- Italie
- J32
- Inter-AC Milan (2-2)
Milan-Inter, les miroirs inversés
En crise de résultat ces dernières saisons, désormais propriétés d'investisseurs chinois, le Milan et l'Inter semblent suivre une évolution quasiment identique. Pourtant, le derby della Madonnina a démontré que les deux clubs restaient fondamentalement différents. Et feraient bien de s'inspirer l'un de l'autre pour enfin retrouver les sommets du football européen.
Du grand spectacle. Largués de la course à la Ligue des champions, Milanisti et Interisti ont offert à leurs tifosi un derby, un vrai. Une baston âpre physiquement, relevée techniquement, jusqu’à la 96e minute, qui a vu Zapata égaliser pour Il Diavolo dans un dernier souffle épique. Un nul logique, qui a magnifié les forces et faiblesses des deux formations, qui ont décidément beaucoup à apprendre l’une de l’autre pour redevenir deux machines de guerre de la Serie A.
La foudre interista, la sagesse milanaise
L’Inter, d’abord, a frappé deux fois sans prévenir, grâce au talent individuel de ses joueurs offensifs, dont certains n’ont pas grand-chose à envier à ceux de la Juventus. Antonio Candreva est l’un d’eux. L’ancien Laziale a ouvert le score en bouffant en un contre un son vis-à-vis milanais, Mattia De Sciglio, avant de battre Donnarumma d’une frappe impeccable. Ivan Perišić et Mauro Icardi ne sont pas en reste. Le Croate et l’Argentin ont démoli à eux deux la défense des Rossoneri sur une action supersonique, qui voit le numéro neuf lombard conclure un échange de haut vol avec l’ailier nerazzurro. Bref, comme souvent cette saison, l’Inter a frappé via des actions verticales, imprévisibles et surtout virtuoses. Mais n’a paradoxalement pas démontré de vraie maîtrise collective sur l’ensemble de la rencontre, permettant ainsi au rival milanais de refaire son retard.
Un esprit de groupe que les Interisti pourraient bien acquérir en regardant de plus près leur frère ennemi. Car si les Rossoneri ne disposent pas de la force de frappe de leur voisin, ils possèdent un coach, Vincenzo Montella, qui a su refaire du Milan un ensemble solide, dont les joueurs sont conscients de leurs qualités et limites. Et c’est en misant sur la force dégagée par son bloc équipe que Milan a réussi à revenir dans le match, d’abord en dominant globalement la rencontre, puis en faisant démonstration de ses ressources mentales, ne lâchant jamais l’affaire pour planter deux pions salvateurs par Romagnoli puis Zapata. Tout sauf un hasard pour une équipe habituée à se sortir les tripes pour l’emporter cette saison, puisque les Lombards ont obtenu près de la moitié de leur succès en Serie A par un but à zéro.
Le fric, c’est chic
Mais Milan aurait aussi de quoi apprendre en zieutant du côté du voisin nerazzurro. Depuis jeudi, le club rossonero est officiellement passé sous la coupe d’un conglomérat d’investisseurs chinois. Reste désormais à savoir si les nouveaux propriétaires auront les moyens de leurs ambitions. En 2013, l’Inter avait cédé près de 75% de son capital à l’homme d’affaires indonésien Erick Thohir, dont la capacité d’investissement s’est avérée très en deçà des objectifs initiaux du club qui visait un retour rapide en Ligue des champions. Finalement, les Nerazzurri semblent s’être trouvé l’année dernière un donateur maousse costaud en la présence du géant chinois de la distribution de produits électroniques Suning. Un mécène suffisamment généreux pour permettre aux Lombards de claquer quarante millions d’euros sur João Mario, 30 sur Gabriel Barbosa ou encore 25 sur Antonio Candreva ou Roberto Gagliardini. Milan, en retard d’un an, doit encore voir si l’homme d’affaires chinois Li Yonghong, nouveau président du club, parviendra à convaincre les autres copropriétaires d’investir dans l’achat de joueurs susceptibles de permettre au Diavolo de retrouver l’Everest du football européen. « Le club a un groupe qui possède les ressources nécessaires pour permettre à l’AC Milan de rivaliser avec les grands clubs internationaux » , assurait Silvio Berlusconi, quelques mois avant de céder la présidence du Milan. Le fric est désormais posé sur la table, des deux côtés. Et tout Milan retient son souffle, en attendant le prochain Derby della Madonnina.
Par Adrien Candau