- CDM 2018
- Petite finale
- Belgique-Angleterre (2-0)
Meunier, arrière-pensées
Et si c'était lui, le meilleur arrière droit du Mondial ? Dans son combat fratricide avec Trippier, Thomas Meunier n'aura peut-être pas gagné cet après-midi la guerre. Il en ressort néanmoins avec un beau succès lors d'une bataille qui comptait pour un peu plus que du beurre, saluant une Coupe du monde de haute volée... qui pourrait relancer sa situation en club.
Dans une longue interview accordée à la RTBF avant le Mondial, Thomas Meunier se replongeait en enfance : « J’ai toujours ce rêve de jouer numéro 10, disait-il. Et je sais qu’avant la fin de ma carrière, je rejouerai à un poste offensif. » On le sait puisqu’il ne cesse de le répéter à qui veut bien l’entendre, Meunier était plus jeune un attaquant. Meunier aime toucher le ballon. Meunier claque des triplés avec sa sélection contre Gibraltar. Roberto Martínez aime Meunier, et Meunier aime Roberto Martínez. En réalité, de cette importance en sélection, Paris n’en avait qu’une vision déformée.
Un machin informe et kaléidoscopique, parce qu’après tout, quand la sélection belge dispute un amical, c’est souvent également le cas de l’équipe de France, que l’on regarde en bon patriote. Ce Mondial aura au moins eu le mérite, passé les polémiques à deux francs sur le plateau de Denis Brogniart, de réhabiliter les cannes d’un type que l’on résume trop souvent à sa bouche. Il faut s’y faire : Thomas Meunier a fait une Coupe du monde dantesque.
Le meilleur arrière droit du Mondial ?
Après une saison à avaler les miettes que Daniel Alves voulait bien lui laisser – en assurant toujours des performances de qualité lorsqu’il en avait l’opportunité –, le « back droit » belge s’était même un temps inquiété de sa possible présence en Russie. « Comme titulaire, j’espère » , glissait-il aux journalistes. Au cœur d’un effectif all-star, il a dépassé les attentes placées en lui. Une passe décisive contre la Tunisie, une autre face au Japon, et un but, donc, ce samedi après-midi face à l’Angleterre. Avec à chaque fois la même impression de facilité, celle d’un type qui a pu en garder sous le pied cette saison d’un point de vue physique. Dans le 3-5-2 mis en place par Roberto Martínez avec la Belgique, il excelle.
Ses courses vers l’avant perforent, ses passes en contre-attaques détruisent, lui se positionnant souvent à l’extrémité droite de la surface quand le ballon n’en est encore qu’à son pendant gauche. L’oublié du troisième poteau, celui qui débarque dans le dos pour reprendre de volée un centre destiné à l’origine au buteur (tant Cavani que Lukaku), c’est très souvent Meunier. Et face aux Three Lions, donc, c’est son tibia qui est venu ouvrir le score sur un très bon centre de Nacer Chadli d’entrée de jeu (4e), avant de faire passer quarante-cinq minutes infernales à Danny Rose, remplacé exsangue et étourdi à la mi-temps. Thomas Tuchel et sa possible défense parisienne à trois jubilent.
La masterclass Neymar
La bascule, c’est ce match contre le Brésil. Celui de la confirmation pour les Diables rouges et pour lui, mais aussi celui du carton jaune de trop qui le privait de demi-finales face aux Bleus. Thomas Meunier dit beaucoup de choses, mais là-dessus, rien. Niet. Bizarre et compréhensible à la fois, tant la déception doit être immense pour un bonhomme si essentiel à l’organisation tactique de sa sélection.
Les mots viendront, probablement. Comme ils sont finalement venus pour évoquer sa confrontation victorieuse avec Neymar, muselé au cours d’un quart de finale à diffuser en cours de géométrie, et qui constitue probablement la prestation défensive la plus aboutie de sa carrière : « Neymar ? Je le côtoie depuis un an maintenant, on apprend à se connaître. Hier à l’entraînement, quand le coach m’a dit : « Comment tu le sens ? », je lui ai répondu qu’il n’y aurait pas de souci. Il n’y a aucune prétention de ma part, mais je suis conscient de mes capacités. » Et puis, parce qu’il ne peut définitivement pas se retenir : « Ce soir, je suis quand même frustré. Offensivement, je n’ai pas touché une balle. »
Par Théo Denmat