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Michy dans la colle
Attaché et condamné au banc des remplaçants par Antonio Conte, Michy Batshuayi s’englue dans une situation délicate à Chelsea, où il n’est pas certain d’avoir un avenir. Problématique quant à son éventuelle présence au prochain Mondial.
12 mai 2017. Entré cinq minutes plus tôt sur la pelouse de West Bromwich Albion, Michy Batshuayi délivre les siens et offre le titre de champion d’Angleterre à Chelsea. À l’époque, certains voient en ce but un geste symbolique. Après une première saison d’intégration chez les Blues, où il n’a servi que d’ombre à Diego Costa (une seule titularisation en Premier League, cinq buts), l’attaquant acheté une quarantaine de millions d’euros à Marseille allait pouvoir enchaîner sur une deuxième année plus fructueuse, où on lui donnerait davantage sa chance. D’ailleurs, son début d’exercice 2017-2018 (il a marqué sept fois et a été aligné d’entrée à cinq reprises toutes compétitions confondues entre mi-août et octobre) laissait augurer un ciel à venir sans trop de nuage. Sauf qu’à l’heure de 2018, le bilan est (re)devenu bien terne.
Le prochain Pipo de Conte
Car depuis début novembre, Batshuayi ne compte que deux présences dans l’équipe de départ (une en League Cup en décembre, une en FA Cup en janvier), quatre apparitions en championnat, une en Ligue des champions et, pire encore, zéro action décisive. Autrement dit, la situation de l’avant-centre ne s’est absolument pas améliorée depuis son arrivée à Londres. « C’est un jeune joueur, il a un bel avenir devant lui, a rassuré Antonio Conte en conférence de presse il y a peu. Ce n’est pas simple d’être jeune et de jouer dans une grande équipe comme Chelsea. Mais je suis très heureux de son implication, de son comportement, de son engagement à l’entraînement et sur le terrain. Je suis très content de lui quand il joue. Il doit continuer comme ça. » Un discours entendu régulièrement de la part de l’Italien ces derniers mois, mais qui ne se justifie pas dans les actes.
Désormais peu efficace quand on l’aperçoit sur le pré, barré par Álvaro Morata (ou Eden Hazard quand l’Espagnol est absent), Batshuayi a fait du banc des remplaçants son meilleur ami. Et ne semble pas s’en plaindre, au regard de son silence médiatique. Pourquoi le Belge continue donc d’attendre son tour sans broncher, lequel ne viendra pas tout de suite si jamais il arrive ? Grâce au management de Conte, répond Pedro Kamata, ancien joueur ayant été dirigé par l’entraîneur : « Une de ses forces, c’est de convaincre chaque remplaçant de l’effectif de son utilité, et de réussir à les concerner même lorsqu’ils ne jouent pas. Il parvient à te faire accepter que ton absence sur le terrain, ou plutôt ta présence sur le banc, est quelque chose de bénéfique pour l’équipe. Même si tu joues cinq minutes, tu auras droit aux félicitations. Mais attention : le discours proposé peut être du bluff. J’ai connu des entraîneurs qui te faisaient croire que tu étais important alors que tu ne l’étais pas du tout. »
La béquille Séville
Est-ce le cas pour Batshuayi ? Possible. Toujours est-il que l’ex-Phocéen le sait : s’il souhaite conserver sa place en sélection, qui se rendra en Russie en juin prochain pour tenter d’égaler son meilleur résultat dans une Coupe du monde – une demi-finale -, Michy doit jouer. Davantage que lors de la première partie de saison. Chose qu’il aura sûrement plus de chance de faire loin des Blues. « Il mérite de sortir de l’ombre. Pour un attaquant, c’est très dur de ne pas pouvoir jouer, comme ça. J’en ai fait moi-même l’expérience. Mais c’est la loi de la concurrence. C’est Chelsea, hein… C’était prévisible que s’imposer et devenir titulaire ne serait pas évident, confirme Igor de Camargo, partenaire du protagoniste au Standard de Liège en 2013. Mais c’est un joueur qui dispose d’énormément de technique, et qui possède les qualités d’un buteur-né. Il l’a prouvé dans toutes les équipes où il est passé. Et ça, ça ne se perd pas. J’espère qu’il a des gens autour de lui qui lui adressent de bons conseils. »
Autrement dit, le garçon doit sérieusement, et rapidement, réfléchir à son avenir. Ça tombe bien : plusieurs clubs, comme Séville, se seraient manifestés pour un prêt débutant cet hiver. En tout cas, le bonhomme a au moins progressé sur un plan : celui de la patience. « Avant, il pouvait se montrer très impulsif, très explosif dans son comportement, note De Camargo. Là, il paraît avoir acquis une certaine patience, et c’est important à ce niveau-là pour saisir la chance offerte au moment opportun. » Qu’elle vienne de Londres, d’Espagne ou d’ailleurs.
Par Florian Cadu
Propos recueillis par FC, sauf AC