- Euro 2012
- Groupe D
- France
Mexès symbole
Joueur brillant, talentueux et un peu trop looké, le Mexès est aussi capable de moments d’absence, de vrais trous d’air et de boulettes plus grosses que lui. Le petit Philou, ou l’équipe de France faite homme.
Quelques minutes de jeu dans ce France-Estonie, le ballon est dans la surface de réparation française. Philippe Mexès s’apprête à s’en emparer, sans doute pour le dégager, et là, il glisse comme une merde. Résultat : occasion du tonnerre pour Ojamaa. Quelques minutes plus tard à peine, Philippe Mexès perd d’abord le contrôle de la balle, puis s’embarque dans une série de dribbles alambiqués sur la gauche. Puis, en pleine forme, Philippe Mexès finit son exposé par une bonne grosse faute de derrière les tresses couchées. Parce que, justement, Philou n’est, en ce moment, pas forcément en pleine forme. Apparemment arrivé à la Clairefontaine en léger surpoids, il n’a toujours pas retrouvé sa plénitude et subit encore le contre-coup de sa blessure aux ligaments croisés du genou gauche, survenue au tout début du mois d’avril.
L’ombre d’un doute…
Valide, à 100%, « fit » , comme disent les Ricains, il est sans doute le meilleur défenseur susceptible de porter le maillot bleu. Pas non plus pour rien qu’après Auxerre et l’AS Roma, il joue aujourd’hui au Milan AC. Philippe, depuis longtemps, est considéré comme le plus talentueux, le plus propre, le plus Laurent Blanc des défenseurs français. Mais ça, c’est à 100%. Et aujourd’hui, à son apogée, Philou n’y est pas encore. Du coup, la paire qu’il forme avec Adil Rami ne donne pas toutes les sources de garanties, et ce n’est pas forcément le Valencian qui inquiète le plus. Mauvais placement, faute du mec pas au top de sa forme, compliqué quand on peut faire simple, Philou a encore besoin de quelque temps avant de retrouver son meilleur niveau ; ça tombe bien, l’équipe de France n’en a pas. Cependant, le spectre des premières sélections de Mexès, qui lui ont coûté bien du temps bleu, a beau ressurgir, ou le lobby Koscielny de prendre tout le poids du monde, Philou débutera bien l’Euro, avec toutes les interrogations qui l’entourent. Et en cela, il est peut-être le joueur qui représente le mieux la sélection.
Plus Blanc que Blanc ?
Car l’équipe de France, aussi talentueuse soit-elle, s’avance vers l’Euro avec autant d’interrogations que de certitudes. Les trois matchs de préparation ont clairement rassuré leur monde, la France commençant même à en faire flipper certains, et les certitudes sont bien plus nombreuses qu’on aurait pu imaginer. Il convient d’ailleurs ainsi de féliciter Laurent Blanc pour son travail et ses trouvailles. Son plan, même s’il s’agit d’un plan B (son milieu Diaby-M’Vila-Gourcuff a fait long feu. Mais comment aurait-il pu savoir que Diaby serait encore blessé, Gourcuff encore décevant ? Ou justement, aurait-il dû le prévoir ? Diaby est quand même un mec capable de se blesser en allant chercher sa convocation, et Gourcuff n’est pas vraiment non plus ce qu’on appelle une assurance tout risque), son plan B donc, semble le bon. Reste en effet quelques zones de troubles, comme les latéraux, et surtout, surtout, la tenue de sa charnière centrale (un point fondamental, insisterait ici Aimé Jacquet) et plus particulièrement l’état de forme de Philippe Mexès. Entre ses mains, Philou détient sans doute le destin de la France lors de cet Euro, et celui de son sélectionneur. Est venue l’heure de voir, justement, à quel point ils se ressemblent.
Par Simon Capelli-Welter