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Milan, et si c’était en train de marcher ?
Critiqué, largué en championnat, le Milan AC semblait destiné à une fin de saison anonyme. Et puis, trois victoires consécutives ont réveillé les ambitions milanaises. Cinq points les séparent désormais de la zone Europe. Merci Seedorf ?
San Siro siffle. À l’unisson. Du premier au dernier supporter, quasiment sans exception. Nous sommes le 16 mars 2014 et les 39 000 tifosi présents ce jour-là dans l’enceinte du stade du Milan AC viennent d’assister à une démonstration. Celle de Parme, équipe joueuse et séduisante venue en Lombardie pour mettre à genoux les Milanais. Au coup de sifflet final, le constat est accablant. Milan vient de s’incliner 4-2 face à une équipe dont le joueur vedette est Antonio Cassano et le coach Roberto Donadoni, deux anciens de la maison, qui rappellent, chacun à leur manière, des époques prospères. Mais la nouvelle ère est à des années-lumière de ces moments heureux. Après cette défaite 4-2, la troisième consécutive en championnat, Milan est douzième de Serie A avec 35 points, à onze longueurs de la zone Europe, et avec un bilan déplorable de 9 victoires, 8 nuls et 11 défaites. L’avenir de Clarence Seedorf, coach débarqué sur le banc milanais le 16 janvier 2014, ne tient plus qu’à un fil. Avec un bilan de 13 points récoltés en 9 journées, le nouvel entraîneur est déjà au pied du mur. Une défaite sur la pelouse de la Lazio, le 23 mars, et c’est le licenciement. Mais le bon Clarence n’est pas du genre à aimer les histoires déjà écrites à l’avance.
Taarabt et Mexès, le renouveau ?
À Rome, le Milan AC accroche un point salvateur pour Seedorf. Un point qui lui permet, au moins, de repousser un éventuel coupage de tête d’une semaine. Manque de bol pour lui, le calendrier prévoit deux déplacements coriaces à Florence et Gênes avec, entre les deux, un match accessible face au Chievo. La presse se met déjà à parler d’une arrivée sur le banc de Pippo Inzaghi, mais Seedorf n’est pas résigné. Et il a bien raison, car l’improbable se produit : son Milan prend neuf points sur neuf lors des trois rencontres face à la Fiorentina (2-0), le Chievo (3-0) et le Genoa (2-1). D’un coup, alors que l’on pensait la formation rossonera destinée à une fin de saison tristoune dans le ventre mou du classement, l’hypothèse d’une qualification pour l’Europa League se ranime. De fait, dans le même temps, Parme, sixième, et l’Inter, cinquième, ne prennent que trois points sur neuf. Résultat : Milan n’est remonté que d’une seule place au classement (onzième), mais l’écart avec la zone Europe a fondu de onze à cinq points. Avec six matchs à disposition d’ici au terme de la saison, tout redevient possible. Et Seedorf s’est assuré un avenir à Milanello au moins jusqu’à la fin du championnat.
Reste à savoir, maintenant, comment le coach a pu faire revivre une équipe totalement à la ramasse depuis des semaines et des semaines. Car, sur le papier, ce Milan ne fait plus vraiment rêver. Adil Rami, Philippe Mexès, Adel Taarabt, Sulley Muntari… Des noms qui n’auraient jamais trouvé leur place dans le Milan des années Sacchi, Capello ou Ancelotti. Et pourtant, force est de constater que ce sont justement ces hommes-là qui sont en train de réveiller le Milan AC. Taarabt, par exemple, est arrivé en janvier au milieu de nombreuses moqueries, probablement justifiées au vu de ses performances depuis quatre ans en Angleterre. Pourtant, le Marocain a été décisif lors de la victoire de lundi soir à Gênes, et l’avait déjà été sur cette même pelouse génoise, il y a un mois et demi, contre la Samp. Des buts, mais aussi des passes décisives : trois, en tout, dont celle pour Honda face au Genoa, digne du meilleur trequartista. Taarabt, donc, mais pas seulement. Philippe Mexès, tellement décrié à chaque fois que Milan connaît des errances défensives (avec le classique : « Et dire qu’avant, Milan, c’était Baresi, Maldini, Nesta… » ), a été énorme lors des trois dernières sorties. Son but à Florence et le sauvetage sur la ligne à Marassi sont le symbole d’un Milan qui a su encaisser les critiques, et repartir. Déterminé.
Trois relégables lors des six derniers tours
Après, gare, évidemment, à ne pas se faire de fausses illusions. Trois victoires consécutives n’ont ni dissipé tous les doutes, ni transformé le Milan AC en une armada capable d’aller lutter pour le Scudetto. Mais certains signes ont de quoi rassurer les tifosi. L’an passé, l’équipe était parvenue, grâce à une deuxième partie de saison de feu, à se qualifier pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Mais, clairement, cette qualification portait un nom : Mario Balotelli. Avec ses 12 buts inscrits en 13 matchs, l’attaquant de la Nazionale avait pris le Milan sur ses épaules, au point de rendre toute l’équipe dépendante de ses prestations. No Mario, no party, en somme. Petit à petit, Seedorf est parvenu à faire disparaître cette addiction qui avait fini par pénaliser toute l’équipe. Car l’entraîneur a bien compris une chose : Supermario n’est jamais aussi bon que lorsqu’il n’est pas attendu. À l’inverse, quand toute la pression repose sur ses épaules, il s’agace et n’arrive pas à exprimer son immense talent. Le fait de donner les clefs du jeu à des joueurs comme Kaká, Taarabt ou Honda permet à Mario d’être plus serein et, du coup, de recommencer à être décisif, comme face à la Fiorentina et au Chievo.
Maintenant, les données du problème sont claires. Milan a un peu plus d’un mois pour atteindre une qualification en Europa League qui, il y a encore quelques jours, semblait inimaginable. Avec la Fiorentina hors d’atteinte, ils sont sept à se disputer deux places. Sept équipes qui, entre l’Inter, cinquième, et le Milan AC, onzième, se tiennent en cinq points. Or, le calendrier des Rossoneri n’est pas forcément le plus compliqué de tous. Les joueurs de Seedorf devront en effet affronter les trois équipes actuellement relégables (Catane et Livourne lors des deux prochains tours à San Siro, Sassuolo lors de la dernière journée), se déplaceront à Rome (match à haut risque) et à Bergame, et affronteront l’Inter lors d’un intense derby aux arômes européens. Pour espérer accrocher la sixième place, qualificative pour le tour préliminaire de la C3, Milan doit rafler au moins 13 points (4V, 1N, 1D). Un tableau de marche quasi impossible pour le Milan AC de l’hiver, mais certainement pas pour celui du printemps. « Trois victoires, c’est bien, mais nous ne devons certainement pas nous en contenter » , a assuré Seedorf après la victoire face au Genoa. Assurément, les tifosi ne s’en contenteront pas non plus.
Par Éric Maggiori