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Milan, les raisons d’y croire
Toujours coincé en milieu de tableau, le Milan AC n'a pas réalisé un grand début de championnat. Mais derrière la situation purement comptable, les Rossoneri commencent enfin à afficher des progrès. Et si le changement, c'était vraiment maintenant ?
Milan-Sassuolo, dimanche dernier à San Siro. Le Diavolo fait encore pâle figure lorsqu’Andrea Bertolacci, préservé après une grosse frayeur lors du trophée Luigi Berlusconi, effectue son entrée en jeu à une vingtaine de minutes du terme de la rencontre. Pourtant en supériorité numérique depuis la 30e minute et la double peine – penalty concédé + expulsion – très sévèrement infligée à Consigli, les Rossoneri ont concédé l’égalisation à leur bête noire Domenico Berardi (déjà 8 buts en carrière face au Milan). Surtout, les hommes de Siniša Mihajlović affichent une nouvelle fois toutes leurs limites dans l’animation offensive et peinent inexorablement à se créer des occasions. L’entrée en jeu de l’ancien joueur du Genoa, couplé à un passage en 4-4-2 dix minutes plus tôt, change toutefois la donne. Miracle : le Diavolo se met enfin à produire du jeu. Il y a du mouvement, les passes réussies s’enchaînent, et la pression finit par s’accentuer sur le but de Sassuolo. Qui finit par craquer sur un énième coup de pied arrêté, conclu de la tête par Luiz Adriano. Dans la douleur, l’essentiel est assuré pour le Milan. Avec une victoire très précieuse et vingt très bonnes dernières minutes sur lesquelles capitaliser. L’optimisme est de mise.
Progrès individuels et collectifs
Évidemment, une fin de match réussie contre une équipe de Sassuolo réduite à dix est très, très, très loin de suffire pour guérir le Milan de tous ses maux. Un coup d’œil au classement, où le Diavolo ne pointe qu’à une modeste 10e place, en atteste. Toutefois, les Rossoneri commencent bien à afficher quelques progrès. Pour commencer, le bloc équipe (défensif) des Lombards donne enfin des gages de confiance à Siniša Mihajlović. Il serait temps, puisque le Milan est la deuxième moins bonne défense de Serie A avec 15 buts encaissés en 9 matchs et aucune clean sheet. Lors des deux derniers matchs, face au Torino et à Sassuolo, le Milan n’a toutefois concédé que très peu d’occasions. L’arrière-garde rossonera prend ainsi doucement ses marques, dans le sillage d’un Romagnoli qui a sans doute réalisé sa meilleure prestation avec le Milan, face à Sassuolo. D’une manière générale, les vingt dernières minutes face aux Neroverdi démontrent surtout un potentiel bel et bien présent chez les Rossoneri. Sans s’attarder sur les 80 millions d’euros investis cet été, difficile de nier que l’effectif actuel du Milan peut et doit prétendre à mieux.
Reste à trouver la bonne carburation aussi bien à titre collectif que pour de nombreuses individualités. Et là encore, les dernières prestations réalisées par plusieurs joueurs sonnent comme de jolis motifs d’espoir. Alessio Cerci en est sans doute le meilleur exemple. L’ancien Granata qui traîne son spleen depuis son arrivée à Milan est enfin sorti de sa torpeur face à Sassuolo. Certes trop épisodiquement, mais c’est un début. Dans la même lignée, Bertolacci commence aussi à montrer de jolies choses. Tandis que Bacca parvient à mettre ses buts (déjà 5), ce qui n’est pas un mince exploit dans une équipe aussi peu en confiance. Il est maintenant primordial d’enchaîner, comme en a fait part Bonaventura, qui est très certainement le meilleur Milanais depuis le début de saison : « C’était comme une finale contre Sassuolo, et le principal était de gagner, pas de bien jouer. On doit continuer avec le même état d’esprit et continuer à gagner. » Une continuité de résultat qu’il faudra trouver dès ce mercredi face au Chievo. Avec l’avantage d’enchaîner un second match consécutif à San Siro où les Rossoneri restent sur 5 victoires en 6 matchs de championnat, à cheval sur cette saison et la dernière. Le bon endroit, au bon moment ?
Patience et continuité
À y regarder de plus près, la situation au classement n’est pas non plus rédhibitoire. Puisque le Milan n’était qu’à 5 points du bon wagon Inter-Napoli-Lazio qui se dispute les places en Ligue des champions, avant d’attaquer cette dixième journée (désormais 8 de l’Inter qui a gagné ce mardi à Bologne). Siniša Mihajlović n’a d’ailleurs pas perdu de vue le principal objectif de la saison, comme il le confiait en conférence de presse ce mardi : « Bien sûr que je crois à la Ligue des champions. Si la Juve, qui est derrière nous, croit encore au Scudetto, pourquoi nous ne devrions pas croire à la Ligue des champions. » Un exercice de rhétorique plus qu’autre chose peut-être, mais qui a le mérite de témoigner des possibilités de se refaire pour Sinisa et les siens. C’est d’ailleurs probablement maintenant que la saison des Rossoneri peut changer de tournure : « Le classement est serré, on doit gagner à tout prix contre le Chievo. Si on sait souffrir maintenant, la route sera ensuite en descente » , a ainsi jugé Mihajlović. Possible si le Milan arrive enfin à prendre confiance en enchaînant quelques bons résultats.
C’est bien là le nerf de la guerre pour des Rossoneri qui n’ont aucune base sur laquelle s’appuyer après deux saisons catastrophiques. D’où la nécessité de laisser du temps à Mihajlović pour trouver la bonne formule et de ne pas évoquer hâtivement son licenciement, dès les premières difficultés. D’autant plus que le Milan ne pourrait pas se le permettre économiquement avec Seedorf et Inzaghi toujours sous contrat. Le Serbe préfère, lui, souligner les progrès affichés et se concentrer sur les prochaines échéances : « Par rapport à il y a quelques mois, on est plus compacts et on subit beaucoup moins d’occasions que par le passé. Gagner nous donnera plus de confiance et les choses s’amélioreront aussi avec le retour des blessés. » Non pas que l’infirmerie soit pleine, mais avec les absences de Balotelli et Ménez, le Milan manque un peu de ressources offensives. Ce qui empêche pour le moment Mihajlović de reconduire le 4-4-2 aperçu en fin de match contre Sassuolo : « Quand on aura récupéré tout le monde, notre futur système de jeu sera le 4-4-2 » , a-t-il ainsi révélé. En attendant, le Milan poursuit sa (nouvelle) saison de transition, en espérant que celle-ci soit vraiment la bonne.
Par Eric Marinelli