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MHD : « Je n’en veux pas à Willy Sagnol »

Propos recueillis par Mathias Edwards
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Alexande Lacazette, Cheick Diabaté, Adrien Rabiot et bien d'autres célèbrent leurs buts en imitant son pas de danse. Ses refrains sont chantés dans tous les vestiaires de Lyon au Bayern, en passant par Arsenal. Lancée l'été dernier, c'est peu dire que la vague MHD a tout ravagé sur son passage. Et fait de l'inventeur de l'afro-trap le seul supporter bordelais heureux cette saison.

Tu fais de la musique depuis combien de temps ?Depuis deux ans, mais je m’y suis mis vraiment sérieusement il y a 6 mois. Tout est allé hyper vite pour moi.

L’afro trap, c’est arrivé comment ? En août dernier, j’étais en vacances avec des amis à Montpellier. Et on consomme énormément de musique africaine. On écoutait du P Square, et à la fin d’un morceau, l’instrumentale continue. Je me suis amusé à poser dessus, et j’ai vu que ça faisait un bon délire. Du coup, j’en ai fait une vidéo en selfie, que j’ai postée sur Facebook. Et à mon retour à Paris, j’ai constaté qu’elle avait été partagée des milliers de fois, que les gens en demandaient plus. J’ai enregistré le morceau en studio, et fait un petit clip. Ça a bien pris, et j’ai enchaîné avec un deuxième, un troisième, etc.

Avant cette folie, tu faisais quel type de musique ?De la trap plus classique. J’ai arrêté parce que ça ne marchait pas, et qu’on était trop nombreux à faire la même musique. Il fallait que je me différencie, que j’ajoute une touche personnelle pour me démarquer.

Tout est allé très vite ces six derniers mois, pour toi. Qu’est-ce qui t’est arrivé de plus dingue ?La première partie de Booba au Zénith de Paris, c’était pas mal. C’était une idée de ses managers. Je ne sais pas pourquoi ils ont eu cette idée. Booba m’a dit qu’il aimait bien ma musique, il trouve ça frais, original. En revanche, il m’a conseillé de ne pas trop surfer sur le buzz, parce que ça peut s’arrêter très vite. Il m’a aussi dit qu’il fallait faire des classiques, mais il ne m’a pas donné sa recette. Il y a bien des producteurs à la mode, mais c’est pas trop mon truc, la mode. Et puis, il y a eu ce concert à Conakry avec Black M, dans un stade, devant 60 000 personnes. J’ai été super bien accueilli, tout le monde connaît mes morceaux, là-bas. Sur le parcours de l’aéroport à l’hôtel, il y avait plein de gens qui suivaient notre voiture, avec des pancartes à mon nom et tout.

J’ai toujours eu Bordeaux en tête. J’étais fan de Pascal Feindouno, qui est guinéen comme moi. J’aimerais bien le rencontrer, d’ailleurs.

Tes parents doivent être super fiers, surtout que ton père est guinéen…Oui, et ils me le montrent. Ils pensaient que j’allais faire ma vie dans la restauration, avec mon B.E.P. Ça a changé…

Lors de ta signature en édition chez Warner, tu portais un maillot de Bordeaux. Tu as négocié ton contrat comme si tu signais dans un club, avec un paquet de clauses, en affirmant que c’était ta maison de disque de cœur ?Ah ah, non, pas du tout. Je supporte Bordeaux parce que je suis de La Roche-sur-Yon (en Vendée), pas de Paris. Là-bas, il y avait beaucoup de supporters des Girondins, dont mon père. Donc c’est de famille.

Quels sont tes meilleurs souvenirs de supporter ?Le titre de champion remporté avec Laurent Blanc. Avec le but de Gouffran lors de la dernière journée, contre Caen, son ancienne équipe, qu’il envoie en Ligue 2. J’étais chez moi, avec des potes.

Tu vis à Paris depuis combien de temps ?Mes parents ont déménagé lorsque j’avais deux ans. D’abord dans le 20e, puis dans le 18e, et enfin dans le 19e. Aujourd’hui, je ne rêve d’habiter nulle part ailleurs, je suis très bien dans ma Cité rouge. Mais j’ai toujours eu Bordeaux en tête. J’étais fan de Pascal Feindouno, qui est guinéen comme moi. J’aimerais bien le rencontrer, d’ailleurs.

Qu’est-ce que tu penses de la saison des Girondins ?C’est sombre. Cela fait trop longtemps qu’on est bloqués en milieu de tableau. Mais je n’en veux pas à Willy Sagnol, plutôt aux joueurs. Il aurait fallu laisser plus de temps à Sagnol, tout le monde peut faire des erreurs. Il a fait des mauvais choix tactiques, mais les joueurs ne font pas preuve d’envie.

Je ne connais pas l’histoire de Roger Milla, mais je sais qu’il danse bien. C’est la seule référence au foot de l’album.

Tu es satisfait de l’arrivée d’Ulrich Ramé à la tête de l’équipe ?Il est juste là en attendant qu’on trouve un vrai entraîneur. Il ne peut pas entraîner Bordeaux sur le long terme, il n’a pas les compétences.

Depuis que t’es parisien, t’es un peu devenu supporter du PSG ?Un peu. C’est dur de l’avouer, hein, mais un peu quand même. Surtout en Ligue des champions, en fait.

Quand tu rappes « Paname c’est la Ligue des champions » , tu te caches pas trop… Depuis quelque temps, Paris s’est imposé comme une grosse équipe européenne. En tant que parisien, ça fait forcément plaisir. Mais je ne peux pas être fan du Paris Saint-Germain.

Comment est-ce que ton entourage a réagi à ce morceau ?Mes potes m’ont dit que j’avais changé. « Ouais, avant t’étais pour Bordeaux, maintenant t’es pour Paris… » Alors que j’ai juste fait ça parce qu’en ce moment, ils font du bien à la ville avec leurs performances. Ça fait quand même plaisir d’avoir un club français qui compte un peu en Ligue des champions, ça n’était pas arrivé depuis longtemps.

À l’image d’Adrien Rabiot contre Manchester City, de plus en plus de joueurs reprennent ton pas de danse pour célébrer leurs buts. Tu es en contact avec eux ?Non, pas vraiment. Certains m’envoient des messages de soutien sur les réseaux sociaux, comme Serge Aurier, Mathias Pogba, le Néerlandais Eljero Elia, Younès Kaabouni, Sony Mustivar de Kansas City, Fred Guilbert, Naby Sarr, Cheikh M’Bengue… Quand Adrien Rabiot a fait mon « move » , je m’y attendais un peu, parce que ce n’était pas la première fois. J’étais au stade, et j’attendais ça. Même la première fois qu’il l’a fait, j’étais très heureux, mais pas vraiment surpris. Les joueurs du PSG écoutent beaucoup de musique, on sent qu’ils sont au courant de tout ce qui se passe. Alexandre Lacazette et Cheick Diabaté ont aussi célébré des buts avec mon pas de danse.

Aujourd’hui, tu es invité quand tu vas au Parc des Princes ?C’est sûr que c’est plus facile qu’avant d’avoir des invitations. Ils m’installent dans ce qu’ils appellent « le carré VIP » , juste devant les joueurs qui n’ont pas été retenus. Ce qui me plaît, c’est l’ambiance. Il paraît que c’est moins bien qu’avant, mais avant, je n’y allais pas.

Le premier single de ton album, qui sortira le 15 avril, s’appelle Roger Milla. Comment t’est venue cette idée ? Roger Milla, ce n’est pas mon époque. Mais je suis tombé sur cette vidéo où il danse avec le poteau de corner, et ça m’a bien plu. Donc voilà, je ne connais pas son histoire, mais je sais qu’il danse bien. C’est la seule référence au foot de l’album.

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Propos recueillis par Mathias Edwards

Le premier album de MHD est disponible partout.

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