Mike Maignan, toujours aussi magique

La confirmation est sûrement l’étape la plus compliquée dans une carrière. Ce samedi, lors du Derby de la Madonnina remporté par le Milan (3-2), Mike Maignan a (encore) confirmé qu’il était bien le meilleur portier du championnat, et peut-être même le meilleur gardien qui trimbale une carte d’identité française dans son portefeuille. Débarqué à l’AC Milan l’été dernier après une saison XXL avec le LOSC, couronnée par un titre de champion de France, Mike Maignan a montré aux Rossoneri que perdre Gianluigi Donnarumma n’était pas forcément un drame. Son premier exercice en rouge et noir a été fantastique, récompensé par un Scudetto et le titre de meilleur gardien de Serie A. Et sa deuxième saison repart sur les mêmes bases. Dans la lignée de sa prestation contre Sassuolo, mardi dernier, où il a repoussé un penalty pour préserver le point du nul (0-0), son match face à l’Inter a été délicieux.

Présent quand ça compte

Si ce sont bien ses coéquipiers qui ont dominé la partie, Mike Maignan a tout de même fait face à des Nerazzurri dangereux à chaque fois qu’ils ont pointé le bout de leur nez près de sa surface. Il ne peut pas faire grand-chose sur l’ouverture du score de Marcelo Brozović, ni sur la réduction de l’écart par Edin Džeko. C’est d’ailleurs à partir du but du Bosnien que Maignan a fait parler son talent. Alors que ses partenaires, qui maîtrisaient pourtant le match, ont commencé à perdre les pédales, le gardien formé au PSG a tenu la baraque et évité l’égalisation intériste. Il se distingue d’abord en allant au sol à une vitesse supersonique sur une tête à bout portant de Lautaro Martínez (70^e). Le genre de parade qui dégoûte un attaquant. Il stoppe ensuite une contre-attaque menée par Džeko (74^e), puis réalise une parade monstrueuse en décollant pour sortir de sa lucarne un missile téléguidé de Hakan Çalhanoğlu (77^e).

Des arrêts aussi beaux que cruciaux. Maintenir son équipe à flot alors qu’elle commence à boire la tasse, c’est le propre des grands gardiens. Sa dernière intervention le symbolise d’ailleurs parfaitement lorsqu’il est allé batailler pour capter un ballon sur un centre dangereux (91^e). Une sortie bernardlamaesque. Mais Stefano Pioli, le coach des Rossoneri, sait à quoi s’attendre concernant son dernier rempart. « Si plus tôt, j’ai dit que l’équipe m’a surpris, lui ne me surprend plus. J’ai une grande estime pour Mike… Même en tant que personne, d’une richesse incroyable. Il est clair que si on fait de très bons résultats, c’est parce qu’on a des joueurs de haut niveau : Maignan est l’un d’entre eux », a-t-il jubilé après le derby.

Cette prestation, si importante dans une rencontre si particulière, pose forcément la question de sa place dans la hiérarchie des gardiens en équipe de France. Surtout que Franck Raviot, l’entraîneur des gardiens des Bleus, était dans les travées de San Siro, donc aux premières loges pour assister au récital de l’international tricolore (4 sélections) et à l’excellente performance d’Olivier Giroud, encore buteur. Solide doublure d’Hugo Lloris, Mike Maignan pourrait sûrement prétendre à un peu mieux. Chambouler l’ordre établi à quelques semaines d’une Coupe du monde ne semble toutefois pas dans les habitudes du pragmatique Didier Deschamps. D’autant plus que le niveau de Lloris, moins impressionnant que celui de son compatriote, n’est pas non plus inquiétant. Au contraire. Mais Maignan est magique. Et il n’a même pas besoin d’un marabout pour l’être.