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Mettre de l’eau dans son Layvin
Ce mardi soir, le PSG passe un vrai match test en allant défier le Bayern Munich. L'occasion pour Layvin Kurzawa de faire taire les nombreuses mauvaises langues.
« RT pour Franck Dubosc, FAV pour Layvin Kurzawa » , « Xptdrrrrr kurzawa il s’est fait tourner il se rappel plus de son prénom là (sic) » , « Kurzawa est tellement nul défensivement c’est juste indigne d’un joueur du PSG… Je suis absolument abasourdi… » , « Je suis sûr tu met Cavani arrière gauche il et meilleur que Kurzawa … (sic) » Comme bon nombre des supporters parisiens et/ou twittos à la recherche du bon mot, Tom10_psg, yannoujr10, PrinceduParc et Mamoudou7519 livrent une analyse sans appel sur les prestations de Layvin Kurzawa : le latéral français est nul et indigne du grand PSG. Depuis le début de la saison, l’ancien Monégasque sert de punching-ball à la plupart des observateurs. Et ce, quelle que soit la performance qu’il présente. En attendant, il n’était pas sur le terrain samedi pour la première défaite du PSG à Strasbourg. Et en règle générale, non, Layvin Kurzawa ne mérite pas tout ça.
Sans arrêt pointé du doigt
Depuis le mois d’octobre 2014, et une célébration quelque peu maladroite et surtout un peu prématurée face à la Suède avec les Espoirs, une mauvaise image colle à la peau de Layvin Kurzawa. Alors qu’il n’y avait, à vrai dire, rien de bien méchant dans cette main collée sur le front. Depuis, chaque fait et geste du latéral français lui est reproché. Lorsqu’il devient le premier défenseur de l’histoire à inscrire un triplé dans un match de Ligue des champions, on lui reproche de célébrer ses buts de manière trop prétentieuse (un doigt sur la bouche pour dire « chut » à ses détracteurs, et un beau zouk avec le poteau de corner).
Apparemment, il doit se contenter d’encaisser et de la fermer même lorsqu’il réussit quelque chose de bien. Et lorsqu’il s’essaie à une nouvelle coupe de cheveux, certes d’un goût douteux, on lui reproche une excentricité mal placée compte tenu de ses performances sur le terrain. Comme s’il fallait un certain niveau pour arborer certaines coupes. Djibril Cissé, Taribo West ou encore Mario Balotelli s’assuraient-ils d’être irréprochables au moment d’aller faire n’importe quoi chez le coiffeur ? Pas sûr. La vérité, c’est que Layvin Kurzawa n’est pas un joueur lisse. Et dans un football de plus en plus aseptisé où on reproche d’être des clones dénaturés par les cours de communication, on n’a pas le droit de se plaindre de ce genre de comportements, pas forcément utiles, mais bien inoffensifs.
Un potentiel à exploiter
Alors oui, sur le terrain, Kurzawa présente quelques lacunes, notamment son manque de réussite sur les centres et ses largesses défensives. Contre le Luxembourg avec l’équipe de France, il a battu un record d’imprécision avec aucun centre réussi sur 17 tentatives. Mais combien de bons centres comptabilisés comme manqués si aucun partenaire n’est à la retombée ? En tout cas, il est totalement insensé de nier systématiquement ses qualités. Fort athlétiquement, contre-attaquant précieux, techniquement capable de belles choses et buteur, le natif de Fréjus a largement le potentiel pour devenir le défenseur latéral moderne que tous les gros clubs dominateurs recherchent. Il suffit de se souvenir de son passage à Monaco où, tranquillement dans son coin, il faisait des ravages. À Paris, réellement titulaire seulement depuis cette saison et la retraite de Maxwell, il doit adapter son jeu. Dans le couloir de Neymar – qui ne défend globalement jamais et qui finalement s’installe le plus clair de son temps en position de meneur de jeu –, il a la responsabilité de jouer à la fois milieu, ailier et défenseur gauche.
Le précédent Évra
Surtout que Blaise Matuidi n’est plus là pour compenser et qu’il est remplacé depuis quelques matchs par Julian Draxler, un attaquant de formation résolument plus joueur que Blaisou. Kurzawa se retrouve donc souvent à un contre deux pour défendre. Logique qu’il laisse énormément d’espaces dans son couloir, laissant l’impression qu’il en est souvent absent. De toute manière, ce n’est pas en lui tombant dessus à chaque match, même lorsque ça n’a pas forcément lieu d’être, que Layvin Kurzawa va pouvoir progresser. Même lorsque le PSG écrase un match, il y a toujours un paquet de petites brutes de cours de récréation qui viennent jouer les rabat-joie en expliquant que seul Kurzawa fait tache dans cette équipe. Un Kurzawa parfaitement intégré dans le vestiaire, apprécié de ses coéquipiers et solidement installé dans le groupe de Didier Deschamps en équipe de France. N’en déplaise aux supporters parisiens, le joueur de 25 ans est également pour l’instant indiscutable dans l’esprit d’Unai Emery, bien loin devant Yuri Berchiche. De toute manière, il sera plus judicieux d’attendre Kurzawa au tournant face à une équipe comme le Bayern face à Kimmich et Coman, que face à une équipe de Ligue 1 où il peut être happé par la soif offensive du PSG. Et mine de rien, il était loin d’avoir fait tache au match aller. La dernière fois qu’un latéral gauche français a été victime d’un acharnement disproportionné de la part de ses propres supporters, il s’agissait de Patrice Évra. A-t-on vraiment envie de voir Kurzawa tracter un 4×4 et aboyer qu’il reviendra plus fort ?
Par Kevin Charnay