- France
- Ligue 1
- 4e journée
- Metz/Lyon (1-2)
Metz enfonce Lyon
Lyon a ouvert le score, mais Lyon a encore perdu. Les Messins, tout en abnégation, ont gratté trois points déjà cruciaux pour le maintien.
Y. N’Gbakoto (81′), J. Falcon (84′) pour Metz , A. Lacazette (67′) pour Lyon.
Sous le soleil messin, comme quoi, le motif de ce début de match est simple. Lyon a la balle et joue dans le camp des locaux. Des Messins donc, qui s’appliquent alors à défendre, mais peinent à la sortie de balle, et plus encore à construire quoi que ce soit en attaque. Modibo Maïga va devoir attendre encore un peu avant de régaler le public de Saint-Symphorien, une fois de plus venu en masse. Sur une nouvelle perte de balle du milieu messin (Romain Rocchi cette fois), Jordan Ferri envoie Clinton Njie au un-contre-un, remporté par le petit frère Carrasso. Metz a eu chaud.
Le long de la vista de Sergey Krivets, le meneur biélorusse fraîchement arrivé de Borisov, les Grenats commencent à retrouver leurs couleurs. Petit piqué de Choplin pour N’Gbakoto, contrôle poitrine – retourné, au-dessus. Metz a des situations, mais ses attaquants préfèrent se compliquer la vie lors du dernier geste. Pourquoi pas. Le match s’est équilibré, un temps, car si Lyon réussit toujours aussi facilement à faire rentrer le FC Metz dans son camp, les contres messins sont plus tranchants. Bon, ce n’est pas encore le Real, mais y a du mieux, et de la pression sur les buts lyonnais.
Krivets rencontre la Ligue 1
Après, ça reste un match de Ligue 1 comme on les aime. À savoir de la sueur et des gnons, et des coups de savate de Gonalons. L’international est au centre du 4-3-3 lyonnais. Chien de garde devant sa défense, chargé de la première relance. Côté messin, Albert Cartier a comme à son habitude cette saison disposé ses hommes en 4-5-1 tendance 4-4-1-1. Car l’homme de base semble déjà être Krivets. Techniquement, le blondinet est au-dessus de ses coéquipiers. Déjà le nouveau joueur préféré de certains habitués des travées mosellanes. Et visiblement de ses coéquipiers, qui n’hésitent pas à le trouver et, dans la tradition locale, à mettre de l’intensité. De toute façon, cette saison, il n’y a que comme ça que les Messins s’en sortiront.
Mais ça ne suffit pas pour endiguer la motivation lyonnaise. La menace se rapproche sur cette frappe de Mvuemba, détournée en corner. On sent que Lyon n’a pas trop le choix ; une défaite de plus, qui plus est chez un promu promis à une difficile saison, serait une défaite de trop. Tant mieux pour les locaux, puisque Lyon a le ballon, mais s’emmêle dans la nervosité. Comme en témoigne ce dernier cafouillage, lors d’une action difficilement descriptible qui finira par un tir de Lacazette sur la barre. Mi-temps.
Centre de Kevin Lejeune au cordeau devant les buts d’Anthony Lopes (qui lui, n’est pas le frère de Jennifer), mais personne n’est là pour reprendre, hormis Gonalons pour dégager. La seconde mi-temps aurait pu reprendre de la meilleure des façons pour les Messins, mais il va falloir continuer à batailler. Les intentions sont là, c’est bien, mais Bussmann rate deux centres de suite, déjà moins. D’ailleurs, il se met à pleuvoir sur Saint-Symphorien.
Lyon qui marque
Histoire de ne pas non plus sombrer dans l’ennui, les deux entraîneurs envoient leurs remplaçants à l’échauffement. Du sang frais serait le bienvenu. Des idées, voire des envolées aussi. Au moins, autour du duo Rocchi – N’Daw, le FC Metz a réussi à limiter un peu les Lyonnais. À eux maintenant d’occuper le camp adverse et d’évoluer haut placés. En soi, les Messins ont inversé la tendance. Malheureusement, ce qui ne change pas, c’est le niveau d’imprécision, approximation ou confusion des offensives. Des centres foirés, des glissades, des frappes contrées, des passes tordues. Mais l’intention et l’engagement sont là, c’est déjà ça. C’est même l’essentiel pour les Messins. Manifestement, ce n’est pas au talent qu’ils conserveront leur place dans l’élite française. Maïga cède d’ailleurs sa place à Juan Falcon, le Vénézuélien au nom d’esthète.
Lyon, de son côté, n’est pas rassuré. Après s’être fait sortir de l’Europa League par des Roumains, les voilà dominés par des Mosellans. Comment tomber plus bas ? Comment se refaire surtout. Suite à une action litigieuse dans leur propre camp, les Gones se projettent, se retrouvent à 4 contre 2. Ils trouvent bien le moyen de tout faire capoter, mais la défense lorraine se quiche et Lacazette finit par conclure. À croire qu’il suffisait donc de laisser les Messins se découvrir.
Lyon qui craque
Réaction oblige, Albert Cartier fait entrer Federico Andrada, jeune flaco argentin en provenance de River Plate, excusez du peu, et Bouna Sarr. Match un peu particulier pour ce dernier : au centre de formation messin depuis ses 17 ans (il en a 22), il a été avant cela formé à l’Olympique lyonnais. Qui peut voir venir tant les offensives messines demeurent brouillonnes. Au moment où même les plus fervents supporters semblaient ne plus y croire, Jordan Ferri craque et fauche Bouna Sarr (hasard ou coaching scientifique ?) dans la surface. Pénalty pour Metz. Cette fois, contrairement au match à Montpellier, le FC Metz a le bon goût de ne pas le rater. N’Gbakoto transforme d’une minasse dans la lunette, comme à Call of Duty.
Lyon n’est donc vraiment pas rassuré. Metz, un peu. Ce match ressemble comme deux gouttes deux au précédent à Saint-Symphorien. Menés au score, les Messins ont réussi à recoller au score et gratter un point de suture vital dans la course à la montée. Mieux, sur un jeu en triangle Bouna Sarr, Lejeune, Falcon, ce dernier marque d’une tête plongeante dans les filets lyonnais. Metz s’est arraché pour passer devant, alors qu’on ne donnait pas cher de sa peau au moment de l’ouverture du score lyonnaise. Lyonnais qui enchaînent leur troisième défaite. Aulas appréciera. Metz encore plus. La différence avec le match contre Nantes est simple : en recrutant Krivets et Maïga, les Messins ont fait d’une pierre deux coups et se sont offert un banc. Les titulaires en attaque du match contre les Canaris sont ainsi les remplaçants du match d’aujourd’hui. Et ils ont fait la différence.
Toutefois, même s’il faut reconnaître leur courage et leur abnégation, les Messins n’ont pas vraiment régalé. Jouer avec sa bite et son couteau ne suffira pas toujours. Au moins les Messins, et Albert Cartier le premier, ont le mérite d’avoir compris qu’il s’agissait du minimum syndical. En général, jouer tout en abnégation cache quand même un manque de talent. L’occasion, pour finir en beauté, de citer un certain Charles Barkley : « Quand votre fils vous présente sa copine et que vous dites qu’elle a de la personnalité, ça signifie qu’elle est moche. Quand on dit qu’un basketteur travaille dur, c’est pareil. Ça veut dire qu’il n’a aucun talent. » Bonne soirée.
Par Simon Capelli-Welter