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Mikkel Damsgaard, la nouvelle pépite danoise
Sur la pelouse du stade olympique de Bakou, la Tchéquie et le Danemark vont s'affronter dans un duel d’outsiders en quarts de finale de l’Euro 2020, avec le désir ardent de rejoindre le dernier carré. Pour les Scandinaves, il s’agirait d’une première depuis 29 ans et leur exceptionnel sacre en 1992. Pour y parvenir, ils pourront compter sur Mikkel Damsgaard, leur dernier joyau du Royaume qui explose aux yeux du monde entier dans ce championnat d’Europe, et qui fêtera sa vingt-et-unième année ce samedi.
Parken Stadium de Copenhague, le 21 juin dernier. Après deux défaites en autant de matchs joués « à domicile » dans le groupe B, et la perte du miraculé Christian Eriksen, le Danemark joue sa survie face à la Russie et doit impérativement s’imposer pour espérer poursuivre sa route dans cet Euro 2020. Une mission parfaitement intégrée par Mikkel Damsgaard, vingt ans et propulsé titulaire pour remplacer le numéro 10 danois. Plein d’insouciance et de talent, le milieu de la Sampdoria va placer son équipe sur les bons rails à la 38e minute en envoyant un missile téléguidé dans les buts de Safonov, complètement impuissant. La suite ne sera qu’une formalité pour Damsgaard et ses coéquipiers qui vont écrabouiller la Sbornaïa (1-4) et rejoindre les huitièmes de finale où ils se montreront tout aussi intraitables face au pays de Galles (0-4). Un véritable rouleau compresseur dont le numéro 14 de la Danish Dynamite est l’élément déclencheur, lui qui ne cesse d’impressionner depuis son plus jeune âge.
Le prodige de Jyllinge
C’est à une cinquantaine de bornes à l’ouest de Copenhague, dans la petite ville de pêcheurs de Jyllinge où vivent environ 10 000 personnes, que le jeune Mikkel a découvert le football. D’ailleurs, son entraîneur au cours de ses huit années passées au Jyllinge FC n’était autre que son père, Henrik. Un excellent souvenir pour le fiston. « Mon père m’entraînait la plupart du temps. C’était cool de voir comment le club s’est développé lorsque j’y évoluais, se souvient-il. C’est ici que j’ai appris le plaisir du football. » Au-delà du plaisir, Damsgaard développe également une certaine qualité de jeu et finit par être repéré par l’un des grands clubs du pays, le FC Nordsjælland, champion du Danemark en 2012, bien que ce recrutement ne fût initialement pas dans les plans du club. « Je me souviens très bien du jour où j’ai vu jouer Mikkel pour la première fois, se remémore Rene Klark, coach des U12 de Nordsjælland et responsable du scoutingdes 9-12 ans. J’avais eu quelques échos d’autres scouts de Nordsjælland faisant état de joueurs à suivre au Jyllinge FC. Je suis allé les voir lors d’un match et pour être honnête, je ne les ai pas trouvés très bons après la première période. Je me suis dit : « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »Cependant, ils sont montés d’un cran dans le deuxième acte pour l’emporter 5 ou 6-2. Je n’étais pas venu pour observer Mikkel, et d’ailleurs sa performance n’était pas la plus exceptionnelle que j’ai pu observer. Il n’était pas très grand et n’était pas le plus rapide sur le terrain, mais il avait de très bonnes idées dans sa façon de jouer. »
Pour Klark, ce sont la qualité de passe, les prises de décision, la première touche de balle et le positionnement du garçon pour être toujours entre les lignes qui l’ont impressionné. « C’est inhabituel pour un enfant de douze ans », enchaîne-t-il. Et surtout suffisant pour convaincre le récent champion du Danemark d’enrôler Damsgaard en 2013. Une aventure commune qui va durer sept ans avec le club de la ville de Farum, où Damsinho – comme on le surnomme au Danemark – va vite grimper les échelons et disputer son premier match avec l’équipe professionnelle le 27 septembre 2017 lors d’un troisième tour de Coupe largement remporté (0-4) face au modeste club de Vejgaard, avant d’effectuer ses débuts en Superliga deux mois plus tard, le 26 novembre 2017 lors d’un large succès face au AC Horsens (6-0). Le début d’une histoire fantastique pour Damsgaard, à tout juste 17 ans.
Un visage de bambin, un talent d’assassin
Deux ans et demi plus tard, le petit prodige a empilé 93 matchs avec Nordsjælland, inscrivant 13 buts et délivrant 21 passes décisives. Tout ça avant même de souffler sa vingtième bougie. Un talent brut qui n’échappe pas à plusieurs clubs européens, dont la Sampdoria, qui va débourser 6,5 millions d’euros pour s’attacher ses services à l’été 2020. Pour son départ, les Tigres sauvages sortent d’ailleurs un mini-documentaire intitulé Il Ragazzino (Le petit garçon en français), retraçant le parcours du golden boy tout en faisant intervenir ses parents et d’anciens entraîneurs. Mais la progression de Damsgaard ne s’arrête pas là. Avec la Samp, il dispute 37 matchs toutes compétitions confondues lors du dernier exercice, pour 2 buts, 4 passes décisives et une énorme influence dans le jeu offensif du neuvième de Serie A. De quoi récolter les louanges de Claudio Ranieri. « Damsgaard est un enfant prodige, s’enflammait le coach italien après une victoire contre la Fiorentina en février dernier, lui qui était à la tête des Blucerchiati jusqu’à la fin de son contrat le 30 juin dernier. Il doit être tranquillement géré sans lui imposer trop de responsabilités. »
Un sentiment partagé par le sélectionneur danois Kasper Hjulmand – qui n’est autre que l’entraîneur à avoir lancé Damsgaard dans le grand bain à Nordsjælland – lorsqu’il appelle pour la première fois son ancien poulain en équipe nationale, à l’automne dernier. Ce dernier se met pourtant en évidence dès sa première sélection, le 11 novembre 2020, avec une passe décisive lors du succès contre la Suède (2-0), avant d’inscrire un doublé pour sa deuxième cape quelques mois plus tard lors d’un carton contre Andorre (8-0). Il aborde finalement l’Euro avec trois sélections et 190 minutes au compteur, dans un rôle de remplaçant qu’il quittera dès la deuxième journée pour remplacer au pied levé Christian Eriksen dans le onze danois. Pas de quoi effrayer Damsgaard, qui impose sa patte sur chaque rencontre, se fend d’un but somptueux donc, d’une passe décisive (faisant monter ses statistiques à 3 pions et 4 assists en seulement 6 rencontres disputées) et 5 passes-clés en 3 matchs durant le championnat d’Europe. Un véritable visage de bambin saupoudré d’un talent d’assassin sur lequel comptera forcément son sélectionneur au moment d’aborder ce quart de finale face à la Tchéquie, le jour de ses 21 ans. Et si, pour cette journée spéciale, il s’offrait un fantastique cadeau en aidant son pays à choper un ticket pour le dernier carré de la compétition ?
Analyse, paris à prendre & meilleurs bonus : Retrouvez notre pronostic République tchèque – Danemark sur le premier quart de finale de ce samedi !Par Fabien Gelinat
Props de MK et RK tirés du documentaire Il Ragazzino