- C1
- J4
- Étoile rouge Belgrade-Liverpool (2-0)
Milan Pavkov, le bourreau de Liverpool qui valait 300 000 euros
Bourreau des Reds avec ses deux coups de canon au Marakana, Milan Pavkov a sauvé les miches du PSG en même temps qu'il lançait avec brio son histoire avec la C1. Une chose est sûre : l'attaquant serbe n'a pas pris le chemin le plus rapide pour devenir le nouveau héros de l'Étoile rouge.
Il n’a pas eu beaucoup de cartouches à exploiter, et il ne fallait pas trembler pour faire mouche. En dégainant plus vite que son ombre – soit à deux reprises en l’espace de sept minutes – ce mardi soir face à Liverpool (2-0), Milan Pavkov s’est fait un nom dans la cervelle d’Alisson Becker à grands coups de plomb, et le portier brésilien des Reds n’a pas eu la force de se relever. Il faut dire que le puissant avant-centre serbe (1,88 m) n’a pas fait dans la dentelle pour faire de ce 6 novembre 2018 son quart d’heure warholien.
Face au marquage élastique de ses vis-à-vis sur coup de pied de coin, l’artificier de 24 ans s’est d’abord élevé au-dessus de la mêlée pour lancer la partie d’un coup de casque bien senti (1-0, 22e). Mais c’est moins de 420 secondes plus tard qu’il a définitivement fait basculer cette rencontre dans une autre dimension, envoyant valser Georginio Wijnaldum et profitant de la timidité de la charnière adverse pour envoyer une roquette au fond des ficelles, dans le remake libre d’un célèbre scénario dramatique français (2-0, 29e). Derrière tout ça, il y a la patte de Marko Marin, auteur des deux offrandes. Mais c’est bien le blase de Milan Pavkov qui restera associé à ce petit bout d’histoire du Red Star, et cela ressemble fortement à un retournement de veste du destin.
Acheté 300 000 euros en janvier 2017
Le chiffre tourne partout depuis le visionnage de ce doublé surprise par l’Europe du foot : 300 000 euros. C’est la somme que le vainqueur de la C1 1991 débourse en janvier 2017 pour s’attacher les services de ce droitier prometteur passé par les divisions inférieures qui commence tout juste à planter, au Radnički Niš (5 pions entre septembre et décembre 2016 en D1 serbe). Avant ça, le natif de Novi Sad – deuxième plus grande ville de Serbie – s’est révélé en D3 (dont il a terminé meilleur buteur en 2015) au ČSK Čelarevo avant d’accéder à la SuperLiga locale dans son fief au FK Vojvodina. 300 000 euros, donc : un pactole – record du club de Niš – aujourd’hui dérisoire au regard de son rendement honnête en championnat cette saison (5 banderilles en 10 matchs) et, surtout, au regard de la prestation qu’il vient de sortir face aux pointures du Liverpool FC. Mais un pactole qui, à l’époque, fait rapidement tache.
Ancien remplaçant de Damien Le Tallec
Car de toute la demi-saison suivant ce transfert, son entrée insignifiante de six minutes face au Novi Pazar (2-0) – en remplacement de Damien Le Tallec – juste après son arrivée, sera sa seule apparition en championnat. En vrac physiquement, incapable de satisfaire aux exigences de ses dirigeants, Milan est invité à retourner s’aguerrir en prêt de là où il vient, et la machine se remet en route : devenant chirurgical dans les 16 mètres, le bonhomme claque 23 fois en 33 parties avec le Radnički, qui se qualifie pour le tour préliminaire de C3. Mais c’est bien la coupe aux grandes oreilles que dispute cette saison la marmule de Novi Sad, depuis son retour dans une équipe de Belgrade qu’il a logiquement intégrée pour de bon. Jusqu’à mardi, il était encore vierge de tout tremblement de filets en Ligue des champions. Cette anomalie a été réparée avec la manière. Et si l’on est amené à revoir ces larges épaules faire le ménage parmi les meilleures défenses du continent, on ne pourra plus feindre l’étonnement.
Par Jérémie Baron