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Michael Ballack : « Paris a besoin que la Ligue 1 progresse »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
8 minutes
Michael Ballack : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Paris a besoin que la Ligue 1 progresse<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Double finaliste de la Ligue des champions en 2002 avec le Bayer Leverkusen et en 2008 avec Chelsea, Michael Ballack suit encore de très près la reine des compétitions européennes. Et l’ancien international allemand, finaliste du Mondial 2002, a son opinion sur la voie à suivre par le PSG pour un jour décrocher la coupe aux grandes oreilles.

Après la première journée de Ligue des champions, quelle équipe vous a le plus impressionné ?Difficile de se faire une opinion après un seul match, mais le Bayern Munich, que je suis particulièrement, m’a donné l’impression qu’il allait se qualifier aisément pour les huitièmes de finale. Ils se sont imposés sur le terrain de l’équipe qui apparaît comme son principal opposant dans le groupe (Benfica, N.D.L.R.), cela leur permet de marquer leur territoire. Barcelone a sorti un très gros premier match, Liverpool semble dans la lancée de la saison passée, et le Real Madrid, ce n’est même pas nécessaire de les mentionner, ils ont remporté l’épreuve trois fois de suite, donc impossible de ne pas en faire un favori.

Côté français, les gens ont été déçus par la performance du PSG à Liverpool (défaite 3-2). L’ambition de remporter la Ligue des champions est-elle réaliste ?Je pense que cela rend la tâche difficile à Paris de ne pas être challengé semaine après semaine en championnat. Ce type de configuration peut rendre difficile le maintien de la motivation et de la concentration. Parfois, le PSG sort des performances incroyables, et on peut se dire « quelle équipe ! » Mais d’autres fois, au mauvais moment, ils ne sont pas à leur niveau. D’où la déconvenue à Barcelone en 2017. Selon moi, Paris a besoin de plus d’adversité chaque week-end, besoin que le niveau de la Ligue 1 progresse encore. Il manque aussi d’expérience. Il n’a pas l’histoire du FC Barcelone, du Real Madrid ou du Bayern dans cette compétition. On voit la même chose avec Manchester City. Quand on voit les noms des joueurs dans l’équipe, tout l’argent investi, on se dit qu’ils doivent gagner la Ligue des champions, mais ce n’est pas si simple. C’est une compétition très dure, de très haut niveau, qui exige beaucoup d’expérience, mais aussi de jouer dans un championnat très relevé afin d’être poussé à rester tout le temps au très haut niveau.

Les clubs anglais semblent souffrir en Ligue des champions de cette compétitivité extrême en championnat le week-end…Ce qui montre que la solution pour gagner la Ligue des champions n’est pas simple. Il faut évoluer au très haut niveau tout le temps, mais il faut aussi beaucoup d’autres paramètres, comme ne pas avoir de joueurs importants blessés au mauvais moment. Une équipe qui veut gagner cette compétition a besoin d’être au sommet de sa forme quand les choses sérieuses commencent, en février ou mars.

L’objectif n’est pas de gagner en septembre ou octobre, mais d’arriver au maximum en mars, avril ou mai.

Comme pour la Coupe du monde : la France a été la meilleure en juin et juillet, quand il le fallait. Quatre mois avant, ce n’était peut-être pas la meilleure équipe, une autre équipe aurait été championne du monde. Pour remporter la C1, il y a besoin de réunir beaucoup d’éléments, mais surtout, vous devez les réunir au bon moment, il faut le bon timing. Les meilleurs entraîneurs sont ceux qui préparent leur équipe pour être performante au bon moment. L’objectif n’est pas de gagner en septembre ou octobre, mais d’arriver au maximum en mars, avril ou mai, quand on entre dans les quarts ou demi-finales. C’est la période qui compte le plus.

Concernant Paris, on pointe surtout le manque de force de l’institution face à des joueurs comme Neymar, peu concerné par le replacement défensif contre Liverpool. Comment la direction parisienne peut renforcer son aura en tant qu’institution ?(Rires.) Ce n’est pas simple, c’est tout un processus qui incombe aux dirigeants, à l’entraîneur et à tous les joueurs. Il faut élever l’état d’esprit, la mentalité, il faut qu’il y ait un réel engagement de chacun envers le club. À 100%. Mais cela prend du temps de faire en sorte que chacun joue et se batte totalement pour le club. Il ne suffit pas d’investir beaucoup d’argent pour construire un grand club. L’achat de bons joueurs n’est qu’une composante. Beaucoup d’éléments se développent « entre les lignes » , pendant la vie du club, dans les échanges entre personnes qui le composent. Il y a une confiance mutuelle qui doit s’opérer entre les gens, pour que les joueurs donnent le meilleur d’eux-mêmes. C’est un processus très subtil qui nécessite du temps, une identification forte au club. Plein de choses doivent s’agglomérer. Et il faut vivre des expériences aussi, perdre plusieurs années de suite et faire l’effort de comprendre pourquoi. Par exemple, il faut identifier quel est le meilleur 11 à aligner pour les matchs-clés du printemps, plutôt que le 11 qui a l’air le plus talentueux.

« Identification » , cela sous-entend que développer une identité, des valeurs fortes, est peut-être plus important que d’acheter les meilleurs joueurs disponibles ? C’est un équilibre entre les deux. Il faut du talent, mais ce talent doit servir ce que le club veut représenter.

Les meilleurs joueurs du monde peuvent s’adapter à tous les grands clubs, à condition qu’on leur offre un bon environnement.

C’est l’un des grands intérêts du développement du centre de formation, car on fait grandir des joueurs qui connaissent le club mieux que personne, et probablement qui le supportaient enfant. Mais ajouter à cela des joueurs internationaux de classe mondiale, c’est indispensable. Il faut que ce type de joueurs soient en mesure de s’intégrer rapidement au club, plutôt que de lui imposer des changements. Normalement, les meilleurs joueurs du monde peuvent s’adapter à tous les grands clubs, à condition qu’on leur offre un bon environnement. Il faut donc un équilibre entre le niveau du club et la qualité du joueur.

Paris est assis sur une mine d’or avec le vivier francilien, en mesure d’alimenter son centre de formation. Avoir 50% de l’équipe première formée au club, cela peut être une stratégie à moyen ou long terme pour le PSG, s’il veut encore passer un cap ?Chaque grand club a le même… je ne vais pas dire problème, mais plutôt questionnement. Il faut se demander « quelle voie on prend ? » En réalité, chaque club fait un mélange des deux opposés. Le problème pour les clubs, c’est qu’il faudrait idéalement construire sur du long terme, mais ils sont obligés de penser à court terme. La priorité, c’est le résultat du prochain match. Il n’y a pas le temps pour les gros clubs qui dépensent des sommes considérables, de dire « on attend des résultats dans trois-quatre ans » . Personne n’accepterait ça, c’est le nœud du problème. Il faut donc penser à équilibrer avec le talent mature pour gagner les matchs, et l’intégration des jeunes du club pour favoriser l’identification. Ces joueurs mesurent normalement la valeur, la signification du maillot qu’ils portent. Et si cette identité au sein du club est suffisamment forte, tout joueur recruté à l’extérieur assimile rapidement cet état d’esprit. Un nouveau joueur doit sentir l’histoire de sa nouvelle équipe quand il débarque.

Le PSG a encore du mal à enflammer des matchs à élimination directe, ceux prompts à devenir des matchs d’anthologie. Vous en avez vécu plusieurs dans votre carrière, lequel vous a le plus marqué ?Oufff ! Il y a quelques gros souvenirs. Perdre en finale, c’est le pire sentiment que vous puissiez imaginer. Être si proche de soulever le trophée, à Moscou ou à Glasgow, c’est l’ascenseur émotionnel. Je pense qu’il n’y a pas de sensation plus forte, mais j’ai aussi quelques bons souvenirs. Tous les buts marqués, la sensation à chaque fois que l’on passe un tour, toujours aussi forte que ce soit avec Leverkusen, le Bayern ou Chelsea.

Peu de joueurs ont la chance de jouer une finale, et signeraient volontiers pour vivre la moitié de vos « déceptions » de 2002 et 2008. À quel moment vous avez compris – si jamais vous l’avez compris – que ces désillusions étaient avant tout de grandes réussites ?C’est une question d’objectifs. Le problème quand tu joues au plus haut niveau, c’est que tu ne peux pas vraiment apprécier.

J’ai eu la chance de jouer pour de très gros clubs, mais en me fixant toujours des objectifs très élevés, donc sans prendre le temps de profiter.

Ce n’est pas forcément un problème, mais tu ne peux jamais être satisfait. Avec la sélection allemande, l’objectif était toujours d’aller au moins en finale voire en demi-finales. Pareil avec des clubs comme le Bayern ou Chelsea. Ce qui limite la place pour l’autosatisfaction, car tu passes la saison à lutter contre les attentes des gens. Tu peux éventuellement apprécier à partir des demi-finales, des dernières journées de championnat… Et tu ne respires vraiment qu’une fois que tu as décroché un titre. C’est le drame des grands joueurs ! (Rires.) Les attentes sont tellement élevées, si vous ne réussissez pas comme les gens l’attendent de vous, ils vous tombent dessus. Or, une méforme à un match-clé, cela peut arriver, mais on n’a pas le droit. Plus vos objectifs sont élevés, plus c’est comme ça. J’ai eu la chance de jouer pour de très gros clubs, mais en me fixant toujours des objectifs très élevés, donc sans prendre le temps de profiter.

Vous avez été dirigé par de nombreux grands entraîneurs, comme José Mourinho, Carlo Ancelotti, Ottmar Hitzfeld, Guus Hiddink… Lequel vous a le plus marqué ?C’est vrai, j’ai eu beaucoup de chances de côtoyer autant de très grands techniciens. Mais le plus important pour moi reste Christopher Daum, quand j’étais à Leverkusen. J’avais 22 ou 23 ans, et à cet âge, je n’étais pas encore prêt, pas encore à mon meilleur niveau. Il m’a fait progresser, m’a amené à exiger plus de moi-même. Ces années passées avec lui ont été très importantes pour la suite de ma carrière.

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Propos recueillis par Nicolas Jucha

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