- Serie A
- 8e journée
- Lazio/Milan
Milan, le sursaut passe par Rome
Ce soir, juste après le choc Juventus-Napoli, le Milan AC se déplace à Rome pour y affronter la Lazio. Les Milanais ont impérativement besoin d'une victoire pour se replacer et quitter cette maudite deuxième partie de tableau.
Ne cherchez pas dans les archives ou dans les almanachs. Vous ne trouverez aucun départ aussi catastrophique pour le Milan AC. Ou alors à une époque où c’était encore en noir et blanc. Sept points en sept journées, sept buts marqués, sept encaissés. La valse du sept, et pourtant, ce Milan-là est loin d’être un Milan de gala. La onzième place actuelle au classement n’est que la suite logique d’un été difficile et d’un début de saison tout aussi délicat. Milan ne s’est pas remis de la vague de départs de juillet-août (salauds de juilletistes et d’aoûtiens) et même si les dirigeants ont beau tenter de rassurer tout le monde, les tifosi ne sont pas dupes. Milan fait difficilement rêver les foules. Dur à admettre, mais vrai. Il est arrivé, lors des années précédentes, que le Milan AC débute difficilement son championnat. On se souvient notamment d’une saison 2008-09 où les Rossoneri avaient commencé par deux défaites contre Bologne et le Genoa ou bien de l’année suivante, quand l’équipe alors entraînée par Leonardo avait mangé un 4-0 dès la deuxième journée, lors du derby milanais. Des doutes avaient alors été émis, des questions posées, mais Milan comptait à l’époque dans ses rangs des joueurs du calibre de Maldini, Ronaldinho, Seedorf, Kaká, Nesta, Gattuso ou encore Inzaghi. Aujourd’hui, difficile de distinguer un ou plusieurs joueur(s) capable(s) de changer radicalement le cours des choses. À tel point que Berlusconi, pour faire revenir des grands joueurs, serait en train de se tâter à revendre une partie du capital. Les Russes sont à la fenêtre.
Des blessés et des prostituées
Juste avant la trêve, Milan s’est incliné face à l’Inter, lors du derby de la Madonnina. Une défaite 1-0, qui a donné lieu à plusieurs constats. L’équipe d’Allegri n’a pas offert une prestation dégueulasse, s’est même créé des occasions (et un but annulé) et aurait mérité l’égalisation. Alors, quoi ? Bah, en réalité, tout le monde a vu la même chose : une équipe sans réel fonds de jeu, qui a plutôt attendu que la lumière vienne d’une inspiration de Boateng ou de Robinho, mais qui semble dépourvue de joueurs en mesure de résoudre la situation à lui seul. Comme l’a souvent fait Ibrahimović la saison dernière (exemple : le Milan-Roma où Milan est mené 1-0, avec Zlatan qui claque un doublé dans la foulée). Depuis le début de la saison, seuls quelques éléments sortent du lot, côté milanais : El Shaarawy, auteur de buts décisifs, mais inexistant lors du derby, Montolivo, l’homme qui frappe de 30 mètres dès qu’il en a l’occasion, ou encore le jeune De Sciglio, qui s’impose de plus en plus comme titulaire dans cette équipe. Pour le reste, Massimiliano Allegri a du mal à trouver des rayons de soleil. Le coach a toujours la confiance des dirigeants, mais la moindre défaite pourrait désormais lui être fatale.
En effet, même si le championnat en est encore à ses balbutiements, Milan ne compte que deux points d’avance sur la zone de relégation (et encore, heureusement que Sienne comptait six points de pénalité, sinon Milan aurait actuellement deux points d’avance sur le dernier du classement !). Trop peu pour une équipe de son standing, qui a quasiment déjà dit adieu aux rêves de Scudetto. Et quand tout va mal, tout va mal : l’infirmerie milanaise ne désemplit pas. Pour le match contre la Lazio, Allegri va devoir faire sans Robinho, Abbiati, Muntari, blessés, et Ambrosini, suspendu. Quatre joueurs importants, notamment le capitaine, qui représente encore, au sein du groupe, le dernier Mohican du grand Milan d’Ancelotti. Enfin, les joueurs n’y mettent pas vraiment du leur pour rendre plus sereine l’ambiance à Milanello. Après M’Baye Niang qui s’est offert une virée en boîte de nuit avec l’équipe de France Espoirs (Galliani devait le rencontrer hier pour parler un peu de son comportement), c’est au tour de Nigel de Jong de faire parler de lui. Le milieu de terrain néerlandais aurait passé la soirée en compagnie de prostituées (et de Van Persie et Afellay) après le match contre la Roumanie. Le comble, ce serait que ce soit Berlusconi qui vienne lui faire la morale.
Le réveil de Hernanes
En face de toutes ces interrogations, il y a la Lazio. Une Lazio qui semble à l’heure actuelle à des dizaines de kilomètres des problèmes milanais. L’équipe romaine pointe à la troisième place du classement, à quatre points du duo Juventus-Napoli. Son début de saison est bien au-dessus des attentes, grâce aux cinq succès obtenus contre l’Atalanta, Palerme, le Chievo, Sienne et Pescara. Plus que les résultats, c’est la manière qui étonne. La Lazio développe du beau jeu, rapide, dynamique, bien loin des prestations souvent ennuyeuses affichées par la Lazio d’Edy Reja. Le secret réside en un nom. Vladimir Petković. L’arrivée du coach bosnien, cet été, avait laissé perplexe les supporters, qui attendaient du Roberto Di Matteo, du Zola ou même du Casiraghi. Pourtant, en quelques semaines, « le sergent Petko » , comme il est déjà surnommé à Rome, est parvenu à donner une identité à l’équipe et à redonner vie à certains joueurs qui s’étaient perdus lors des mois précédents. En tête de liste, Hernanes. Le Brésilien effectue un début de saison fou, avec des buts à gogo, des gestes de classe et une influence totale sur le jeu laziale. Son entente avec Klose fait des merveilles, l’Allemand ayant déjà planté cinq pions depuis le début du championnat, soit pratiquement la moitié de son total de l’année dernière.
Derrière, des joueurs comme Lulić et Candreva montent en puissance, au point d’obtenir, pour ce dernier, une convocation en équipe nationale. Même Ederson, arrivé gratuitement de Lyon, est en train de faire son trou, avec déjà deux buts importants inscrits sous le maillot biancoceleste. Comme l’affirme le technicien romain, « l’équipe garde les pieds sur terre, mais est totalement consciente de ses capacités » . Le ton est donné. « En terme de jeu, je ne vois que la Juve capable de proposer quelque chose de plus abouti » , ajoute-t-il même. De là à s’autoproclamer candidate au titre ? Non. Pas pour le moment. « Il faut d’abord penser à battre Milan, en étant clairvoyant sur le fait que nous sommes loin d’être favoris pour ce match. » La psychologie inversée. Pendant 14 ans, la Lazio a été incapable de battre le Milan AC en championnat d’Italie. La malédiction a pris fin le 1er février dernier, grâce à un succès 2-0 à l’Olimpico. Petković et les siens aimeraient bien qu’il ne s’agisse pas là d’un exploit isolé. Et peu importe si l’adversaire a un genou au sol.
Eric Maggiori