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Milan-Juve, chic et choc

Par Adrien Candau
Milan-Juve, chic et choc

Sommet souvent tronqué par le déclassement sportif du Milan, les retrouvailles entre le Diavolo et la Vieille Dame semblent retrouver un certain cachet cette saison, alors que les Rossoneri peuvent pour la première fois depuis des années prétendre au Scudetto. Jamais virtuoses, mais capables d'exploiter au mieux leurs possibilités, les Lombards feront face à une Juventus aux intentions offensives affirmées, mais dont le plan de jeu semble plus éparpillé.

C’est bien connu, en sport, l’incertitude est une bénédiction. Un supporter ne connaîtra pas d’extase supérieure à celle de voir ses joueurs embrasser la coupe au bout du suspense et des montagnes russes émotionnelles qu’une saison disputée peut provoquer. Cette sensation-là, la Serie A l’avait oubliée depuis longtemps, sans doute beaucoup trop. Voir le Milan et l’Inter regarder de nouveau les yeux dans les yeux la Juventus (les Piémontais pointent à dix points des Rouge et Noir, avec un match en moins) est donc la grande satisfaction de la première moitié de l’exercice en cours. Pour que la Serie A reste une lutte à plusieurs et que la partie de plaisir ne soit pas qu’éphémère, encore faudra-il que les clubs lombards restent à la hauteur. Alors que la Vieille Dame se présente à San Siro ce mercredi, Milan, si petit, si triste ces dernières saisons, a l’occasion de montrer qu’il revoit peut-être enfin les choses en grand.

Milan, les vertus du pragmatisme

Paradoxalement, le club lombard n’a pas changé structurellement, ces derniers mois. Derrière lui, c’est toujours l’ombre du fonds d’investissement Elliott qui plane, comme une menace diffuse. Le club reste aussi en proie à des difficultés financières majeures, qui limitent sa surface d’action. En mars 2020, la Gazzetta dello Sport révélait ainsi que Milan accusait un déficit record de 146 millions d’euros lors de l’exercice 2018-2019, soit la moitié des pertes cumulées par tous les clubs de Serie A cette saison. À défaut de retrouver des moyens dignes de son standing, Milan a réussi à appliquer une politique sportive cohérente, au moins à moyen terme. À cet égard, l’arrivée de Stefano Pioli, embauché en octobre 2019, est une réussite aussi indéniable que surprenante.

Les recrutements à des prix modérés de Theo Hernandez, Ismaël Bennacer, Ante Rebić et Alexis Saelemaekers, greffés au retour triomphant d’Ibrahimović, ont permis à l’ancien Mister de la Lazio de cuisiner une tambouille tactique un peu à part. De fait, son Milan embrasse un style peu en phase avec les canons des grandes écuries actuelles. Les Rossoneri ne sont par exemple que la 10e équipe en matière de possession de balle en Serie A (52%), les Lombards ayant intégré qu’il n’était pas dans leur intérêt de toujours essayer de prendre le jeu à leur compte. Pragmatique, adaptable et surtout très conscient de ses possibilités, Milan a la modestie d’acccepter de souffrir, face aux adversaires qui lui semblent supérieur techniquement.

Théo, tout là-haut

On l’a vu face à l’Inter lors du derby mi-octobre (victoire 2-1 des Rouge et Noir), ou encore fin décembre, face à la Lazio. Un match que les gars de Pioli, pourtant dominés, ont emporté 3 buts à 2, en cumulant seulement 32% de possession. Scénario identique face à l’équipe frisson de la saison, Sassuolo, le 20 décembre. Milan n’a eu le ballon entre les pieds que 33% du temps, ce qui ne l’empêchait pas de l’emporter 2 buts à 1. Comment ? D’abord en acceptant de jouer parfois très bas, quitte à ce que Bennacer et Kessié, les deux milieux relayeurs, passent plus de temps à blinder l’axe qu’à tenter des redoublements de passes. L’apport technique des milieux de terrain s’inscrit de toute façon d’abord dans la verticalité, dans une recherche immédiate de la profondeur vers les ailiers et les latéraux. Les joueurs de côté du Milan n’occupent usuellement pas une position haute quand l’adversaire a la gonfle, mais ce sont eux qui se projettent en nombre après la récupération du ballon. À cet égard, il faut souligner l’apport offensif monumental de Theo Hernandez. Le Français est le joueur milanais qui dribble le plus avec 101 tentatives dans cet exercice, très loin devant son dauphin, l’Espagnol Brahim Díaz, qui en totalise 69. L’ancien Madrilène est également le second joueur lombard qui a le plus centré (46 fois), derrière son pendant à droite, Davide Calabria. Il est également le deuxième Rouge et Noir qui a donné le plus de passes clés, derrière Çalhanoğlu.

Le brouillon de Pirlo

À l’esprit de contre-attaque et de rigueur défensive du Milan, la Juve oppose un style plus expérimental. Andrea Pirlo veut faire jouer à la Vieille Dame un football de mouvement, résolument offensif, créatif et entreprenant. L’idée est belle, et on a pu voir la Juventus proposer de belles séquences collectives cette saison, même si l’ensemble est encore trop inconsistant et irrégulier. À l’inverse du Milan, la Vieille Dame recherche la maîtrise et l’initiative du jeu et est l’équipe qui garde le plus le ballon en Serie A, avec près de 60% de possession. Les latéraux sont un rouage indispensable de sa construction offensive, même si elle en fait une utilisation radicalement différente de celle du Milan. Théoriquement organisée en 4-4-2 en phase défensive, la Juve attaque en 3-5-2, le milieu droit (au choix Kulusevski, Ramsey, McKennie ou Chiesa) plongeant dans l’axe, laissant ainsi l’aile à Juan Cuadrado. Positionné très haut, le Colombien est le joueur juventinoqui dribble et centre le plus. Il est aussi celui qui a délivré le plus de passes clés cette saison. Son absence face au Milan, le joueur ayant été signalé positif à la Covid-19 mardi, n’en sera que plus préjudiciable côté bianconero.

Avec ou sans Cuadrado, l’entrejeu piémontais constitue par ailleurs une faiblesse récurrente de la Vieille Dame, pas aidée par les prestations insuffisantes de Bentancur, Arthur et Ramsey. La Juve se retrouve ainsi parfois à tenir le ballon pour pas grand-chose et n’est même que la sixième attaque du championnat. Signe que le plan de jeu dessiné par Pirlo n’a pas encore dépassé le stade de l’esquisse, quand Milan affiche des ambitions plus modestes, mais davantage affirmées. Et si Stefano Pioli a beau affirmer que ce Milan-Juve « ne sera pas décisif », il serait plutôt légitime de penser le contraire. En cas de victoire ce mercredi, les Juventini seraient largués à 13 points des Rossoneri. Le Scudetto ressemblerait dès lors à une course haletante entre le Milan et l’Inter, où il serait désormais improbable d’imaginer la Juventus franchir la première la ligne d’arrivée.

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Par Adrien Candau

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