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Miguel Ángel Nadal : « Le Barça actuel est plus fort défensivement que celui de Cruyff »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
7 minutes
Miguel Ángel Nadal : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le Barça actuel est plus fort défensivement que celui de Cruyff<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ancien membre de la dream team de Cruyff, Miguel Ángel Nadal a tout connu avec le Barça, de la période dorée à la fin de cycle des nineties. C'est donc avec un regard avisé que l'oncle de Rafael juge le Barça actuel et les chances parisiennes. Garantie sans catalanité exacerbée.

Dans quelle forme sentez-vous le Barça avant d’aller affronter le PSG au Parc des Princes ?Le Barça veut toujours gagner plus de titres. On vient d’entrer dans la dernière ligne droite de la Liga et de la Champions League, et la Liga est déjà presque pliée. Désormais, il mise tout sur l’Europe. Après un léger passage à vide, cet effectif a encore soif de victoires. Je ne me fais pas trop de soucis, ils sont prêts pour cette fin de saison.

Comparé au Real Madrid, à la Juventus ou encore au Bayern Munich, le PSG est-il un bon tirage au sort pour Barcelone ?À ce niveau de la compétition, aucune équipe n’est vraiment un bon tirage. Ce serait absurde de prétendre le contraire. Mais certains sont meilleurs que d’autres. Le PSG a une bonne équipe, solide, compacte. Mais comme tous les clubs présents en quart de finale, je pense qu’il souhaitait éviter le Barça. On va dire que le Barça a plus d’options pour se qualifier que Paris. Le tirage au sort est plutôt bon, même s’il ne faut pas s’attendre à un adversaire facile.

Après les deux défaites lors des Clásicos du mois de février, des doutes et des critiques ont été émis sur ce Barça. Les avez-vous trouvés justifiés ?Il faut tout d’abord comprendre qu’un Clásico est beaucoup plus qu’un match. La défaite en demi-finale de la Copa del Rey a tout de suite pris une importance énorme. Mais je peux comprendre les critiques qui ont suivi. Et je pense qu’il faut même les accepter. Le Barça était largement en tête de la Liga, alors recevoir quelques critiques, ce n’était pas très grave. Je pense que c’est quasiment impossible d’avoir cette régularité et cette intensité tout le temps. Dans ces moments-là, il faut trouver d’autres solutions.

Et qu’avez-vous pensé du huitième de finale aller à San Siro ?Pour moi, c’est l’un des rares matchs à élimination directe où le Barça a manqué de vision. Par là, j’entends que le Barça a joué sur un rythme qu’il pensait idéal, où aucun problème ne pouvait lui arriver. Mais au bout de 90 minutes, il s’est retrouvé avec un résultat très compliqué. La meilleure manière pour le Barça de ne pas refaire cette erreur est de voir chaque match comme une finale. S’il y a du rythme et de l’intensité, le Barça n’aura jamais de problème.

Pour vous, le Milan AC symbolise cette finale de Ligue des champions perdue en 1994. Cette défaite a-t-elle sonné la fin de cycle du Barça de Cruyff ?Il est difficile de dire qu’un match enterre une époque, de mettre un point à une période. Évidemment, il y a eu un avant et après cette finale. Il y a des situations qui précipitent la fin de cycle d’une équipe qui a tout gagné avec sa propre philosophie de jeu. Mais il est difficile de dater exactement, après une seule défaite, la fin d’un cycle.

« Le Barça de Guardiola, c’est un idée plus offensive de la manière de défendre »

Comment se rend-on compte qu’une défaite, ou une mauvaise série, entraîne la fin d’un cycle ? Quand bien même une simple défaite peut signifier la fin d’un cycle…Chaque année, il y a beaucoup de changements et de mouvements dans tous les clubs, des départs, des arrivées. Je veux dire que si les choses évoluent, si l’effectif change, il n’y a rien d’étrange, c’est tout à fait normal. Et cela arrive même aux équipes qui marquent une époque. Il y a des situations dans lesquelles une arrivée d’un joueur peut annihiler tout l’ensemble que tu as construit. Cela, c’est au niveau individuel. Au niveau collectif, tu sens quand les choses commencent à se détériorer au sein du groupe, quand le groupe n’est plus en osmose. Et là, tu peux vraiment parler de fin de cycle.

Le Barça de Pep Guardiola et aujourd’hui de Tito Vilanova est un héritage du Barça de Cruyff. Quelles sont les vraies différences entre l’époque barcelonaise que vous avez connu et le Barça actuel ?Tous ces entraîneurs ont contribué à faire évoluer un style de jeu déjà présent. Entre la « dream team » de Cruyff et le Barça actuel, le grand changement est la qualité. Pour moi, c’est vraiment la principale différence : le Barça actuel est plus fort défensivement. Le concept de jeu est semblable, la philosophie également, mais le pressing défensif et la récupération du ballon sous Guardiola sont devenus beaucoup plus rapides. C’est une idée plus offensive de la manière de défendre.

Le Barça dont vous faisiez partie, avec des joueurs tels que Romario ou Stoichkov, paraissait plus instinctif, moins « robotisé » …Chaque joueur a sa personnalité, sa mentalité. Et de ce fait, cela donne à chaque équipe sa particularité. Par exemple, un joueur comme Stoichkov, avec son caractère différent des autres, insufflait une emprise sur le collectif. Actuellement, le Barça a des joueurs peut-être plus calmes qui sont pour la plupart sortis du club.

L’équipe actuelle ne vous fait-elle pas penser à une machine à broyer ?Un peu. Le Barça d’aujourd’hui a des joueurs qui sont là depuis très longtemps, mais qui continuent à avoir encore beaucoup d’ambition de gagner, de s’améliorer. Cette structure permet au Barça de maintenir une exigence de la victoire.

Comment le PSG peut-il gêner cette équipe ?(Il réfléchit) Tout dépend de comment va se sentir le Barça avec le ballon. Si le PSG arrive à lui mettre une certaine pression, ils peuvent leur poser des problèmes, les mettre mal à l’aise. Mais s’il y a peu de pressing, le PSG ne verra pas le jour et ne pourra pas jouer.

Dans ce cas, vaut-il mieux avoir une défense très basse ou un pressing haut ?Avec de l’espace, le Barça peut se faire plaisir… Si j’étais entraîneur, j’aurais ma philosophie. Mais je pense que la manière dont jouera le PSG dépendra de son entraîneur. S’il décide de presser haut, ils peuvent le faire. S’il décide de défendre bas, ils peuvent réussir également. De toute façon, le Barça ne s’attend pas à un match facile.

« Pour le Barça, la victoire n’est pas obligatoire. Pour le PSG, un match nul n’est pas un mauvais résultat »

On peut s’attendre à un match similaire au France-Espagne de la semaine passée ?Avant que le match entre la France et l’Espagne commence, tu savais que l’Espagne avait l’obligation de gagner. Pour la France, un match nul lui convenait parfaitement. Pour le Barça, la victoire n’est pas obligatoire, n’est pas une urgence immédiate. Et pour le PSG, un match nul n’est pas un mauvais résultat. Du coup, l’état d’esprit des deux équipes ne sera pas la même que la semaine dernière.

Après ce match international, la presse espagnole a souligné, à tort ou à raison, que la France avait joué dur. C’est une solution pouvant fonctionner face à des équipes assez proches comme la Roja et le Barça ?D’une part, je pense que le PSG a quand même des arguments à faire valoir, son équipe n’est pas dépourvue techniquement. D’autre part, il y a un arbitre et la dureté du jeu dépend de lui. Si une équipe met de la pression et qu’il y a des contacts, ce n’est pas jouer dur : c’est de l’intensité. Ça me paraît normal que si une équipe n’a pas le ballon, elle mette de la pression pour le récupérer. Ça rend même le match plus intéressant, plus attractif.

Pour schématiser, peut-on dire que le PSG doit faire un match exceptionnel tout en espérant un petit Barça ?Je pense sincèrement que le PSG a quand même plus d’une chance de passer. Quand tu arrives à ce niveau-là de la Ligue des champions, le match est compliqué pour les deux équipes. Bien entendu, le Barça part a priori avec une longueur d’avance, mais avec des joueurs comme Ibrahimović, le PSG peut compter sur lui-même. Avec leur philosophie de jeu et leur effectif, ils peuvent battre n’importe qui.

Zlatan Ibrahimović n’a pas réussi à s’imposer au Barça. Quel joueur parisien actuel pourrait-il le faire ?(Silence)… Je ne sais pas. J’ai toujours aimé Ibrahimović, mais bon…

Et la famille Nadal attend impatiemment un Clásico en finale ?Ce serait génial et intéressant. Je pense qu’on serait tous très contents jusqu’au coup d’envoi !

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Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid

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