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Miguel Ángel Nadal : « J’ai entraîné une fois Rafael »
Miguel Ángel est le premier du nom à avoir donné ses lettres de noblesse à la famille Nadal. Oncle de Rafael, il faisait partie de la dream-team barcelonaise des années 90 de Johan Cruijff. Et a vu grandir en privilégié son neveu. Discussion entre petite balle jaune et cuir rond.
Lorsque Rafael était un enfant, c’était un supporter du Barça de ton époque?Il avait six ans lorsque je suis arrivé en 91 au Barça. Il était encore très jeune mais sa passion était déjà le sport, alors forcément, quand il voyait son oncle évoluer dans un grand club comme le Barça, il me supportait.
Aujourd’hui, il s’affiche ouvertement fan du Real Madrid. Pourtant une photo de vous deux en tenue du Barça circule un peu partout…Ah, ce cliché… Il a été pris lors d’un week-end où Rafael était venu me rendre visite pour assister à un match. Je lui avais proposé de venir avant le match sur le terrain avec moi. Mais c’était plus dans l’objectif de faire une photo familiale qu’autre chose.
À partir de quand Rafael a donc commencé à supporter l’ennemi juré du Barça ?Exactement, je ne sais pas. Mais sûrement après que j’ai quitté le Barça, donc après la saison 1999. Je n’étais pas forcément très heureux, mais que veux-tu, je n’allais pas le forcer à aimer une autre équipe s’il supportait le Real Madrid. Il était assez grand pour choisir de lui-même…
Vous êtes tous deux natifs des Baléares et vous étiez même durant un temps actionnaires du club de Majorque. Quel est donc le club de cœur de Rafael ?Ah ça, il faut que tu lui demandes personnellement. Nous avions tous deux des actions dans le club de Majorque mais nous les avons revendues au moment opportun (alors entraîneur adjoint de Majorque, Miguel Ángel aurait cédé ses parts en guise de protestation face au licenciement du coach Michael Laudrup, ndlr).
Lorsque vous abordez la chose footballistique en réunion de famille, il n’y a pas trop de tension ?Non, pas tellement. Chacun donne son avis selon ce qu’il pense, on discute, on débat, mais jamais dans l’animosité. On ne supporte pas le même club, mais notre passion est la même : le football. Après, de temps en temps, cela peut arriver que le ton monte. Mais pour te l’avouer, je ne me rappelle pas d’une seule dispute mémorable.
Quelle place a réellement le football dans la vie de Rafael ?Nous avons tous une certaine passion pour le football dans la famille. Et Rafael ne fait pas figure d’exception. Lorsqu’il était jeune, il a dû rapidement choisir entre les deux sports. Bien lui en a pris de choisir le tennis. Aujourd’hui, le football lui permet de se divertir durant son temps libre. Certes, il n’en a pas beaucoup, mais dès qu’il le peut il se met à regarder des matchs pour se changer les idées.
Et te concernant, quelle place a le tennis dans ta vie ?Je pense que j’ai la même passion pour le tennis que Rafael peut avoir pour le football. J’ai toujours bien aimé le tennis, que ce soit pour le regarder ou le pratiquer de temps à autre. J’ai un rapport d’autant plus particulier au tennis que Rafael est plutôt un bon joueur (sic) et qu’il m’a permis de vivre des émotions dans un stade, une arène, que je n’avais jamais connues auparavant.
De temps en temps, cela t’arrive de faire quelques échanges avec Rafael ?Heureusement, non ! Cela m’est déjà arrivé une fois de l’entraîner parce que Toni (l’entraîneur de Rafael mais aussi le frère de Miguel Ángel, ndlr) n’était pas là. Je ne pense pas que j’ai réellement fait progresser Rafael durant cette heure-ci.
Avec le calendrier surchargé de Rafael, vous trouvez encore le temps de vous voir ?C’est vrai que ce n’est pas évident de le voir. Il est toujours occupé, que ce soit par des tournois, des entraînements, des impératifs avec les uns ou les autres. Mais dès qu’il peut se reposer, il revient ici, aux Baléares.
Et cela t’arrive de venir le voir en tournoi ?Par chance, j’ai pu voir toutes ses finales de Roland-Garros. Déjà, rien que le fait de venir à Roland-Garros, qui est pour nous le tournoi le plus important du circuit, est énorme. Mais pour Rafa et Toni, c’est avant tout un objectif plus qu’un rêve. Durant le match, par contre, tu perds tout ça. Tu es préoccupé, tu doutes, tu es vidé. Toute cette passion et cette inquiétude t’épuisent totalement. Mais heureusement, je n’ai connu que des victoires de Rafael à Roland ! C’est énormissime d’arriver à ce point de régularité, d’arriver à se remettre en question sans cesse pour toujours finir par l’emporter. Toute la famille est admirative de Rafa, c’est la fierté de la famille.
Et cette année, tu comptes revenir le voir ?J’aimerai. Cela signifierait que Rafael sera une nouvelle fois dans le dernier carré. Les dernières semaines, entre Rome et Madrid, ont montré qu’il était prêt. Il a plus ou moins réussi à gommer ses petits pépins physiques et à se remettre au boulot. Il a cette faculté à se remettre en cause constamment.
Cette capacité mentale, c’est quelque chose de familial ?Ça je ne peux pas te le dire. Mais concernant Rafael, depuis son plus jeune âge, il a toujours été comme ça. Si tu ne prends pas en compte ses capacités physiques, il a un mental de titan. Et je ne te parle pas que du tennis, mais dans la vie de tous les jours !
Propos recueillis par Robin Delorme