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- Metz-PSG (1-2)
Metz-PSG : Kylian Mbappé, le chambrage et l’amour
Pour être allé chambrer Alexandre Oukidja après le but de la victoire parisienne contre Metz, Kylian Mbappé s'est fait gentiment remonter les bretelles par Frédéric Antonetti, qui estime que le Parisien doit changer de comportement s'il veut être aimé. Drôle pour les uns, détestable pour les autres, l'attitude du champion du monde mercredi soir fait partie du foot. Reste cette question : l'attaquant de 22 ans a-t-il vraiment besoin d'être aimé de tous ?
Kylian Mbappé n’a pas marqué ni brillé mercredi soir, à Metz, mais il a quand même réussi à faire parler de lui. La scène s’est déroulée quelques secondes après le deuxième but d’Achraf Hakimi offrant la victoire à Paris dans le temps additionnel. Sur la route de la célébration collective parisienne, l’international français marque un arrêt devant le gardien Alexandre Oukidja, alors le nez dans la pelouse de Saint-Symphorien, pour lui glisser quelques mots dont eux seuls connaissent la teneur. Une attitude chambreuse suffisante pour chauffer le portier messin, qui s’est immédiatement relevé pour aller demander des comptes à son adversaire (qui avait failli le lober en voulant « rendre » le ballon à Metz dix minutes plus tôt, point de départ de la rivalité d’un soir) avant d’être éjecté par une poussette de Neymar.
En bon client habituel, Frédéric Antonetti a été interrogé sur cette séquence en conférence de presse après la défaite de son équipe. « Ça ne m’intéresse pas, ça, a commencé le Grenat avant de tout de même donner son avis. Kylian Mbappé aurait intérêt à avoir un autre comportement s’il veut être aimé. Tout simplement, point. J’adore ce joueur, j’adore, je trouve qu’il est très, très fort, mais il gagnerait à avoir un comportement un peu plus humble. » Mais celui que certains surnomment le TGV français a-t-il vraiment besoin d’être aimé par tout le monde pour avancer ?
Le chambrage, l’ADN du foot
Dans le cas du chambrage signé Mbappé, il y a deux manières de voir les choses. Certains diront que l’attaquant de 22 ans a fait ce que tout le monde a déjà fait sur un terrain de football, dans une cour de récré avec les copains, où chambrer l’adversaire fait plus qu’ailleurs partie du jeu. D’autres parleront de l’arrogance insupportable d’un champion du monde qui aurait pu s’abstenir de venir titiller le gardien de la lanterne rouge du championnat après un succès laborieusement arraché au bout du temps additionnel. Au fond, Mbappé a eu une réaction spontanée et naturelle, ce qui représente déjà beaucoup lorsque l’on connaît son désir de tout contrôler, tout calculer. C’est un retour à l’enfance, à l’adolescence, au « vrai foot » , celui auquel Mbappé devait jouer à l’époque avec son grand frère adoptif Jirès Kembo Ekoko, lui aussi connu pour être très chambreur sur un rectangle vert ou dans la vie de tous les jours. Ne lui enlevons pas ce qui le rapproche le plus de ceux qui sont installés en tribunes ou devant leur télévision.
Mbappé et l’amour du je
Au bout de cette soirée, les avis sur Mbappé n’auront pas changé. Son attitude moqueuse n’aura pas plu à Oukidja, à Antonetti, aux Messins en général, même à certains Parisiens, et n’aura pas non plus arrangé son cas auprès de ceux qui détestent le gamin de Bondy, pendant que ses adorateurs, ses fans applaudiront sa réaction. Kylian Mbappé n’a pas besoin d’être aimé par la terre entière, cela n’a jamais été nécessaire dans sa quête incessante de buts, de records et de titres. « Marque ! Mets des buts ! On ne retient que les buteurs », a-t-il un jour écrit au jeune Rayan Cherki, comme ce dernier l’a révélé dans un entretien à Onze Mondial. Le Parisien a une vision très égoïste de sa carrière, ce n’est pas nouveau et ça lui jouera sans doute des tours (comme cet été à l’Euro).
À froid, après cette victoire à Metz, Mbappé regrettera plutôt son match raté. Sans ses erreurs techniques dans les trente derniers mètres, le PSG n’aurait pas attendu le temps additionnel pour faire plier Metz. En ce qui concerne l’instant chambrage, il reste les paroles de Didier Deschamps au sortir du quart de finale remporté contre l’Uruguay au Mondial 2018 lors duquel Mbappé avait joué avec les nerfs adverses, cette fois à coups de dribbles : « Il doit faire attention à ne pas basculer. Se faire humilier, ce n’est jamais agréable, il ne faut pas aller à l’humiliation. Je lui ai dit : « Tu as de la chance que je ne sois pas ton adversaire parce que sinon je te chope, et crois-moi que je ne prends pas qu’un jaune ! » Ce sont des petits défauts, entre le spectacle et le manque de respect. L’adversaire peut l’interpréter comme du chambrage, il faut faire attention à ce genre de choses. » Heureusement, Didier Deschamps n’était pas un joueur du FC Metz mercredi soir.
Par Clément Gavard