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Milan, le derby ou le vide
Éliminé de la Ligue Europa, Milan ne peut plus miser que sur la Serie A pour tenter de décrocher une place en C1, qui semblait relever du fantasme il y a encore trois mois. Depuis, les ouailles de Gattuso ont entamé un sprint qui les a ramenés à huit unités du rival interista. Un écart que les Rossoneri vont absolument devoir combler ce mercredi, en s'imposant lors du derby de Milan.
« Je vous rappelle que, jusqu’à récemment, la Ligue des champions était considérée comme une chimère hors de portée pour nous. » Ce samedi 31 mars, Milan vient de s’incliner face à la Juventus à l’Allianz Stadium, mais Gennaro Gattuso tient à remettre les choses en perspective. Histoire de rappeler qu’il a remis sur pied un Diavolo qui était, fin décembre, agonisant en championnat. Alors que le derby se profile, les espoirs de ses poulains d’accrocher la sacro-sainte C1 sont minces, mais bien réels. À condition de terrasser le rival nerazzurro ce mercredi, en match en retard de la 27e journée de Serie A.
Jeunes et tendres
À huit journées de la fin, les Rossoneri pointent à huit points des Interisti, actuels quatrièmes et détenteurs du dernier sésame pour la C1. Ce qui enlève de facto tout droit à l’erreur pour les Milanais. Pour espérer voir les étoiles de la Ligue des champions, Gattuso sait d’ailleurs qu’il marche sur la corde raide. Après n’avoir encaissé que quatre buts toutes compétitions confondues entre le 27 décembre et le 28 février, Milan marque le pas, alors que Gigi Donnarumma a dû aller chercher dix fois le ballon au fond de ses filets depuis début mars. Paradoxalement, les Milanisti ont aussi délivré des prestations encourageantes, comme face à Arsenal au milieu du mois dernier, ou plus récemment face à la Juventus ce week-end. Après le match face aux Bianconeri, Gattuso a notamment tenu à saluer la performance de ses joueurs : « Le résultat est un peu trompeur, un peu comme lors du match qu’on a fait à Londres, mais, malgré la défaite, nous sommes convaincus que notre idée de jeu est bonne. »
Rino ne s’est aussi pas privé d’identifier clairement les points qui fâchent. Et notamment cette tendance qui voit ses joueurs baisser d’intensité dans le dernier quart du match. Si Milan a montré avoir de la ressource face à des adversaires de moindre calibre, en l’emportant dernièrement en fin de match face au Genoa et contre le Chievo, les Lombards ont aussi à chaque fois encaissé deux pions dans les 20 dernières minutes face à Arsenal et à la Juventus. Un problème essentiellement physique pour Rino : « Quand on est autour de la 75e minute de jeu, l’organisation n’est plus suffisante, il vous faut des jambes, du physique. » Un sale défaut qui s’accroche décidément aux basques des Milanais, pour lesquels les fins de rencontres posent problème depuis le début de la saison. Sur les 35 pions qu’ont encaissés les Lombards en Serie A, huit ont été inscrits dans le dernier quart d’heure, soit 22% de leur total de buts encaissés. Peut-être la faute à la jeunesse d’un effectif qui manque encore de bouteille pour gérer sereinement les fins de matchs à enjeu : les Rossoneri alignent en effet régulièrement le onze le plus jeune de Serie A, avec une moyenne d’âge juste en dessous de 25 ans.
La menace Icardi
Un défaut récurrent, qui avait d’ailleurs déjà coûté aux Milanais le dernier derby disputé en Serie A face au rival nerazzurro. Un match remporté par l’Inter 3-2 dans le money time, grâce à un penalty inscrit par Icardi à la 90e minute. L’Inter, justement, évolue depuis quelques semaines dans une dynamique positive, à l’inverse des turbulences que traverse dernièrement l’ennemi milanais. Après avoir tenu en échec le Napoli mi-mars en bétonnant leur arrière-garde (0-0), les hommes de Spalletti ont dégommé 5-0 la Sampdoria, puis ont croqué le Hellas Vérone, 3-0. Un joli regain de forme, qui correspond sans surprise au retour en premier plan de Mauro Icardi. Plus discret depuis début décembre (deux buts en huit matchs de championnat), l’Argentin vient d’inscrire six pions lors des deux dernières journées et totalise déjà 24 buts en 25 matchs de Serie A.
En face, Gattuso, conscient de ne pas pouvoir se reposer sur une individualité aussi hors norme, a tenu à recadrer certains de ses joueurs comme Hakan Çalhanoğlu, régulièrement coupable d’excès d’individualisme et d’un repli défensif trop intermittent. Après la défaite face à la Juve, Rino ne s’est ainsi pas privé d’encorner l’ailier turc, pas franchement concerné au moment de défendre dans sa propre surface, ce qui a permis à Cuadrado de doubler la mise pour les Piémontais : « Au lieu de regarder en l’air et de brailler contre ses partenaires, Çalhanoğlu aurait pu chasser de près son adversaire. S’il s’était bougé le cul et avait couru, peut-être que cette situation aurait été différente. »
Pression financière
Ce rappel à l’ordre intervient alors que la rivalité sportive et régionale ne sera pas le seul enjeu de ce sommet face à l’Inter. Car Milan est plus que jamais soumis à un stress financier inédit, alors que le club a emprunté 303 millions au fonds d’investissement Elliott pour se relancer l’été dernier, somme qui devra théoriquement être remboursée d’ici octobre 2018, sous peine que ce fonds s’empare de la propriété du club. Pour relâcher la pression, une qualification pour la C1, synonyme de prize money et de droits TV alléchants, serait évidemment plus que bienvenue. De quoi encore faire monter en température le derby, comme n’a pas manqué de le relever Suso, l’ailier milanais : « Mercredi il y a le derby, qui, cette fois-ci, vaut tout. Le reste est déjà derrière nous. Il ne faut pas faiblir, tout particulièrement maintenant! » Foncer, pour faire abstraction du contexte et remporter la mise. Et peut-être s’éviter une fin de saison vide de sens et d’enjeux.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport