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Michael Carrick, le gars sûr de Manchester United
Alors que tout le monde pensait qu’il allait quitter pour de bon Manchester United en fin de saison dernière, Michael Carrick est toujours là, simple, sobre et terriblement classe au sein d’un milieu de terrain qui peine à convaincre en son absence.
C’est l’histoire d’un mec de trente-cinq ans qui, en mai dernier, semblait avoir dit adieu à son club de cœur au terme d’une saison où les matchs se sont fait plus rares, les jambes plus lourdes et les victoires plus compliquées. Aussi triste fut ce supposé départ, les supporters de Manchester United – et les amateurs de football tant qu’à faire – ne pouvaient qu’applaudir la carrière, le sérieux et la qualité de balle de Michael Carrick, qui a tout gagné avec les Red Devils : en dix ans, il a quand même remporté cinq Premier League, une Ligue des champions (sur trois finales disputées), une League Cup et une FA Cup, le tout en un peu plus de quatre cents apparitions. Mais les supporters des Red Devils pouvaient également être rassurés : déjà, parce que Mourinho prenait la relève d’un Van Gaal mal aimé, mais aussi parce que le milieu de terrain mancunien promettait d’avoir fière allure en 2016-2017 avec Pogba en renfort.
Roi du midfield
Six mois plus tard, on peut le dire : le scénario imaginé a été complètement chamboulé. Non seulement Carrick a rempilé pour une saison, et s’est justifié ainsi : « Ce grand club fait partie de ma vie depuis dix ans, donc je suis ravi que cette incroyable aventure puisse continuer. C’est formidable d’avoir l’opportunité de travailler sous les ordres de José Mourinho, qui a réalisé tellement de choses dans sa carrière. » Mais il s’est également imposé ces dernières semaines comme le gars sûr du milieu de terrain des Red Devils. La faute à qui, à quoi ? Sans doute à ses performances, déjà. Depuis la saison 2014-2015, il est en effet statistiquement prouvé que Manchester gagne plus de points en moyenne par match quand le natif de Wallsend est sur le terrain. On tient pour preuve les 2,44 points par match gagnés il y a deux saisons (contre 1,41 lorsqu’il est sur le banc), le 1,91 point pris en moyenne en 2015-2016 (contre 1,50 en son absence) et les sept matchs remportés cette saison par Manchester sur les huit rencontres disputées par Carrick – le huitième match étant le nul face à Arsenal le week-end dernier.
Une concurrence trop faible
C’est beau, ça pose une crédibilité et ça se justifie aisément quand on sait que Carrick, depuis le début de sa carrière, se trimbale avec un ratio de passes réussies complètement dingue (80%). Mais cette présence presque essentielle au milieu de terrain masque surtout une cruelle réalité : celle d’un club qui, malgré des millions d’euros claqués sur le marché des transferts et l’arrivée d’un entraîneur de classe mondiale, éprouve les pires difficultés à trouver un réel équilibre et se voit contraint après seulement quelques semaines de confier les clés de son jeu à un joueur de trente-cinq ans. Car ce n’est pas seulement les lacunes au milieu de terrain (notamment de Morgan Schneiderlin et Marouane Fellaini) que l’autorité naturelle et la qualité de passe de Carrick viennent combler. C’est aussi un secteur défensif régulièrement à la peine, souvent nerveux et handicapé par les blessures à répétition de Luke Shaw ou Éric Bailly.
Malin, Mourinho en a rapidement pris conscience et a fait de Carrick le Xabi Alonso qu’il avait lorsqu’il officiait au Real Madrid : un joueur, discret en dehors des terrains, mais capable de temporiser, d’orienter le jeu, de casser le rythme adverse et mettre en place un jeu basé sur la possession. L’entraîneur portugais sait aussi qu’il doit vite trouver une solution pour améliorer les résultats, que tout ne lui sera pas pardonné au vu du dernier marché des transferts et qu’en situation d’urgence, mieux vaut se tourner vers les joueurs irréprochables, forts psychologiquement, gardiens d’une certaine philosophie de jeu en quelque sorte. Tout un symbole, Mourinho lui a d’ailleurs déclaré sa flamme en conférence de presse cette semaine : « On sait quand il peut jouer, on sait quand il est prêt et quand il a besoin de repos. Je compte encore sur Michael Carrick, et probablement pour une saison supplémentaire. C’est un joueur fantastique et c’est dommage parce que, au lieu d’avoir été son entraîneur quand il avait vingt-cinq ans, je le suis quand il a trente-cinq ans. Je l’ai toujours apprécié. » Comme si le Special One savait, mieux que quiconque, qu’on ne remplace pas facilement une légende.
Par Maxime Delcourt