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Metz que un cirque
Le FC Metz a donc été sanctionné sportivement après le jet de pétards sur le gardien de but lyonnais Anthony Lopes. Cette décision ne se résume néanmoins pas aux peines très dures et sévères infligées au club lorrain. Elle constitue un message clair et comminatoire adressé par la LFP aux clubs : « Ce qui se passe dans les tribunes relève de votre ressort, et nous avons un produit à vendre. » Avec derrière toujours la même vision d'un foot à deux vitesses et le désir évident de « régler » définitivement la question des supporters en poussant les directions à taper toujours plus fort.
Les événements qui se sont produits lors du match entre le FC Metz et l’Olympique lyonnais n’ont aucune excuse. Les deux personnes qui ont été interpellées à ce propos, si elles en sont reconnues coupables, devront en rendre compte judiciairement, en plus de leurs interdictions de stade. Ce qui est normal, et même nécessaire. Toutefois le châtiment qu’a infligé ce jeudi la LFP aux Grenats relève finalement d’une tout autre logique. Il ne s’agissait pas de réagir aux comportements délictueux des supporters qui ont commis ces actes, qui pour reprendre le discours du président de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP), Sébastien Deneux, « ont de manière objective attenté à l’intégrité physique du gardien lyonnais » . Le travail avait déjà été fait ou est en cours.
Le fait de rejouer un match interrompu est même plutôt une sage attitude, même si le huis clos semble donner à quelques perturbateurs irresponsables un pouvoir qu’il ne mérite pas ni probablement ne cherche.
Tout le monde se réjouira que le foot « reprenne ses droits » comme il est d’usage de le dire. Alors pourquoi le reste des acteurs concernés devrait-il perdre les siens ? Qu’est-ce qui peut justifier ou fonder d’accabler dans le même temps les Messins d’un retrait de trois points, dont un avec sursis, ce qui les renvoie encore davantage dans les affres de la probable relégation. La stupidité de ces deux supporters va déjà sûrement leur ôter le bénéfice d’une victoire en bonne voie au moment ou le goal des Gones a été touché (Metz menait 1-0 grâce à un but de Gauthier Hein au moment où le match a été arrêté).
Un contexte délicat
Le FCM se pose peut-être aussi facilement en « victime » . L’ambiance qui règne dans les gradins de Saint-Symphorien n’a rien de simple ni d’apaisé, les tensions entre les différents groupes d’ultras, et les factions d’indép’, sur fond de discordes politiques, ne font que dresser un constat plutôt triste. On doute cependant beaucoup que cela soit cette inquiétude, ou la volonté de secourir leurs confrères de L1, que les pontifes de la LFP aient eu en tête. À aucun moment, ils n’ont voulu s’attacher à la réalité de ce qui s’était passé et des responsabilités. La radicalité (au sens Fillon du terme) de la réponse découle d’abord de la volonté affirmée d’envoyer un signal fort après le « choc » des images, de l’émotion qu’elles avaient provoquée. Le contexte possède son importance aussi, avec en toile de fond des stades qui se remplissent difficilement (et Dieu sait qu’ils ont coûté cher aux contribuables), des droits TV qui doivent toujours être renégociés à la hausse, et enfin des supporters qui tentent de plus en plus de se faire entendre auprès des politiques face à la surdité des instances du football.
Deux poids deux mesures
Le choix de taper aussi lourdement sur un tel club (des troubles aussi graves ont déjà émaillé malheureusement les saisons précédentes, et évidemment, on ne parle pas du stuka en papier balancé sur Dupraz). Certes, souvent, auparavant, c’était entre supporters, et les risques retombaient sur le peuple des tribunes. Il y avait alors moins de motifs aux yeux de la LFP de « sévir » auprès du club, alors qu’ « il est intolérable qu’un acteur d’un match puisse être touché » , dixit Sébastien Deneux. Deux poids deux mesures… Surtout, à travers ces deux points, c’est une épée de Damoclès qui se balance au-dessus des « petits » clubs pros, les plus sujets il est vrai au vu de leur public et de la « vétusté » de leur installations à ce type de problèmes. Avec pour perspective qu’ils tendent à se rapprocher des critères « d’excellence » (regardez comment la question des stades et de leur habilitation, de Luzenac au Red Star, jouent comme variable d’ajustement) de ce fameux « big four » à la française en train d’apparaître. Au risque sinon, d’une manière ou d’une autre, d’être renvoyé de cette ligue fermée qui n’ose toujours pas dire son nom. Derrière le nuage de fumée des pétards, l’odeur des euros.
Par Nicolas Kssis-Martov