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- Atlético de Madrid-Chelsea (1-2)
Michy, le second couteau qui coupe bien
Remplaçant depuis son arrivée chez les Blues et destiné à le rester pour de longs mois encore, Michy Batshuayi fait le taf quand il sort du banc. Il l'a encore prouvé mercredi en inscrivant le but de la victoire à Madrid.
La dernière fois qu’il avait fait le coup, tout Chelsea s’était enflammé. On jouait les derniers instants de la partie sur le terrain de West Bromwich Albion, Michy Batshuayi était entré pour le dernier quart d’heure, et son équipe ne parvenait pas à prendre l’avantage. En ce 12 mai 2017, le Belge avait finalement donné la victoire aux Blues, offrant du même coup le titre officiel à son club. Le tout alors qu’il n’avait connu aucune titularisation en Premier League.
Ce mercredi soir, l’attaquant a montré le même visage sur la pelouse de l’Atlético de Madrid. Comme à WBA, les hommes d’Antonio Conte dominaient, mais ne réussissaient pas à passer devant. Jusqu’à la dernière seconde du temps additionnel, durant laquelle Batshuayi, dix grosses minutes après avoir remplacé un immense Álvaro Morata, envoya la quille au fond des filets espagnols. Et voilà Chelsea victorieux des Colchoneros et désormais en tête du groupe C de Ligue des champions avec six points.
Des caramels à défaut de titularisations
Dans les deux cas décrits, Michy a-t-il profité du boulot de ses coéquipiers alignés d’entrée ? A-t-il utilisé la fatigue adverse pour se démarquer ? La gloire doit-elle décorer son éternel smile ? À dire vrai, les réponses à ces questions importent peu. Ce qui doit en revanche être salué, c’est la détermination et l’état d’esprit que propose l’ancien Marseillais depuis maintenant plus d’un an et son arrivée à Londres. Promis au banc vu la concurrence à son poste (Diego Costa, Morata, voire Eden Hazard) et les compositions tactiques privilégiées par Conte (une seule pointe axiale), l’éternel remplaçant affiche un comportement tout simplement exemplaire. Jamais râleur, toujours content de grignoter quelques instants de jeu, souvent décisif (un pion toutes les 52 minutes la saison dernière en championnat), l’ex du Standard de Liège cartonne en ce début d’exercice. S’il n’a pas encore trouvé le chemin des filets en PL malgré une titularisation, l’avant-centre a planté un triplé en League Cup et marqué à deux reprises en Ligue des champions (contre l’Atlético donc, et face à Qarabağ, contre qui il était titulaire). Preuve qu’on peut compter sur lui pour faire souffler les titulaires habituels ou pour combler les absences.
Produit made in Conte
La réaction de son entraîneur, il faut aller la chercher dans le Mirror : « Michy est l’un des joueurs de notre équipe. La saison dernière, il n’a pas beaucoup joué. Il a travaillé très dur durant cette année pour être capable de jouer en Premier League et à Chelsea. Il aura sa chance au bon moment. » C’est-à-dire pas tout de suite. Mais la force de Conte, c’est justement de réussir à donner autant d’importance à un second couteau qu’à un Laguiole affûté. Et pour que les deux instruments coupent les jambes adverses, il convient de disposer d’un collectif généreux et soudé, qui n’attend pas la blessure d’un concurrent direct pour vouloir briller et donner de sa personne. Ça tombe bien : Batshuayi adhère complètement à cette philosophie. Voilà pourquoi son coach italien n’a pas voulu le laisser quitter Stamford Bridge cet été, que ce soit pour un prêt à West Ham ou un transfert à Marseille. Reste une interrogation : dans combien de temps le joueur de 23 ans se lassera-t-il de ce statut de gentil remplaçant ?
Par Florian Cadu