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Mike, le Lou et le derby mancunien

Par Ronan Boscher, à Manchester
Mike, le Lou et le derby mancunien

C'étaitt il y a une petite quarantaine d'année. Quand City regardait un peu plus vers le haut que United, sur le déclin. Quand la police devait intervenir pour veiller au bon déroulement du derby de mars 1974. Et pas pour une histoire de supporters nerveux.

En 1974, la France ne connaît pas encore Lou Doillon ni même le Lou Pérac. En Grande-Bretagne, à la même époque, Lou Reed, délesté du Velvet Underground, explose tous les charts. Mais une semaine avant l’enregistrement de l’album Sally Can’t Dance, un autre Lou arrive à lui faire un peu d’ombre : Luigi Macari, dit Lou Macari. Ce 13 mars 1974, en plein mercredi, Luigi dispute le derby de Manchester, au Maine Road, devant 51 000 personnes. Le match n’est pas dingue. Un derby qui sent juste la sueur, à peine la gloire. C’est-à-dire que les Red Devils traînent alors la patte à l’avant-dernière place, sans George Best, viré en début d’année, sans Dennis Law, passé chez l’ennemi et sans Bobby Charlton, parti à Preston North End. Les Citizens sont, eux, bloqués dans le ventre mou du tableau. Pas de quoi avoir le vertige donc. D’autant que, sur le terrain pendant une heure, le Maine Road n’a rien à se mettre sous la dent. 0-0 et aucune envolée.

Clive la gâchette

Une heure de trop sans doute pour Mike Doyle, défenseur-sécateur de City, et profondément anti-United aussi. « Mike me découpe et je tombe sur le ballon, se souvient Lou Macari, qui voulait juste conduire sa balle. C’était une des choses les plus prévisibles de ces derbys de l’époque : que Mike te descende. Et c’était une époque différente d’aujourd’hui où les joueurs tombent ou roulent par terre pour rien. » Le milieu de United, alors vexé par la lame, se relève et lui jette le ballon « sur l’épaule ou le côté de l’oreille » . Si à l’époque, les tacles sont plus rugueux et les arbitres, disons plus permissifs qu’aujourd’hui, Mike et Lou choisissent le mauvais jour pour l’empoignade. L’homme en noir, Clive Thomas, sort le rouge pour les deux protagonistes. Thomas a sa petite réputation sur l’île, une gâchette facile. « Clive « The Book » Thomas, c’était son surnom. Si ça n’avait pas été lui au sifflet, on serait allés voir l’arbitre, on aurait discuté et on n’aurait pris qu’un jaune » explique Lou Macari. Les deux exclus essaient tout de même de parlementer, chacun défendant l’autre. En vain. Macari et Doyle enfilent alors le costume des syndicalistes. « On refuse de sortir du terrain. Ce n’était que de la chamaillerie, rien de plus. Mike ne méritait pas le rouge, et moi non plus » , détaille Macari. Même son de cloche chez Doyle : « C’était d’ailleurs rare pour moi d’être d’accord avec un mec de Man United. » Après 2-3 minutes de flottement, face aux deux grévistes, Clive Thomas décide de prendre le problème à l’envers. Il ordonne aux deux équipes de rentrer au vestiaire, jusqu’à ce que Mike et Lou acceptent leur sanction. Ne souhaitant pas rester comme des nigauds seuls sur la pelouse, Macari et Doyle suivent leurs coéquipiers. « Après un petit moment quand même, Clive Thomas arrive dans nos vestiaires, accompagné du chef de la police. Il me pointe du doigt et dit :« Celui-là, il ne sort pas ! »Le couple arbitre-police va faire la même chose dans le vestiaire de City pour Doyle » , sourit Lou. Doyle et Macari abdiquent. Les deux équipes, de nouveau sur le terrain, laissent les deux à la douche, « en rogne » d’après Lou.

« On traitait l’arbitre de toutes sortes de noms »

Moins coquets qu’aujourd’hui sans doute, Lou et Mike sortent 10 minutes plus tard des douches et désobéissent aux ordres policiers. « On s’est mis, dans le tunnel avec Mike, à traiter l’arbitre de toutes sortes de noms » , avoue Macari. City et United laisseront le tableau d’affichage sur un score nul et vierge. Petite partie. Un mois plus tard, une célèbre talonnade de Dennis Law à Old Trafford envoie Manchester United à la cave, en deuxième division. « Les fans de United ont envahi la pelouse au coup de sifflet final. La plupart des joueurs couraient vers le tunnel. Moi, non, je marchais calmement. On ne me chasse pas » , affirmera ensuite la tête brûlée Mike Doyle. 20 ans après cet épisode, Lou Macari recroisera de nouveau le chemin de la police. Alors entraîneur du Celtic Glasgow (1993-1994), il recueille le témoignage d’un jeunot du club. Celui-ci accuse Jim Torbett, son ancien entraîneur chez les jeunes, d’abus sexuels lors d’une tournée nord-américaine avec l’académie. Lou dirige alors la victime présumée vers un poulailler propice aux révélations : le commissariat. Deux ans plus tard, l’affaire éclate et Jim Torbett tombe pour attouchements sexuels sur trois anciens joueurs du Celtic, dont Alan Brazil.

Propos de Lou Macari tirés de son autobiographie et du Manchester Evening News, ceux de Mike Doyle du Mirror

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Par Ronan Boscher, à Manchester

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