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Miccoli et Palerme, la fin d’une belle histoire

Par Alexandre Pauwels
Miccoli et Palerme, la fin d’une belle histoire

Fabrizio Miccoli, capitaine courage de Palerme, ne devrait pas se faire de vieux os dans un club qui vient tout juste d’être relégué en Serie B. Pas parce qu’il n’en a pas envie. Plutôt parce qu’il serait impliqué dans une triste affaire, en lien direct avec Cosa Nostra…

Rosanero. Rose et noir. Jusqu’à il y a peu, Fabrizio Miccoli voyait la vie de la bonne couleur. De son arrivée à l’été 2007 sous le maillot de Palerme, il est devenu la légende vivante du club, le capitaine exemplaire, le détenteur de tous les records individuels. Depuis le 12 mai dernier cependant, le tableau s’est assombri. Le numéro 10 a d’abord versé de chaudes larmes à Florence, lors d’une défaite qui condamnait les siens à la Serie B. Il a récidivé ce dimanche au Renzo Barbera, lors du dernier match des Siciliens face à Parme. Mais pour une toute autre raison, cette fois-ci : le joueur jouait très probablement son dernier match sous le maillot rosanero. La raison tient d’une affaire révélée dans le courant de la semaine par la version palermitaine de la Repubblica. Miccoli serait soupçonné par la DIA (Direzione Investigativa Antimafia) d’avoir « accédé de manière illégale au système informatique d’un opérateur » . Avec l’aide d’un employé de TIM, le capitaine rosanero se serait procuré 4 cartes SIM neuves, placées aux noms de pauvres clients palermitains. L’une de ces cartes aurait été transmise à Mauro Lauricella, le fils d’un certain Antonino, capo mafieux en cavale depuis six ans au moment des faits.


« Ne viens pas au stade, il y a les flics »

Ces faits remontent à 2011. L’année où justement, la relation amicale entre le rejeton Lauricella et Miccoli est étalée dans la presse. Déjà, le joueur est suivi par les enquêteurs. Placé sur écoute, il est publiquement mis hors de cause par le procureur courant septembre, après que le boss ait été arrêté. Si l’affaire s’est tassée durant un temps, des enquêteurs de la DIA ont continué leurs investigations, et tenté d’en savoir plus sur les rapports entre les deux hommes. Des rapports bien plus sombres qu’il n’y paraîtrait, comme le suggère aujourd’hui l’affaire des cartes SIM. Les enquêteurs supposent que le numéro transmis par l’attaquant aurait permis à Lauricella de s’entretenir avec son père. Mais ça ne s’arrête pas là. Le joueur aurait fait bien plus que rendre un simple service : selon le procureur, Miccoli aurait mandaté son ami pour récupérer les crédits d’une société en charge de la gestion d’une discothèque. A quel titre ? Lauricella aurait-il eu recours à des menaces pour y parvenir ? L’enquête en est à déterminer ces différents éléments. Le seul chef d’accusation qui pourrait concerner Miccoli à ce jour, serait cette violation d’un système informatique. Mais il pourrait y avoir bien plus.

D’autant qu’en parallèle, l’attaquant entretient une autre relation dangereuse, avec le dénommé Francesco Guttadauro. Lui est le petit-fils d’un ponte de Trapani en cavale depuis 20 ans, Matteo Messina Denaro. Cette relation a été révélée en décembre dernier, lorsque la Repubblica dévoilait que les Carabinieri du ROS (Raggruppamento Operativo Speciale) avaient entrevu le joueur au côté de son nouvel ami durant l’été, alors qu’ils effectuaient une planque devant une station-service fréquentée par la famille. Sur le papier, rien de très probant en premier lieu, le pote de Miccoli n’ayant jamais été inquiété par la justice. Mais cette simple vision encourage de nouveau les enquêteurs de la DIA à mettre le joueur sur écoute. Et les résultats laissent entendre que les deux hommes ne sont pas tout blanc. La Repubblica a publié jeudi dernier l’une de leurs conversations téléphoniques. Ou plutôt, une seule phrase, prononcée par Miccoli à son ami, qui avait prévu de venir le voir jouer : « Ne viens pas au stade, il y a les flics… » Une phrase lourde de sens.

L’idole critiquée, le prétexte pour Zamparini

Aujourd’hui, on se demande bien ce qui pourrait sortir dans la presse. Une chose est certaine : l’image de Miccoli, celle du communiste-sympa-proche du peuple, est écornée. Devant de tels soupçons de culpabilité et le silence du principal concerné, les personnalités n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir. A commencer par la présidente de la Commission européenne Antimafia, Sonia Alfano : « A part le fait que ce n’est pas la première fois que le nom du joueur est lié à ceux de personnages du monde de la malavita, je me demande comment il est possible que l’idole de tant de gens, le leader d’une équipe de foot, puisse être confronté à des situations de ce genre, alors qu’il devrait être un modèle pour les jeunes. (…) Miccoli devrait déjà être en train de clarifier sa position, s’il n’a rien à se reprocher. Cependant, il reste muet. Il devrait rompre ce silence qui, au regard du cadre très grave que dressent les enquêtes de la DIA, pourrait éveiller des soupçons encore plus graves. » De son côté, le député régional Salvino Caputo a réclamé que le brassard lui soit immédiatement retiré.

Maurizio Zamparini, qui a toujours défendu son joueur sur ses rapports avec Lauricella – « à Palerme, on peut très bien connaître des gens et ne pas savoir qu’ils ont des parents mafieux » – n’a pas accédé à la requête de l’homme politique. Mais il a l’intention d’aller plus loin. Alors que Miccoli arrive au terme de son contrat et qu’il a émis le souhait de prolonger malgré la descente, Zampa l’invite à se tirer devant la tournure des événements. « Ce qui arrive à Fabrizio est la démonstration que pour lui, le mieux serait de quitter Palerme. Il a besoin de changer d’air, il peut toujours aller aux Emirats… » Pour bon nombre de tifosi, le président a trouvé le prétexte idéal pour éjecter un joueur qui le gênait depuis longtemps. Au mieux donc, Miccoli finira aux Emirats. Au pire, ce sera la taule, lui qui risque trois ans rien que pour l’affaire des cartes SIM. En tout cas, son histoire d’amour avec Palerme touche à son terme. Hier soir, après avoir claqué un but face à Parme, le capitaine a fait ses adieux. S’il ne l’a pas avoué, son attitude n’a trompé personne. Après un tour de terrain pour saluer les supporters, il s’est rendu en conférence de presse pour une séance remerciement. « Ce soir, je suis ici en tant que capitaine de Palerme. Ce brassard, je l’ai toujours porté avec honneur. Je suis ici pour remercier les tifosi, le club, les coachs. Tous m’ont soutenu. Je remercie mes coéquipiers, Giulio Migliaccio, surtout. Puis, Balzaretti, Liverani, Benussi. Il y a eu tant de satisfactions, durant toutes ces années. Je remercie ma famille, qui m’est toujours restée proche et qui m’a permis et convaincu de rester ici. Sur mon futur, je n’ai encore rien décidé. Mais si je pars, ce sera seulement pour le foot, pas pour autre chose. Avec cette histoire, j’ai créé des désagréments à beaucoup de monde, y compris à ma famille. Je le regrette. J’ai toujours voulu être un homme ordinaire, et me fondre dans la ville. » Ses flirts avec le mauvais côté de Palerme lui valent aujourd’hui une fin de parcours malheureuse. Mais Miccoli, le joueur, la légende palermitaine, méritait sans doute une autre fin.

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