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Mickaël Le Bihan : « Mon fils m’a demandé de célébrer mes buts comme Memphis Depay »
Depuis huit journées, l’AJA est sur une drôle de série : D-V-D-V-D-V-D-V. Mais au moment de se déplacer à Rodez, Jean-Marc Furlan a un atout de choix dans sa manche pour la casser : le meilleur buteur de Ligue 2. Avec sept réalisations au compteur, l’ancien Niçois Mickaël Le Bihan semble avoir enfin retrouvé tous ses moyens depuis son arrivée dans l’Yonne la saison dernière.
Contre Chambly, tu as inscrit le premier triplé de ta carrière. Où est le ballon du match ?Il est à la maison, dans l’entrée ! Mais avant, je l’ai fait signer dans le vestiaire par tout le monde : mes coéquipiers, le staff médical, le staff technique, les intendants, même les stagiaires. C’est une manière de rappeler que ce match restera à part et qu’il n’aurait pas pu avoir lieu sans tous ces gens qui sont avec moi au quotidien.
Ton maillot en revanche, c’est Bernard Mendy qui l’a récupéré. Comment ça se fait ?Le coach nous l’a présenté en disant qu’il allait passer toute la semaine en stage avec nous, car il prépare des diplômes (Mendy est actuellement l’entraîneur-adjoint des féminines du PSG, N.D.L.R.). C’était assez fou parce que c’est un gars dont on a tous suivi le parcours et qu’on a vu à la télé quand il était pro et là, il nous suivait à l’entraînement, il déjeunait avec nous le midi, il était avec nous à l’hôtel et il a fait la fête avec nous dans le vestiaire. Quand il m’a demandé mon maillot en souvenir, j’ai trouvé ça assez gratifiant, je ne pouvais pas refuser ! En revanche, le deuxième, je l’ai gardé pour ma sœur qui mettait les pieds à l’Abbé-Deschamps pour la première fois de sa vie. Elle a bien choisi sa semaine elle aussi !
Et si on terminait ce week-end avec quelques images du vestiaire ?Olélé olala #FiersdetreAuxerrois pic.twitter.com/O52YG0D72y
— AJ Auxerre (@AJA) October 25, 2020
Ceux qui ne le savaient pas encore ont eu trois fois l’occasion de voir que tu as la même célébration que Memphis Depay. D’où ça te vient ?Il y a deux raisons : la première c’est que mon fils adore la faire quand on joue ensemble à FIFAet il m’a demandé si je pouvais la reproduire sur le terrain. Ça ne me dérange pas parce que c’est un joueur que j’aime beaucoup de toute façon. Et l’autre raison, c’est un clin d’œil à certaines personnes qui, la saison dernière, parlaient de moi négativement et qui n’avaient pas confiance en moi. Donc les deux doigts dans les oreilles, c’est une manière de leur dire aujourd’hui « Allez-y, continuez de parler, je m’en fous, je ne vous entends pas. »
La saison dernière, tu avais écopé de deux cartons rouges et marqué seulement quatre fois. Depuis, on a l’impression que ton départ de l’OGC Nice t’a complètement relancé. Qu’est-ce qui a changé ?(Sans hésiter) Le dispositif. Maintenant, j’ai deux 10 ou deux 8 en dessous de moi et non plus deux 6 et un 10. L’année dernière, j’ai réussi à ne pas tirer une seule fois au but pendant plusieurs matchs. Maintenant, je peux faire plus d’appels, je suis beaucoup mieux servi et j’ai beaucoup plus d’occasions. Dans la surface, je suis aussi moins isolé, il y a toujours un gars en soutien et offensivement, ça nous rend bien plus dangereux qu’avant. Et tout ça, c’est ce dont un attaquant a besoin pour marquer des buts, être en confiance et donc se mettre en valeur.
Ce samedi, tu te déplaces à Rodez avec l’étiquette de meilleur buteur de Ligue 2. Tu repenses déjà à la saison 2014-2015, quand tu avais terminé en tête de ce classement avec Le Havre (18 buts)?Non, c’est beaucoup trop tôt ! Il y a encore plein de paramètres à prendre en compte, à commencer par moi-même : mon compteur peut rester bloqué à sept buts, mais il peut aussi encore doubler. Collectivement, comme je le disais, je suis plus à l’aise dans ce schéma en 4-1-4-1, mais si le coach décide de rebasculer en 4-2-3-1 (les deux systèmes de prédilection de Jean-Marc Furlan depuis le début de la saison, N.D.L.R.) parce qu’il nous trouve plus costauds avec deux 6… ben, dommage pour moi. Mais ça ne m’empêchera pas de continuer à me donner à fond pour gagner des matchs. Et le plus important, ce n’est pas d’être premier du classement des buteurs maintenant, mais de l’être le matin du dernier match. Après… c’est sûr que ça reste un petit objectif personnel !
Il surfe sur la L2 pic.twitter.com/Dr2pPzhJo6
— Quentin Bernard (@QFJ89) October 28, 2020
Hors du terrain, les supporters auxerrois ont pu voir que tu files le parfait amour avec ton capitaine, Quentin Bernard.(Rires) C’est vrai qu’il est toujours fourré chez moi. La dernière fois que j’avais été élu homme du match, il avait imprimé ma tête sur le trophée Man of the Match de la Coupe du monde. Dès que j’ai un souci, il démarre au quart de tour pour m’aider à le résoudre. Avec sa femme, ils forment vraiment une famille en or ! Que ce soit dans le vestiaire ou en dehors, on a tous besoin d’un Quentin Bernard dans la vie. C’est quelqu’un qui sait rigoler, mettre l’ambiance quand il faut et qui pense au bonheur des autres avant le sien. Mais quand on est à l’entraînement ou en match, il repasse immédiatement en mode capitaine et il trouve toujours les bonnes paroles pour que tu restes concentré et motivé. Si je devais aller à la guerre, je voudrais que ce soit lui mon compagnon d’armes.
Confinement oblige, le huis clos va faire son grand retour dans les stades. Comment tu l’anticipes ?En tant que footballeurs, on aime aussi ce métier pour toutes ces émotions en tribunes. Que ce soit les encouragements des ultras ou les sifflets à l’extérieur, c’est un truc qui nous booste. Donc c’est dur, mais il faut l’accepter : la santé avant tout. Et je sais de quoi je parle puisque j’ai déjà goûté aux stades pleins en Ligue 1 et quand on n’a pas la santé, on est malheureux. (Il a subi deux graves blessures quand il jouait à Nice, N.D.L.R.) Jusqu’à ce que la situation revienne à la normale, ce sont les équipes les plus fortes mentalement qui s’en sortiront le mieux. Nous, ça va parce qu’on sort d’un gros match contre Chambly, mais on n’oublie pas qu’on n’a toujours pas réussi à enchaîner deux victoires de suite depuis le début de la saison. Il est temps d’entamer une nouvelle série et on espère que ça commencera dès ce samedi à Rodez.
Propos recueillis par Julien Duez