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Michel va bien, merci pour lui
Débarqué en tant que pompier de service sur le banc de Málaga, Michel Gonzalez est en passe de réussir son pari. Avec un maintien presque assuré et une jeunesse à qui il a donné le pouvoir, il retrouve même une forte cote de popularité en Espagne.
Lorsqu’il pénètre dans la salle de presse du Nuevo Los Cármenes, Michel Gonzalez a la banane. Et il a de quoi. Son Málaga vient alors de s’imposer sur la pelouse de Grenade (0-2) pour ce qui devient le quatrième succès en cinq rencontres de ses nouveaux protégés andalous, et s’assure presque définitivement un maintien encore hypothétique il y a de ça quelques semaines. À croire que la méthode de l’ancien entraîneur marseillais fonctionne, puisqu’en l’espace de huit journées de Liga, les Boquerones – les Anchois en VF – glanent presque autant de points que depuis le début de l’exercice. Pis, troisième homme à s’asseoir sur le banc de la Rosaleda en cet exercice, le Madridista de cœur réussit là où son compatriote Juande Ramos, auteur d’un début de Liga pourri, et l’Uruguayen Marcelo « Gato » Romero, qui ne récolte que cinq points sur 30 possibles, avaient galéré en cette Liga. Après son cuisant échec phocéen, cette nouvelle aventure lui rend ainsi un crédit certain outre-Pyrénées. À tel point qu’il reconnaît aujourd’hui que « c’est avec grand regret que nous voyons la saison approcher de sa fin » .
Travail mental, Demichelis et projet du cheikh
Cette affirmation, Michel la garde pour lui le 7 mars dernier lorsqu’il est annoncé comme le remplaçant de Romero. Bien au contraire, pour sa première sortie médiatique, il se la joue pompier de service en n’espérant qu’un « maintien le plus tôt possible » . Expéditive et minimaliste, cette conférence de presse laisse tout de même entrapercevoir un entraîneur revanchard après une ultime expérience dévastatrice pour son image. Qu’importe, à Málaga, l’urgence des résultats prime sur la réputation de l’ancien membre de la Quinta del Buitre de Butragueño. Dès sa prise de contact initiale avec son groupe, le Madrilène de naissance découvre de jeunes joueurs en manque de confiance. Et de vieux briscards en manque de tout. Si bien qu’à la suite de son premier match dirigé sur la pelouse du Deportivo Alavés, il prend des décisions fortes comme celle de ranger définitivement sous sa guérite le titubant Demichelis, arrivé en prêt depuis l’Espanyol Barcelone au mercato hivernal. Une tendance qui se confirme au gré des rencontres : à défaut de pouvoir compter sur ses hommes d’expérience, il fait grimper dans la hiérarchie les minots de son effectif.
Et des jeunes de talent, Málaga n’en manque pas. De Diego Llorente à Pablo Fornals en passant par Javier Ontiveros, les gamins à fort potentiel sont légion. Ce qui sied parfaitement au projet de Michel, comme il le déclare au moment de sa présentation : « J’en ai parlé à Arnau (directeur sportif de Málaga, ndlr), j’aime les joueurs du centre de formation qui arrivent jusqu’en équipe première. Et pour cela, ils ont besoin d’opportunité que je vais leur donner. C’est pour ça que j’aime avoir un groupe de pas plus de 22 joueurs que je peux alimenter de canteranos. » Des paroles aux actes, l’entraîneur dégaine des onze successifs qui font la part belle à cette nouvelle génération qu’il travaille au corps à chaque séance d’entraînement. Car plus qu’un problème purement footballistique, ce Málaga juvénile manque surtout de constance et de confiance. « Les encouragements que nous avons donné à nos joueurs démontrent qu’ils peuvent le faire » , indique-t-il avant la réception de Barcelone. À croire que la méthode fonctionne, et bien, puisque au lendemain de cette déclaration, les Boquerones rectifient le Barça, 2-0.
La sempiternelle rumeur merengue
En plus d’assurer presque définitivement le maintien de Málaga, ce succès de prestige renvoie Michel Gonzalez dans l’orbite de son Real Madrid, club avec lequel il a tout connu, de sa formation en tant que joueur à son éclosion en tant qu’entraîneur de la Fabrica. Même s’il assure être venu à Málaga « pour construire un vrai projet » , celui qui dispose d’un contrat d’un an et demi n’en demeure pas moins sensible aux approches du Madridismo. Ce qu’il confirme sur les ondes de la radio Onda Cero au soir de sa quatrième victoire face à Grenade, quand il est interrogé sur la possibilité de priver de titre le Real Madrid lors de la dernière journée de Liga : « Je suis bien plus madridista que Valdano (qui, par deux fois avec Tenerife, avait battu le Real et couronné le Barça, ndlr). C’est mon Real Madrid, mais c’est également mon Málaga, avec lequel je dois remplir un objectif. » Autant dire qu’en cas de maintien assuré avant le dernier opus du championnat, nul doute que Michel n’aurait aucun problème d’éthique à se coucher. Et les sempiternelles rumeurs l’annonçant sur le banc du Real Madrid reprennent de l’insistance…
Par Robin Delorme