Milan AC-Inter : la guerre des clans

Il y a quelques jours, de l’autre côté des Alpes, un journaliste révélait que Carlo Ancelotti, le coach du Milan AC, s’était vu forcé d’offrir son chien à un ami car l’animal mordait tout le monde, même ceux qui lui tendaient du pain.

Très vite, plusieurs écoles de pensée se sont affrontées : il y avait ceux pour dire que la conduite d’un chien reflétait l’état d’esprit du maître, que le chien était mal élevé et qu’Ancelotti n’était qu’un bon à rien, incapable d’éduquer un clébard et donc par conséquent encore moins apte à entraîner une équipe de foot.

Il y en avait d’autres pour affirmer qu’Ancelotti transmettait à ses joueurs la même agressivité que celle qu’il avait transmise à son animal de compagnie. Au mileu, des observateurs se demandaient si la comparaison entre équipe de foot et chiens était la bienvenue. Le football italien a ceci de plaisant qu’il est extrêmement bavard : il est une coutume transalpine de parler pour ne pas dire grand chose avant les matchs importants.

Alors, ces dix derniers jours, Ancelotti a annoncé que son équipe marquerait sur corner, qu’il fallait être à 100 % pour battre une équipe comme l’Inter, qu’additionner les ballons d’or dans une équipe ne suffisait pas pour gagner un match, qu’il fallait aussi de la combativité. Ancelotti a aussi fait semblant que sa composition d’équipe était un secret d’état qu’il ne pouvait révéler, alors, grand prince, le mister Milaniste a donné le nom de sept titulaires, « les sept magnifiques » : Abbiati, Zambrotta, Maldini, Kaladze, Jankulovski, Gattuso et Kakà. Pendant dix jours, Ancelotti a fait semblant de se battre mollement avec les journalistes.
Mourinho, lui, a encore surpris son monde : il a envoyé son adjoint en conférence de presse, en rappelant qu’il aimait « donner de l’espace à ses collaborateurs, en Angleterre comme en Italie » . Il a également rappelé que malgré l’argent et les Ferrari, la seule et unique voiture qu’il considérait comme telle était une vieille Volvo cabriolet. Ces dix derniers jours, Mourinho était plutôt discret, au grand dam des journalistes.

Devant tant de ragots, on en avait presque oublié qu’un match de football se jouera ce dimanche à Milan entre le 9ème et le leader de Serie A, et qu’il y aura du beau monde sur le terrain, entre jeunes stars montantes (Pato), vieux briscards aguerris (Gattuso) et revenants (Adriano, Ronaldinho).

Parmi eux, un homme est tout désigné par la vindicte populaire pour être le héros de la rencontre. Il s’agit de Shevchenko, de retour au bercail après des années au purgatoire de la Premier League. Redemption time pour Sheva, l’homme qui a inscrit le plus de buts à l’Inter : frappes splendides, slaloms bien pensés, reprises de la couille, les Interistes ont déjà tout connu. Depuis le 23 octobre 1999, Sheva a claqué 14 buts aux Nerazzurri et est bien décidé à remettre ça. Berlusconi, parrain de l’enfant du joueur, aurait même misé avec un membre du gouvernement italien sur au moins un but de son ami Andriy.

Mais tout ça, Mourinho s’en tape. Hier, José est réapparu au top du hip-hop : il a jugé bon de s’en prendre à…Claudio Ranieri, le coach de la Juve : « Il a eu besoin de cinq ans en Premier League pour apprendre à dire ‘good morning’et ‘good afternoon’ » . Avant de dire que le derby était un match comme les autres et que de toute façon, l’Inter serait encore devant le Milan quoi qu’il arrive demain. Forcément….

Par Lucas Duvernet-Coppola