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Mieux Qatar que jamais
Chacun à leur rythme, Malaga, Manchester City et le Paris Saint Germain commencent à prouver qu’en football plus qu’ailleurs, l’argent contribue grandement au bonheur. Tous qualifiés pour la Ligue des champions la saison prochaine – Malaga disputant le tour préliminaire – les trois friqués peuvent, une poignée de saisons après avoir vendu leur âme au diable, dresser un petit bilan.
Dans le football moderne, l’argent a une odeur : celle du succès. D’une, parce que, qu’on le veuille ou non, les équipes qui tiennent le haut du pavé et qui l’ont toujours tenu depuis une décennie ont, sauf exception, eu plus de pépettes que les autres. Grâce aux succès, évidemment, et grâce aux présidents investisseurs « à l’ancienne » . De deux, parce qu’à travers des exemples différents, certains zigs ont montré qu’à court, long ou moyen terme, la thune permettait de devenir compétitif. La saison prochaine, Manchester City, champion d’Angleterre, Malaga, quatrième de la Liga et le Paris Saint-Germain, dauphin de Montpellier, disputeront la Ligue des champions, une poignée de saisons après avoir été rachetés. Un fait qui tend à prouver ce que ressentent les supporters de ces clubs en ces périodes de transfert : la maille fait le bonheur.
Malaga, le plus « soft »
Pour Abdullah ben Nasser Al-Thani, président de Malaga depuis le rachat du club au crépuscule de la saison 2009-2010, la donne est assez complexe. Moins enclin à mettre la main au portefeuille que certains de ses confrères investisseurs, celui qui a racheté le club pour 36 millions d’euros doit surtout faire face à un contexte hostile à la réussite sportive. En effet, quand le Paris Saint-Germain croise le fer avec Montpellier et Lille pour donner à ses kopecks une raison d’être et à ses supporters une raison d’espérer, les Andalous, eux, observent le FC Barcelone et le Real Madrid. De loin. De vraiment très loin, même. Dix-septièmes, à un point du premier relégable lors de leur dernière saison loin du pétrole, les coéquipiers de Jérémy Toulalan ont un objectif bien défini : se refaire la fraise en devenant l’un des gros de « l’autre Liga » , la Liga d’en bas. Dixième lors de la première année post-rachat, celle des arrivées de Demichelis, Julio Baptista et, surtout, Manuel Pellegrini, les Andalous attaquent 2011-2012 comme la saison du tournant. Van Nistelrooy, Buonanotte, Toulalan, Mathijsen et Santi Cazorla, arrivé au club pour 21 millions d’euros, un transfert record. Plus de 50 millions dépensés en un été qui n’ont pas empêché de recruter malin et de faire confiance à des jeunes comme Isco et Rondon. Assez rare pour être souligné.
Manchester City, la démesure
« C’est seulement en côtoyant l’excès qu’on trouve la liberté » , balançait ce fou de Marquis de Sade, bien avant qu’Abu-Dhabi ne débarque en Premier League. Avant la saison 2011-2012, Manchester City est le royaume du n’importe quoi. Des thunes à n’en plus finir, des transferts tous plus douteux les uns que les autres, avec l’arrivée de Robinho pour 32 millions comme pour montrer à la face du monde que Khaldoon Al Mubarak, le chairman de City, n’est pas là pour rééditer le fiasco thaïlandais des saisons précédentes. Comme à Malaga, les débuts sont compliqués, une dixième place et un quart de finale de C3. Sauf que là, les moyens sont quasi-infinis et qu’on ne peut pas se tromper tout le temps. Mancini ramasse d’abord Barry, Kolo Touré, Adebayor, Tévez, Lescott, avant d’attirer Boateng Touré, Silva, Kolarov, Balotelli, Milner, Džeko, Clichy, Nasri, Agüero. Ouais, avec des ronds illimités, on peut acheter une équipe comme au supermarché. Et à défaut de se faire traiter de mercenaires, de club sans histoire, de vendus, les Citizens finissent par récolter ce qu’ils ont semé. Pas totalement, évidemment, puisque, loin de la métaphore, le Cheikh in the City a vu disparaître des millions de sa fortune dans l’aventure. Mais sportivement, après quelques saisons, le club est devenu plus que compétitif. Champion d’Angleterre pour la première fois depuis 1968 au nez et à la barbe du rival United. L’an prochain, ils seront encore au rendez-vous. Et on n’est pas à l’abri d’un joli transfert.
Le PSG, le petit pressé
Feuilleton de l’été dernier, le rachat du Paris Saint-Germain par QSI est celui de l’immédiateté. Quand il a fallu quatre ans à City pour ramasser un titre de champion et deux à Malaga pour obtenir une qualification ric-rac pour le tour préliminaire de la Ligue des champions, les patrons du fond d’investissement qatarien sont dans la capitale française pour des résultats immédiats. Il faut dire qu’être le seul club drivé par une grosse puissance financière en Ligue 1 pousse rapidement à avoir des ambitions hors-norme. D’autant plus qu’avec Ménez, Sissoko, Sirigu, Pastore, Motta, Alex et Maxwell, Leonardo a rapidement mis la pression à tout le monde. Ce PSG-là est un nouveau riche, alors il le montre… mais échoue derrière Montpellier. Du coup, Lavezzi arrive. Thiago Silva aussi. Puis Zlatan, si tout va bien. L’arrivée de cette puissance financière en Ligue 1, c’est aussi l’arrivée de joueurs qui n’auraient jamais foutu un pied en France pour le sportif, n’en déplaise à Ezequiel Lavezzi qui avouait venir à Paris pour « le challenge sportif » . Si l’été s’annonce fou sur les bords de la Seine et que la saison semble celle d’un PSG incontestable, attention à choper le bon wagon. Bah ouais : la saison prochaine, Monaco, et ses primes de match à 5 000 boules, pourrait faire son retour en Ligue 1.
Par Swann Borsellino