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Milan : Quel intérêt de continuer avec Inzaghi ?
Entre rumeurs de vente du club, résultats sportifs bien en deçà des attentes et perte de confiance des tifosi, Filippo Inzaghi est dans une situation de plus en plus compliquée au Milan AC. Un mauvais résultat sur la pelouse de la Fiorentina pourrait même précipiter la chute de l'idole rossonera. Pourtant les torts sont plus que partagés.
« Priez votre dieu… Nous prions le nôtre. » Promu à la tête de l’équipe première du Milan AC, cet été, Filippo Inzaghi bénéficiait, à l’image de cette banderole, de la confiance totale du peuple rossonero. Attendu comme le messie ou presque, SuperPippo devait réussir à relever son Milan après une saison noire conclue, pour la première fois depuis 1997-1998, hors de la zone Europe. Même la pré-saison catastrophique ne pouvait égratigner les espoirs placés sur l’ancien et mythique numéro 9 de San Siro. Le début de saison des Lombards donnait d’ailleurs raison à ses partisans, puisqu’après 7 rencontres, le Milan pointait à une prometteuse quatrième place avec 14 points (4 victoires et 2 nuls pour une seule défaite contre l’intouchable Juventus). Seulement, la suite de l’histoire s’est révélée bien moins évangélique. Sur les 19 rencontres suivantes, le Diavolo ne s’est effectivement imposé que 4 fois et pointe aujourd’hui à une triste onzième place avant de se déplacer sur la pelouse de la Fiorentina. Loin, trop loin des ambitions européennes peut-être trop vites affichées. Signe qui ne trompe pas, selon un sondage effectué, cette semaine, par la Gazzetta dello Sport, 60% des tifosi rossoneri jugent que le maintien en poste d’Inzaghi est une erreur.
Filippo garde la foi, mais…
Filippo Inzaghi a en effet obtenu une nouvelle chance grâce à Adriano Galliani qui a convaincu Silvio Berlusconi de le conserver… pour le moment. Un délai supplémentaire que l’administrateur délégué des Rossoneri s’était déjà attaché à décrocher la saison dernière pour Massiliano Allegri. C’est dire si la situation d’Inzaghi reste précaire quand on connaît la triste fin de parcours du Toscan à Milan – licenciement en janvier après une défaite 4-3 à Sassuolo. Pourtant, donner du crédit supplémentaire à SuperPippo est aujourd’hui le meilleur choix dont disposent les dirigeants milanais. Après avoir écarté assez sèchement – pour rester poli – Clarence Seedorf, cet été, le Milan payerait cher la séparation avec une autre de ses légendes. Financièrement et symboliquement. Ce serait effectivement une nouvelle écorchure pour la grande famille rossonera qui peine à gérer son patrimoine et son image. Se séparer d’Inzaghi à un peu plus d’une dizaine de matchs de la fin de championnat porterait également à discussion. Certes confier l’intérim jusqu’à la fin de saison à l’inamovible Mauro Tassotti, ou à Cristian Brocchi qui entraîne la Primavera, pourrait fonctionner, mais ce ne serait qu’un choix par défaut qui témoignerait encore du manque de vision à long terme du Milan.
Croire en Pippo ou plutôt parier sur lui à la manière de Blaise Pascal, semble donc être la meilleure option. Peut-être a-t-il d’ailleurs encore les moyens de trouver la bonne arche pour traverser le déluge. Au sortir du match nul contre le Hellas, samedi dernier, Philippe Mexès, meilleur rossonero de la rencontre, soutenait son coach : « Nous sommes tous coupables et sur le même bateau. On manque de confiance et degrinta, ce qui nous fait perdre des duels comme sur l’égalisation (dans les dernières secondes, ndlr). Mais on doit seulement y croire, jouer avec envie, et être conscient qu’on doit s’amuser en jouant. » Comme le défenseur français le soutient, Inzaghi est effectivement loin d’être le seul coupable. Plutôt que de se plaindre de son effectif bancal, SuperPippo continue plutôt de rechercher le fameux match fondateur, comme il l’expliquait en conférence de presse avant de défier la Fiorentina : « On a besoin de faire un exploit et c’est selon moi dans nos cordes. Peut-être que des rencontres aussi compliquées que celle-ci peuvent nous permettre de repartir de l’avant. Il n’y a pas d’excuses, on doit faire un grand match. » Amen ?
… le Diavolo s’impatiente
Le déplacement à Florence sonne ainsi comme l’une, si ce n’est la dernière chance de Filippo Inzaghi. Avec 10 petits points en 10 matchs en 2015 (2 victoires contre les deux derniers Parme et Cesena pour 4 nuls et 4 défaites), SuperPippo a déjà joué une bonne partie de ses cartes. En plus des mauvais résultats, il doit également se justifier d’un jeu médiocre et de choix tactiques discutables comme l’entrée de Bocchetti à la place de Pazzini pour « assurer » la victoire contre le Hellas. C’est certes en forgeant qu’on devient forgeron, mais Pippo semble avoir épuisé ses coups sur le métal brûlant. En témoignent les rumeurs qui se multiplient au sujet de ses éventuels remplaçants. Pour correspondre au projet d’équipe jeune et italienne désirée par Berlusconi, les noms de Conte et de Montella reviennent ainsi avec insistance depuis un moment. Comme celui, moins hype mais tout autant à prendre en considération de Maurizio Sarri (entraîneur de l’Empoli), qui a émergé entre deux murmures de changement de propriétaires. L’environnement idéal pour Inzaghi… qui a d’ailleurs commenté ces bruits de couloir : « Cela ne m’intéresse pas. Je me concentre sur mon travail. Je ne suis pas préoccupé parce que je sens l’affection du président Berlusconi et du club. Je ne pense pas qu’ils puissent bluffer avec moi » . Attention Filippo, même le Christ a été trahi.
Par Eric Marinelli