- Europa League – Quarts de finale
- Sporting/Metalist Kharkiv
Metalist en fusion
Ce soir, le Sporting du Portugal, toujours victorieux à domicile, affronte le Metalist Kharkiv, invaincu à l’extérieur dans cette ligue Europa. Fin de série en perspective…
D’abord, il y a la composition de ce grand huit continental si différente de sa grande sœur aux grandes oreilles (qui par tradition condense le gratin). Il y a là le sub-top européen (Valence, lauréat de la C3 en 2004 ; Schalke 04 en 1997), les vieilles enseignes au passé prestigieux (l’Atletico vainqueur de la C2 en 1962, de la C3 en 2010 (1) ; le Sporting (finaliste de la coupe de l’UEFA en 2005 ; détenteur de la coupe des coupes 64), les intermittents du spectacle (l’Athletic Bilbao et l’AZ Alkmaar, respectivement finaliste de la coupe de l’UEFA 1977 et 1981) et puis il y a les deux incongruités de l’épreuve, le Hanovre 96 et le Metalist Kharkiv (2), rabaissées au rang de menu fretin et promis à l’appétit de l’Atlético pour les Allemands et du Sporting du Portugal pour les Ukrainiens. Sauf que…
Sauf que le dernier rafiot de la patrie de Sergueï Bubka à avoir frayé dans ces eaux, le Shakhtar Donetsk, était allé au bout, il y a trois ans, après un duel fratricide contre le Dynamo Kiev en demi-finale. Sauf que l’Ukraine oscille entre la septième et la huitième place au ranking européen des clubs depuis un lustre. Sauf que l’équipe de Lucescu plastronnait en ¼ de finale de la Champions la saison dernière (éliminée par le Barça). Sauf que le Metalist Kharkiv réalise un parcours quasi-parfait depuis août dernier : une seule défaite (à domicile au tour précédent contre l’Olympiakos) en douze matchs, cinq victoires et un nul à l’extérieur -seul Alkmaar, autre quart de finaliste, n’a pas succombé aux contres supersoniques des Zhovto-Soyni (Jaunes & Bleus). De fait, l’escouade entraînée par Myron Markevych est infiniment meilleure à l’extérieur -elle a notamment taillée en pièces les Red Bulls de Salzbourg en Autriche (4-0 ; 8/1 sur les deux matchs), la terrible armada qui a éliminé le PSG en poules). Comme le Sporting a fait le plein à domicile (six victoires), le match de ce soir verra s’interrompre une série…
Richert : « Ils nous ont punis »
« Après le nul de l’aller (0-0), on y croyait vraiment mais ils nous ont punis au retour (0-4),affirme pour sa part Teddy Richert, le gardien de Sochaux, éliminé par le Metalist au tour préliminaire.Ils ne paient pas de mine mais ils vont vite et sont incroyablement réalistes. Ils défendent bien et bas et modifient leur dispositif en fonction de la physionomie du match : 3-5-2 pu 4-4-2 ou encore 4-1-3-2. Et il y avait cet argentin Sosa qui dirigeait le jeu… » . Comme le Shakhtar, Kharkiv possède aussi sa propre collection printemps-été de joueurs sud-américains sauf que là les Argentins priment, ils sont six mais on trouve aussi trois brésiliens. José Ernesto Sosa, passé par le Bayern et Naples sans grande réussite, organise et régente la fluidité des Ukrainiens. Le meilleur passeur de l’épreuve donne du grain à moudre à Taison et à Jonathan Cristaldo, le tandem brésilo-argentin qui a contribué à faire du Metalist, la meilleure attaque de la compétition (25 buts)…
Bizarrement, les joueurs de Markevych sont fatigués. Le championnat n’a repris que depuis un mois, après une trêve de près de deux mois et demi. Le week-end dernier, Kharkiv a perdu pour la première fois à l’extérieur de la saison contre Arsenal Kiev (à l’exception d’un revers en coupe). « On n’y était pas du tout. Comme si les joueurs avaient la tête à Lisbonne, comme si nous ne nous étions pas remis des émotions d’Athènes (le Metalist a inscrit deux buts dans l’antre de l’Olympiakos dans les dernières minutes pour se qualifier en 1/8ème). On y a laissé beaucoup d’énergie. Au Portugal, on sera dans une autre logique » racontait samedi dernier le coach des Zhovto-Soyni. Déjà parce que le Metalist ne sera pas obligé, comme dans sa ligue domestique, d’aligner quatre ukrainiens (et trois sur le banc puisqu’il en faut en permanence quatre sur le pré)…
Troisième du championnat (deux défaites dont celle de samedi), à bonne distance des deux mastodontes, le Dynamo et le Shakhtar, Kharkiv devrait encore jouer la ligue Europa l’an prochain. Comme en Europe, le Metalist y brille à l’extérieur (7 victoires dont une à Donetsk, le seul revers des coéquipiers d’Eduardo) et on serait à la place des Portugais, on se méfierait. Toutes les séries ont une fin. Le Metalist l’a appris à ses dépens samedi dernier. Et le Sporting ?
(1) L’Atletico a presque tout gagné : C2 1962, C3 2010, supercoupe de l’UEFA 2010, Intercontinentale 74 (sans jamais avoir gagné la C1).
(2) : Kharkiv c’est en ukrainien, Kharkov en…russe.
Par Rico Rizzitelli