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Mikel Merino, le régal de la Real Sociedad actuel leader de la Liga
Homme de base d’Imanol Alguacil au sein de la Real Sociedad, Mikel Merino n’est pas étranger au départ en boulet de canon des Txuri-Urdin, actuels leaders de la Liga. Passé par l’étranger, le milieu de terrain fait éclore son talent aux yeux de l’Espagne, ravie de rapatrier un chef d’orchestre supplémentaire dans ses rangs. Et apparemment, la partition ne fait que commencer.
Cette mini-coupure estivale a laissé des traces, dans les organismes. Que ce soit au Real Madrid, ou au FC Barcelone : les deux cadors du championnat d’Espagne tirent la langue, devant ce marathon interminable de matchs qui bat son plein. À côté de cela, la Real Sociedad semble en plein essor. À l’image d’un de ses membres, Mikel Merino. Lors de la défaite contre Naples ce jeudi à Anoeta (0-1), le milieu de terrain axial a dépassé les 1000 minutes jouées depuis le début de l’exercice 2020-2021. Depuis sa première sélection avec la Roja contre l’Allemagne en Ligue des nations (1-1), le natif de Pampelune a joué treize autres rencontres en l’espace de 52 jours. Dont onze en tant que titulaire, sans compter sa précédente saison à plus de 3600 minutes sous le maillot de la Real. À ce rythme-là, Merino pourrait dépasser les 4000 minutes passées sur un rectangle vert sur l’intégralité de la saison. Mais comment est né ce monstre d’endurance et de performance ?
Osasuna, famille et réseaux sociaux
Déjà, il faut comprendre que Mikel n’est pas né de père inconnu. Le paternel, Ángel Miguel Merino, est un ancien footballeur professionnel passé par Osasuna entre 1988 et 1994. Une période suffisamment longue pour laisser son empreinte dans le club de Navarre, et faire rêver un fiston qui souhaite suivre les pas de papa. Ancien directeur du centre de formation de Tajonar, Enrique Martín se souvient d’un garçon déjà « suivi de longue date par la fédération espagnole ». Lorsqu’il atteint ses dix-sept ans, Osasuna souffre de problèmes financiers et Merino se retrouve même proposé à un club français pour « une somme entre un et deux millions d’euros ». Finalement, l’affaire capote. Pas grave : Osasuna restera toujours la terre d’accueil des Merino. « Je voyais Mikel comme un garçon avec des capacités de projection intéressantes, confie Quique Martín, devenu par la suite l’entraîneur de l’équipe première en 2015-2016. Au-delà de sa vision de jeu, sa qualité de travail quotidienne et sa progression constante sur le plan physique, je le considérais capable de venir apporter un soutien à l’attaquant s’il était placé un peu plus haut sur le terrain. Sa frappe de balle était également une arme, et je voulais en faire profiter l’équipe. Le souci, c’est que je n’avais pas de milieu récupérateur assez complet pour le faire monter d’un cran. »
À l’intersaison, le club fait le nécessaire pour recruter Manuel Sánchez López (aujourd’hui au Real Ávila) et parvient ainsi à mettre son diamant dans les meilleures dispositions pour performer, mais la clé n’est pas encore tout à fait trouvée. « Durant la saison, je le voyais bon, mais il lui arrivait parfois d’être frustré par ses prestations, rembobine Martín. Dès lors, il m’a demandé mon avis sur la manière dont il devait se comporter pour s’améliorer… La chose sur laquelle je l’ai aidé, c’était dans sa façon d’aborder les réseaux sociaux. Aujourd’hui, une mauvaise utilisation de cet outil peut t’affaiblir le moral. Cela peut être utile, mais ça peut aussi t’obséder. Nous avons discuté là-dessus pour nous recentrer davantage sur l’aspect footballistique, mental et humain. À partir de ce moment-là, Mikel s’est mis à briller. » Le smartphone laissé de côté, Merino devient décisif au moment crucial avec trois buts et deux passes décisives dans les barrages d’accession à la Liga (contre le Nàstic de Tarragone, puis le FC Gérone). Le joueur semble prêt à découvrir la Liga, mais l’appel de l’étranger est déjà dans les tuyaux. Depuis décembre, son club conclut un transfert avec le Borussia Dortmund à hauteur de trois millions d’euros bonus inclus.
Délaissé par Tuchel, épanoui à Saint-Sébastien
« Quand l’offre de Dortmund est arrivée, j’avais prévenu mon président : d’ici six mois, son prix de vente allait facilement doubler, poursuit Martín. Nous aurions pu mieux le vendre, à la fois au niveau économique et sportif. » Outre-Rhin, Merino fait connaissance avec le très haut niveau en même temps que le décalage culturel d’un groupe à majorité germanophone dirigé par Thomas Tuchel. Peu utilisé, son pari de l’étranger s’avère globalement perdant. « Je suis resté en contact avec lui, durant cette période, confie Martín. Mikel ne se sentait pas à l’aise, il dégageait de la tristesse, car son envie était de jouer. Là, je lui ai conseillé de bien s’accrocher aux entraînements. Car à cet âge et ce niveau-là, même si tu joues très peu, tu apprends tous les jours dans les oppositions entre coéquipiers. » Prêté à Newcastle United puis revendu dans la foulée chez des Magpies coachés par Rafa Benítez, Merino se refait une santé sans épater la galerie pour autant. À l’été 2018, l’Espagnol voit l’offre de la Real Sociedad comme une manière de se rabibocher avec une Liga qui ne l’avait jamais vraiment quitté des yeux.
« Globalement, l’étranger lui a permis de se rendre compte de ce qu’il avait ici, analyse Martín. À Saint-Sébastien, il est à 45 minutes de Pampelune avec son cocon familial et ses amis d’enfance. Mikel trouve son équilibre de cette manière et quand je le vois sous le maillot de la Real, j’ai l’impression de voir le Mikel que j’ai connu avec toutes ses qualités utilisées à bon escient. En phase défensive comme dans le jeu offensif, il a pris beaucoup de volume. » Champion d’Europe avec l’Espagne U21 en 2019, Merino poursuit sa courbe de croissance et sa capacité à performer sur la durée à 24 ans laisse planer des ambitions. « Quand il s’est fait convoquer par Luis Enrique la première fois, je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que j’étais très heureux et que j’étais convaincu que cela allait perdurer dans le temps, conclut Martín. À vrai dire, j’ai la sensation qu’il n’a montré que la première partie de son potentiel. Si tout se passe bien, il jouera un jour pour le Barça ou le Real Madrid. » Dans ce cas, il sera probablement autorisé à répondre à l’appel.
Par Antoine Donnarieix
Propos recueillis par AD