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- Udinese-Milan (2-3)
Mike Maignan, tu ne seras jamais seul
Sur le terrain de l’Udinese, Mike Maignan a une nouvelle fois été victime de cris racistes. Si le portier français était déterminé à frapper fort en quittant le terrain pour de bon, il s’est retrouvé bien seul dans sa démarche. L’occasion de frapper fort contre le racisme a une nouvelle fois été manquée.
Du rythme, de l’engagement et deux équipes joueuses. Ce samedi soir à Udine, la rencontre entre l’Udinese et le Milan débutait sur de bonnes bases. Mais la fête a rapidement été interrompue peu après la demi-heure pour un incident malheureusement devenu courant de l’autre côté des Alpes. Peu avant la demi-heure de jeu, Mike Maignan se dirige vers Fabio Maresca, l’arbitre de la rencontre, pour lui signaler des cris racistes à son encontre venant de la Curva Nord frioulane. Le speaker fait une première annonce. Mais rien ne change. La situation empire même. À tel point que le dernier rempart rossonero retire sa paire de gants et quitte le terrain.
Déterminé à frapper fort, Magic Mike rentre au vestiaire. Et après quelques minutes d’interruption, le match reprend, comme si de rien était. Plus vraiment dans son match, Maignan encaissera même un but de Samardžić après la reprise. Si le Milan est parvenu à l’emporter dans le money time, l’essentiel était ailleurs. « J’ai entendu des personnes faire des bruits de singe derrière moi et j’ai dit à l’arbitre de la rencontre qu’on ne pouvait pas continuer à jouer au football dans ces conditions. Cela ne devrait pas arriver dans le football », a réagi Maignan après la rencontre. Après sa victoire en terre orléanaise, Kylian Mbappé a également souhaité transmettre son soutien à son compatriote sur X : «Tu es très loin d’être seul Mike Maignan. On est tous avec toi. Toujours les mêmes problèmes et toujours AUCUNE solution. Trop c’est trop ! » Désolé de te contredire Kyk’s, mais ce soir, Mike était bien seul. Du moins dans sa démarche.
Toujours le même refrain immonde
Kean, Makoumbou, Osimhen, Vlahović, Banda, Leão et donc Maignan, pour ne citer qu’eux. Si, sur le rectangle vert, la Serie A propose un contenu séduisant, elle doit encore faire face au nombreux cas de racisme. En réponse, les instances tentent à coups de fermeture de tribunes ou de condamnation des auteurs d’éradiquer un fléau qui aurait besoin d’une réponse beaucoup plus ferme. « Nous sommes solidaires de Maignan et condamnons fermement ce qui s’est passé à Udine. L’arbitre a fait du bon travail en suspendant le match », a réagi après la rencontre Gabriele Gravina, le président de la Fédé italienne. Certes, il y a des déclarations, des campagnes « Non au racisme », des messages sur les écrans géants des stades à la mi-temps, mais alla fine, le cancer s’avère pour le moment incurable. Pour preuve : après la rencontre, Gabriele Cioffi – le coach de l’Udinese – n’aura aucun mot pour le gardien français et lâchera simplement à la presse un laconique « je préfère parler de football ». Une déclaration qui témoigne du manque de sérieux de certains acteurs du Calcio face au racisme.
Le cas de Mike Maignan – déjà victime à plusieurs reprises de racisme depuis son arrivée en Lombardie – aurait pu et aurait déjà dû faire bouger les choses. Au moment où Magic Mike jette ses gants et décide de rentrer aux vestiaires, la totalité des acteurs (joueurs, staff, arbitres) auraient dû l’accompagner. Finalement, certains coéquipiers lui feront comprendre qu’il doit passer outre. Et l’international français regagnera ses cages, sous les sifflets de nombreux tifosi de l’Udinese. Preuve que l’épine est toujours bien enfoncée dans le pied.
We love you, Mike #UdineseMilan #SempreMilan pic.twitter.com/IJMpqBzVAm
— AC Milan (@acmilan) January 20, 2024
« Tant qu’on traitera ces événements comme des incidents isolés et que l’on n’aura pas une action globale, l’histoire est amenée à se répéter, encore et encore et encore », expliquait alors Magic Mike après un match face à la Juve en octobre 2021, avant de conclure : « Qu’est-ce qu’on fait pour combattre le racisme dans les stades de football ? Est-ce qu’on croit vraiment que c’est efficace ? Dans les instances, les personnes qui décident savent-elles ce que ça fait d’entendre des insultes et des cris nous reléguer au rang d’animal ? » Dans la foulée de la rencontre, la Digos (Division of General Investigations and Special Operations) a décidé d’ouvrir une enquête pour identifier les auteurs des cris racistes. Si cela est une bonne chose, c’est clairement insuffisant. Ce samedi soir, les Rossoneri et les Friulani avaient l’occasion de frapper fort face au racisme en accompagnant Maignan aux vestiaires. Au bout du compte, ils ont simplement laissé une nouvelle fois un homme, seul, combattre un mal qui dépasse sa simple personne.
Par Tristan Pubert