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Mike Maignan, le gardien du futur
Après avoir connu l'enfer l'année dernière avec le LOSC, Mike Maignan s'est imposé comme une référence de Ligue 1 cette saison. Le jeune gardien de 23 ans semble même répondre aux nouvelles exigences de son poste, grâce à son aisance balle au pied et à une palette de plus en plus complète. Et si c'était lui, le futur portier de l'équipe de France ?
Pour beaucoup, le mois d’avril est celui du retour du soleil, des températures agréables et du chocolat caché dans le jardin. Mais pour Mike Maignan, c’est peut-être avant tout un mauvais souvenir. Il y a un an tout pile, le portier lillois était envoyé sur le banc par Christophe Galtier, laissant sa place à Hervé Koffi pour trois matchs, en plein sprint final pour le maintien en Ligue 1. Puis, il a retrouvé sa place de titulaire, il a vu le LOSC rester dans l’élite et il est reparti pour une nouvelle saison dans le costume du numéro un. Aujourd’hui, Maignan illustre parfaitement le renouveau lillois et la solidité d’une équipe ayant retrouvé la confiance. La preuve, le gardien de 23 ans a seulement encaissé 31 pions en 35 matchs toutes compétitions confondues cette saison, quand il avait terminé le dernier exercice avec 57 buts encaissés en 36 apparitions. Sacrée progression.
« Il avait du mal à maintenir une exigence, à se concentrer, expliquait Galtier en conférence de presse en septembre. Il avait peut-être aussi une manière de se préparer individuellement qui n’était sûrement pas adaptée à l’exigence du haut niveau. Il me semble qu’il a modifié beaucoup de choses et qu’il est beaucoup plus à l’écoute des conseils qu’on peut lui donner. » Couvé par l’entraîneur des gardiens lillois, Nuno Santos, Maignan s’est imposé comme l’un des tout meilleurs portiers cette saison en L1. Mieux, le natif de Cayenne semble répondre aux nouvelles exigences du poste – notamment le jeu au pied – à un moment où les derniers remparts français ne sont peut-être plus vraiment considérés comme des références dans un football en perpétuelle évolution.
Rabiot, Kimpembe et le foot en salle
Il faut remonter à la source pour comprendre le style de Maignan, plus précisément à ses années au club de Villiers le Bel JS, dans le Val-d’Oise, où son entraîneur Romain Damiano l’a installé au poste de gardien : « Il a commencé joueur de champ au départ, il a toujours eu un bon jeu au pied, même chez les jeunes. Mais même quand il était gardien, je le faisais participer au jeu à l’entraînement, j’ai toujours fait ça. Aujourd’hui, ils font entièrement partie du jeu, beaucoup plus qu’avant. Si on observe les portiers de haut niveau, ils sont placés de plus en plus haut quand l’équipe domine, ils participent au jeu. C’est comme un libéro à l’ancienne, et je demandais à Mike de jouer comme ça quand il était jeune. » Et son départ au Paris Saint-Germain en 2009, où il s’est définitivement installé dans les bois dans l’espoir de percer chez les professionnels, n’a pas fait disparaître son envie de quitter parfois sa surface de confort pour aller tâter le cuir avec les copains. « À l’époque, on laissait les gymnases en accès libre pendant les vacances scolaires, nous voulions recréer le football pratiqué dans la rue en salle, se souvient Romain Damiano. Et je vous laisse imaginer que Mike a beaucoup fréquenté ce dispositif dès son plus jeune âge. Quand il était au centre du PSG, il venait avec Kimpembe, Rabiot, Conte et d’autres, et ça donnait de sacrées parties contre d’autres jeunes fréquentant également des clubs pros. On organisait des tournois et des matchs de quartier et son équipe s’appelait Les Invincibles, ça en dit long sur son état d’esprit. »
Un état d’esprit qui lui permet aussi d’être conscient d’avoir encore une marge de progression importante, à seulement 23 piges et près de 100 apparitions chez les professionnels. Maignan a déjà affiché des progrès importants dans son jeu au pied cette saison, sachant que Marcelo Bielsa était probablement très exigeant avec lui dans ce domaine. « Pour moi, il prend moins de risques qu’avant. La saison dernière, j’avais l’impression qu’il cherchait toujours à relancer court et propre, et parfois ça pouvait mettre son équipe en difficulté, juge Romain Damiano, qui dit avoir toujours considéré le portier lillois comme un fils. Cette année, il a progressé sur la capacité à savoir ce qu’il faut faire au moment de la relance, si c’est trop risqué ou non. C’est une forme de maturité et ça témoigne d’une vraie progression dans la lecture du jeu. »
Et demain, les Bleus ?
Maignan n’est pas seulement un joueur à l’aise balle au pied, c’est surtout un gardien de plus en plus complet. Le colosse (1,91m) est plutôt bon sur sa ligne, plus mobile qu’avant et surtout, il excelle dans l’exercice des penaltys (46% de réussite sur 13 tentatives depuis qu’il est à Lille). Au point qu’en avril 2018, un programme basé sur un algorithme fonctionnant à partir des données de la société Opta a envoyé Maignan dans une liste des 23 idéale pour voir la France remporter la Coupe du monde. Depuis, les Bleus ont décroché la deuxième étoile sans lui, et le trio Lloris, Mandanda, Areola semble quasiment indéboulonnable, même si Costil et Lecomte ont pu profiter des blessures pour se faire une petite place en sélection le temps d’un rassemblement. À quand la chance de Maignan ? Le jeune gardien n’est pas pressé, après avoir connu toutes les catégories jeunes en équipe de France, surtout qu’il devrait connaître sa première expérience en Ligue des champions la saison prochaine. « Il a la mentalité pour aller chercher cette place de numéro un chez les Bleus, glisse Romain Damiano. Je n’en ai pas discuté avec lui, mais je suis certain que ça doit lui trotter dans un coin de la tête, c’est obligé. » Reste à savoir si l’idée fait son chemin dans celle de Didier Deschamps.
Par Clément Gavard
Propos de RD recueillis par CG.