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Mike Havenaar, ce drôle de samouraï
Avec son nom à remporter une classique des Flandres et son corps de rouleur de contre-la-montre, Mike Havenaar, Hollandais d’origine, porte fièrement les couleurs du Japon à la pointe de l’attaque des Samouraï Blue. Retour sur une histoire d’amour totalement folle.
Lui, c’est Mike Havenaar. Ou ハーフナー・マイク, c’est selon. Un type auquel il est arrivé une histoire de famille relativement commune – un déménagement dans un autre pays – mais qui, sans qu’il ne puisse rien y faire, fait sourire. Et même rire. Car, Mike Havenaar est, de par ses deux parents, d’origine hollandaise, mais est japonais depuis 1994. Depuis cette période, et la naissance de son amour pour le football, sa taille, 1m94 et son style de jeu, font tout drôle sur les terrains nippons. Cela étant, entre les Birkenstock-chaussettes et la J-Pop, entre Bergkamp et Nakata, il n’a pas hésité longtemps. A vrai dire, il ne s’est jamais posé la question. Né à Hiroshima il y a 25 ans de cela, Mike Havenaar se sent plus japonais qu’autre chose. « Je suis né au Japon, je suis japonais » a t-il balancé à la SIPA. Limpide. Mais il faudra expliquer ça à Jean-François Copé.
Un parcours fou
De toute façon, il n’y a qu’à voir Mike dégainer des phrases en hollandais pour comprendre que ce n’est pas trop son truc. Lui, qui parle couramment japonais, anglais et donc, hollandais, l’avoue très tranquillement : « Je parle mieux japonais que hollandais » . A défaut d’avoir légué un héritage grammatical parfait à leur fils, les parents Havenaar ont donné le goût du sport à leurs rejetons. Championne du Japon d’heptathlon, maman a épousé Dido Havenaar, gardien de but, 266 apparitions en J-League entre 1986 et 1998. Actuel entraîneur des gardiens du Shimzu-S-Pulse, équipe de Shizuoka, le paternel a rapidement mis Mike et son petit frère Nikki au foot. Le second est d’ailleurs titulaire au sein de la défense centrale de la sélection U17 nippone et ne devrait pas tarder à faire ses dents en J-League.
Un championnat qu’a écumé le grand frère Mike. Loin des équipes de haut de tableau, le géant a souvent fait l’ascenseur entre la première et la seconde divisions. En cinq saisons de J-League, Havenaar est passé par Yokohama, Fukuoka, Tosu et Kofu, scorant 58 buts en un peu moins de 150 matchs, et ramassant un titre de meilleur buteur de deuxième division en 2010 avec le Ventforet Kofu (20 pions à la clé). De sa Hollande d’origine, Mike a conservé trois choses : un numéro 14 qu’il a écumé sur les pelouses japonaises, ce corps imposant pas franchement en adéquation avec les coutumes locales et une envie de goûter au football européen un jour. L’Europe, là où « les joueurs sont moins calmes et n’ont pas peur de critiquer » . Là où « il vient pour progresser et découvrir une autre mentalité » , aussi. Oui, à 25 ans, Mike Havenaar a quitté l’Asie pour le Vieux Continent. Et les Pays-Bas, évidemment.
Un avenir en équipe nationale ?
Un temps courtisé par Wolfsburg, le Batave d’origine s’offre finalement un retour aux sources, au Vitesse Arnhem. Transféré en 2011, l’attaquant peine à se faire une vraie place au sein de l’effectif noir et jaune. 23 matchs depuis son arrivée et seulement six comme titulaire, mais six buts, déjà. Pas si mal. Aujourd’hui, son équipe est 3e d’Eredivisie et malgré 382 petites minutes en huit matchs cette saison, Mike Havenaar commence à se faire une petite place sur le front de l’attaque nippone où il concurrence sérieusement Ryochi Maeda. C’est d’ailleurs lui qui devrait débuter ce soir à la pointe d’une attaque japonaise dynamique, rapide et technique. Tout sauf lui. Mais c’est ce paradoxe qui plait à Alberto Zaccheroni. En effet, grâce à ce drôle de Japonais, le coach italien peut sortir un peu d’un jeu nippon très plaisant, mais souvent stéréotypé. Véritable point d’encrage dans la surface adverse, Havenaar crée des espaces pour ses coéquipiers et n’est jamais l’ennemi d’un petit but du crâne. C’est d’ailleurs de la tête qu’il a inscrit ses deux premiers buts en sélection face au Tadjikistan. Un doublé qui n’a pas réjoui tous les supporters des Samouraï Blue. En effet, Havenaar incarne parfaitement le « mythe du blédard ». Pas chez lui en Hollande, il a souvent été titillé par des supporters japonais lors de ses nombreuses allées et venues en J-League. « Blanc de merde » , avait notamment balancé les fans du Kashiwa Reysol lors d’un déplacement de Mike avec Kofu. « Sale jaune » , aurait été plus adapté.
Par Swann Borsellino