait être pour moi, et c’est ce qu’il s’est passé. C’est un beau signe du destin, une belle récompense pour tous les efforts que j’ai fournis pour en arriver là.
LE FOOTBALL CLUB DE MARTIGUES EST EN LIGUE 2 🔴🟡🔴🟡🔴🟡🔴🟡🔴🟡🔴🟡🔴🟡
Merci 🙏🏼 pic.twitter.com/u1y8XBompk
— Karim Attab (@karimattab1) May 18, 2024
Le soir même, le club sait qu’il va connaître un apprentissage délicat en Ligue 2, loin de son stade. On savait effectivement que le stade Francis-Turcan, ça allait être compliqué pour la L2. Les exigences du monde professionnel, ce n’est pas pareil et ça allait tellement vite sportivement que le club n’avait pas eu le temps de se mettre à niveau, ne serait-ce que du National. En Ligue 2, les exigences sur les infrastructures, sur la récupération, c’est deux crans au-dessus, et il faut que le club puisse passer ce step. Mais c’est le serpent qui se mord la queue. Pour y parvenir, il faut le vivre. Donc même si cette saison est compliquée, cela va servir le club, le faire grandir plus vite. Et si, par bonheur, tu arrives à obtenir le maintien, tu peux créer quelque chose. Je pense qu’à un moment donné, des clubs comme Rodez, comme Pau, ils n’étaient peut-être pas mieux structurés au départ, mais ça s’est construit petit à petit, avec un maintien en Ligue 2 pour commencer.
Retrouver ce stade Francis-Turcan où l’on a nos repères, nos supporters qui sont proches du terrain… il y a quelque chose dans ce stade.
Qu’est-ce qui te fait dire que le maintien est jouable cette saison en L2 ? On a eu plutôt une bonne série depuis la reprise. C’est dommage d’avoir perdu au Red Star, car je pense que c’était un match clé pour le maintien justement. Mais ce n’est pas fini. Ça serait bien que l’on prenne des points à domicile. À l’extérieur, on est la 8e équipe de Ligue 2, donc si maintenant qu’on a retrouvé notre stade Francis-Turcan, on peut y prendre des points… Je pense que c’est là que ça va se jouer. On sait que c’est faisable, on a mis 3-0 à Amiens, ça s’est super bien passé. Il doit rester 5 matchs à domicile, on doit viser 3-4 victoires pour y croire. Retrouver ce stade où l’on a nos repères, nos supporters qui sont proches du terrain… il y a quelque chose dans ce stade. Quand on voit notre classement à domicile, on voit bien que les déplacements nous ont tués, que ce soit à Gueugnon ou au Vélodrome en début de saison, qui était un peu trop grand pour nous.
En cas de maintien, la fête sera encore plus belle que celle de la montée la saison dernière ! Ce sera une belle réussite, une énorme fierté. On est un groupe de travailleurs, quand même. C’était tentant de nous faire passer pour des peintres, mais on a réussi quelques bons coups, on a été battre le Paris FC, Dunkerque, on a pris des points contre de belles équipes du championnat. Ce n’est pas fini.
Des places gratuites pour le retour de Martigues dans son stadePropos recueillis par RC