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Michel, Bielsa lui dit merci
Après neuf matchs, le bilan de Michel à l'OM est clairement mauvais, et ses déclarations agacent. De quoi renforcer la cote du technicien argentin, toujours pas oublié à Marseille.
Nommé à l’OM après deux journées de championnat, Michel était présenté pour s’inscrire dans la voie tracée par Carlo Ancelotti : celle des techniciens étrangers qui apportent quelque chose de nouveau à la Ligue 1. C’était d’ailleurs le souhait de son président. Alors que les CV franchouillards s’accumulaient sur son bureau, Vincent Labrune avait expliqué qu’il voulait un étranger, question de philosophie. Mais après une poignée de matchs, son choix est parti pour intégrer une autre catégorie : celle de John Toshack, Javier Clemente ou plus récemment Ariel Jacobs. Les paris manqués. Dur ?
Michel sait sortir le parapluie
Succéder à Marcelo Bielsa, après l’intensité des 15 mois passés par l’Argentin à Marseille, c’était déjà un sacré challenge. Même ce bon Carlo Ancelotti aurait essuyé en coin des « avec Marcelo… » . Mais force est de constater que, même en succédant à Élie Baup, le beau Michel aurait encaissé quelques reproches à Marseille. C’est que, comme partout ailleurs, les résultats sont juges. En 9 matchs, l’Espagnol n’a gagné que Troyes, Bastia et Groningen, alors que tous les adversaires des Phocéens, à l’exception du PSG, étaient à leur portée. Mais là où Michel agace vraiment, ce sont sur tous les paramètres extérieurs au rectangle vert. Ironie de l’histoire, cela lui avait procuré un capital sympathie de départ, notamment auprès des journalistes. Un entraîneur souriant, qui accorde des entretiens individuels, chouette. Après une dizaine de jours, il fait la Une de La Provence qui finit sa présentation par « l’Anti-Bielsa, rafraîchissant » . Après quelques semaines, son comportement… renforce la cote du technicien argentin auprès des fans de l’OM !
C’est que Michel s’est fait une spécialité : la sortie de parapluie. Avant de jouer Liberec en Ligue Europa, il défend son turn-over en expliquant qu’il n’a pas le choix, qu’il doit composer avec des joueurs qui ne veulent pas jouer tous les trois jours. Quelques minutes avant, il s’en était pris à son prédécesseur : « Je ne peux pas donner mon avis sur le début de saison, puisque je n’étais pas là, mais depuis mon arrivée, j’ai fait avec ce que j’ai trouvé. Je n’ai pas l’équivalent en français d’une expression espagnole, mais d’une certaine manière, on travaille à contre-courant par rapport à l’héritage reçu. » Il y a quelques jours, c’est Vincent Labrune qui a eu droit à sa dédicace. Alors que l’Espagnol avait déjà expliqué qu’il « fait avec ce qu’il a trouvé » , il en a remis une couche sur RMC : « La seule chose que j’ai demandé dans la dernière semaine de mercato, c’est un avant-centre. Gignac est parti il y a cinq mois, il aurait dû y avoir un remplaçant. » Avant de jouer Lorient, la légende du Real a fait remarquer qu’il n’a eu que deux séances avec son groupe à disposition, à cause de la trêve. Pour les fans de l’OM, ce sont autant de motifs pour regretter encore plus Marcelo Bielsa, l’homme qui savait imposer une autorité avec ses joueurs et qui n’avait pas peur d’aller au clash avec Labrune. En alignant en outre De Ceglie et Rolando, Michel passe pour l’entraîneur qui cède aux demandes des agents amis du président, avec l’ombre Doyen Sport qui alimente bien des fantasmes, envoyant un peu plus à la postérité « San Marcelo de Marseille » , l’homme qui n’a pas donné une minute de temps de jeu à Dória. C’était pourtant loin d’être une décision partagée par tous sur le moment.
La cote de Bielsa va-t-elle continuer de grimper ?
Tactiquement, pourtant, Michel a montré qu’il n’était pas une escroquerie. Contre Lyon, en infériorité numérique, il a pris des risques, faisant entrer Nkoudou pour jouer en attaque aux côtés de Batshuayi et offrir 20 minutes de très haut niveau en fin de partie. À Paris, il a dégainé un système avec deux lignes de quatre rapprochés qui ont permis aux Olympiens d’exister dans le match où ils semblaient condamnés. Si ça se trouve, Michel a multiplié les déclarations pour amuser la galerie et gagner du temps, en attendant de trouver la bonne formule. Si sa formation commence à exploiter pleinement son potentiel, et donc à enchaîner logiquement les victoires en championnat et en Ligue Europa, Michel va réussir à rallier du monde à sa cause. Mais en cas de contre-performance face à Lorient, il ne passionnera que les équilibristes, curieux de voir comment il va se dédouaner cette fois-ci. Et ne pourra empêcher le stade de scander ironiquement le nom de Marcelo Bielsa.
Par Romain Canuti